samedi 12 août 2017

Une Semaine en Centrisme. Les 45% des Américains qui se disent «independents», sont-ils centristes?

Selon un sondage de l’institut Gallup, 45% des Américains se disent «independents» tandis que 28% se disent démocrates et 25% républicains.
S’agit-il de dire que 45% des sondés se réclament du Centre alors que 28% seraient de gauche et 25% de droite?
C’est en tout cas ce que croient les initiateurs du Centrist project dont le but est de présenter partout des candidats «independents» pour casser l’emprise des deux grands partis sur la vie politique des Etats-Unis.
Néanmoins, ce résultat est nettement moins tranché que ce qu’ils affirment.
D’abord sur la qualification d’«independent».
Celle-ci qualifie ceux qui ne se reconnaissent dans aucun des partis dominants, le Parti républicain et le Parti démocrate qui rythment la vie politique américaine depuis les années 1850 (auparavant il s’agissait du Parti whig face aux démocrates).
Pour autant, d’une part, les «independents» peuvent être plus à gauche que les démocrates et plus à droite que les républicains.
Il ne s’agit nullement d’une catégorie homogène de modérés, même s’il y en a beaucoup dans cette catégorie, mais avant tout d’une dénomination de ceux qui ne veulent pas être associés aux républicains et aux démocrates pour des raisons diverses et variées.
D’autre part, il y a, chez ceux qui se disent démocrates (surtout) ou républicains (un peu), des réels centristes puisque, rappelons-le, les deux grands partis couvrent chacun tout le spectre d’un des deux côtés de l’échiquier politique allant des extrêmes aux modérés.
Il y a donc beaucoup d’électeurs centristes au Parti démocrate (plutôt de centre-gauche) et au Parti républicain (plutôt de centre-droit).
Ainsi, il convient de ne pas oublier que les deux derniers présidents démocrates, Bill Clinton et Barack Obama, étaient de vrais centristes, tout comme l’était la dernière candidate du Parti démocrate, Hillary Clinton.
D’ailleurs, actuellement, le Parti démocrate demeure une formation de centre-gauche avec un courant social-démocrate minoritaire alors que le Parti républicain est devenu un parti de droite radicale n’ayant plus en son sein qu’une poignée de personnalités de centre-droit.
Le problème avec toutes les initiatives «centristes» comme le Centrist project, c’est qu’elles renvoient les démocrates et les républicains dos à dos alors même que les premiers sont beaucoup plus proches du Centre que les seconds.
Dès lors, leurs initiatives penchent le plus souvent à droite et non plus au centre de l’échiquier politique.
Quant à savoir si les Américains sont prêts à se passer des deux grands partis, la réponse n’est pas aussi simple qu’un autre pourcentage révélé par le sondage Gallup le laisserait croire où 57% d’entre eux affirment qu’il faut une alternative à ceux-ci au pouvoir.
Car, aujourd’hui, seuls deux sénateurs se revendiquent «independents», dont le socialiste Bernie Sanders et aucun représentant.
Même si ce constat doit être tempéré par le fait que les candidatures «independents» sont nettement plus rares lors d’un scrutin et ont souvent plus de mal à avoir une exposition médiatique suffisante, les électeurs ont plus tendance à voter pour les candidats des deux grands partis et donc à leur faire confiance au moment du vote et à avoir une bonne opinion d’eux.
Ainsi, il y a une grande différence entre les candidats démocrates et républicains qui, au niveau local de leurs circonscriptions, sont généralement appréciés de leurs électeurs – ce qui permet à une large majorité d’entre eux d’être facilement réélus – et la défiance exprimée au niveau national pour les deux formations qu’ils représentent…
Reste que des organisations comme le Centrist project ont raison de pointer du doigt la paralysie actuelle du système où les deux partis se neutralisent au lieu de trouver des consensus pour gouverner ce qui était jusqu’à la fin du XX° siècle une pratique courante aux Etats-Unis.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


Actualités du Centre. Le MoDem tenté de profiter des difficultés de LREM

François Bayrou
Alors que le Mouvement démocrate doit digérer les vents contraires qui se sont abattus sur ses épaules depuis l’élection d’Emmanuel Macron avec la disgrâce actuelle de son chef, François Bayrou, dont l’activisme en faveur de sa personne ainsi que les problèmes concernant son fonctionnement, la formation centriste voit, dans les difficultés – réelles ou supposées – de LREM un moyen de pouvoir rebondir.
Victime, au même titre que le président de la république, d’un véritable bashing dans la presse et d’une impatience de l’opinion publique, La République en marche semble actuellement fragiliser à l’issu de la première session parlementaire et avant la rentrée politique de la fin du mois.
Assez discret jusqu’à présent à l’image de leur président qui n’a pas donné la moindre interview dans la presse depuis le mois de juin, les responsables et les députés du Mouvement démocrate commencent à parler dans les médias et à distiller quelques indiscrétions et piques envers les macronistes afin de se replacer au cœur de la majorité présidentielle.
Au même titre que sa sœur ennemie, l’UDI, qui compte sur un manque de liant et de cohérence de LREM pour débaucher certains de ses membres et se poser en formation principale de l’espace centriste, le MoDem estime que son ancienneté et sa plus grande cohésion notamment en matière politique mais aussi dans sa fidélité à Bayrou lui donnent la capacité de revenir au premier plan, voire de supplanter le parti présidentiel.
Reste que le pari est risqué parce que, d’une part, les responsables de LREM ont été très agacés de la manière dont s’est comporté François Bayrou après la victoire d’Emmanuel Macron en s’en attribuant largement le mérite et, d’autre part, parce que le parti centriste a été très fragilisé par les affaires en cours alors même que son image de marque principale était l’honnêteté.
Dès lors, la séquence actuelle n’est peut-être qu’une mauvaise passe pour LREM et, une fois une dynamique retrouvée, le retour de bâton pourrait être particulièrement musclé pour le MoDem qui pourrait avoir beaucoup à perdre s’il apparaissait avoir voulu profiter de la situation délicate de son alliée.