Par Aris de Hesselin
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Emmanuel Macron & Donald Trump |
C’est dit, Emmanuel Macron est l’ami de Donald Trump.
Le président de la république le dit et le redit partout.
Mais cette amitié n’est-elle pas un moyen pour Emmanuel
Macron de s’affirmer sur la scène internationale et dans un même mouvement de s’imposer
comme une des personnalités centrales du concert des nations?
Cela en a tout l’air.
Car, rappelons-nous, il n’y a pas si longtemps, ce jour où
Macron ressemblait à un petit garçon qui vient d’avoir sa friandise préférée,
ce jour où Barack Obama – qu’il avait sollicité – s’était déclaré en sa faveur
pour la présidentielle.
Obama, l’homme haï par Trump.
Et rappelons-nous aussi toutes les critiques dures et sans
concession que le même Macron adressé au milliardaire newyorkais.
Alors, y a-t-il eu une révélation lors de leur première
rencontre et de leur serrement de main si long et si intense (qu’ils ont
reproduit ce 14 juillet pendant 30 secondes!).
Ou le Français se sert-il de l’Américain comme d’un
marchepied…
Si l’on privilégie cette seconde thèse, elle semble tout à
fait plausible.
Emmanuel Macron a certainement une certaine admiration pour
Donald Trump mais celle-ci se cantonne à la capacité que le promoteur américain
a eu de se faire élire en déjouant tous les pronostics, exactement ce qui s’est
passé pour lui en France.
Mais tout le reste les oppose.
Le projet macronien est complètement différent de l’agir
trumpien.
Européen, multilatéraliste, humaniste, croyant en la
capacité de l’individu, Macron le centriste représente une vision d’espoir là
où Trump de populiste démagogue est venu parler d’apocalypse à ses concitoyens.
Prônant une société d’ouverture, le président français est
un adversaire du repli sur soi que promeut à tout-va le président américain.
Oui mais voilà, les Etats-Unis sont la première puissance
mondiale avec ou sans Trump.
Et ce dernier est bien le chef de ce pays, donc le
personnage le plus puissant de la planète qu’on s’en réjouisse ou non.
En le recevant, en lui parlant, en lui donnant l’accolade,
en le considérant comme un ami, Macron s’élève à son niveau, non pas celui de l’homme
mais celui de sa fonction.
En se présentant comme son égal en terme politique, il prend
une stature supplémentaire et, dans le même temps, installe à ses côtés celui
qui est, de par sa fonction, beaucoup plus puissant que lui.
C’est bien joué.
Est-ce que cela peut durer longtemps?
La France n’est pas les Etats-Unis.
Elle est une puissance moyenne et plus une grande puissance.
Peut-être qu’Emmanuel Macron réussira à lui donner une aura
qui dépasse sa force économique, militaire et diplomatique.
Pour l’instant, en tout cas, ça marche.
Peut-être qu’il pourra installer un soft-power français
respecté et respectable qui deviendra emblématique et un modèle à imiter.
Mais cela n’est pas gagné, loin de là.
D’autant que d’avoir Trump comme «ami» vous expose à bien
des dangers, surtout ceux qui viennent de ce cher et imprévisible Donald.
Reste, in fine, que cette thèse a aussi un avantage pour
ceux qui ont de la sympathie pour Emmanuel Macron, de croire que ses valeurs ne
sont pas celle de Donald Trump.
Néanmoins, rien n’est sûr à 100% si l’on se réfère seulement
à ce qu’ils nous montrent à la télévision.
Aris de Hesselin