Certes, il y a eu parfois de l’emphase et une rhétorique de
khâgneux (avec le fameux plan en trois parties!).
Certes, il y a eu quelques envolées lyriques un peu ampoulées.
Certes, il y a eu certaines ambiguïtés populistes.
Certes, l’aversion pour le mot «réforme» auquel est préféré
«transformation» (qui sont pourtant assez proches) et surtout «révolution» manifeste
plus de l’exagération démonstrative qu’une volonté de nommer raisonnablement le
réel et le possible.
Reste que le discours qu’Emmanuel Macron a prononcé lors de
la réunion du Congrès à Versailles le 3 juillet 2017 était, non seulement
brillant et puissant mais est fondateur d’une vision pour l’action politique
nécessaire des années à venir.
Un discours aux bases centristes évidentes, dégageant cette
proposition humaniste qu’une société tire sa légitimité de son devoir de
permettre à chacun de se réaliser le plus et le mieux possible sans oublier
l’autre dans le cadre de la liberté, d’une égale opportunité des chances, dans
le respect, la solidarité et la tolérance.
Un discours que tout centriste peut et doit s’approprier, en
tout cas soutenir.
Un discours qu’il convient de bien lire et relire mais dont
je voudrais prendre quelques extraits pour étayer mon propos.
Le premier a pour sujet l’humanisme si cher aux centristes
et est sans ambiguïté sur le fondement du projet d’Emmanuel Macron.
«La seule cause qui vaille, explique-t-il, une cause à
laquelle le nom de la France est attaché depuis bien longtemps. Et cette cause
est la cause de l’homme».
Le deuxième est naturellement celui qui affirme que son
projet est «la recherche d’une liberté forte».
«En matière économique, sociale, territoriale, culturelle,
déclare-t-il, notre devoir est d’émanciper nos concitoyens. C’est-à-dire leur
permettre de ne pas subir leur vie mais bien d’être en situation de la choisir».
Mais pas de liberté sans autonomie de l’être humain.
Donc, «tout sera fait pour rendre aux Français cette
autonomie qu’on leur a disputée puis confisquée. Redonner sa place à
l’intelligence française, c’est permettre à chacun, à chaque territoire, à ceux
qui se sentent déclassés, de réussir, de s’engager».
Le quatrième est au cœur du Centrisme, c’est-à-dire dans la
recherche constante du juste équilibre.
«Redonner sa place à l’intelligence française, affirme-t-il,
c’est faire de notre pays le centre d’un nouveau projet humaniste pour le
monde. Le lieu où se concevra et se créera une société qui retrouve ses
équilibres».
Le cinquième parle d’un monde de paix et de progrès qui ne
se détourne nullement de la modernité mais qui la conduit sur le chemin de
l’humanisme:
«Les défis de la modernité ont ceci de commun qu’ils
dépassent nos frontières nationales mais requièrent, pour être affrontés, une
vision commune du monde et de l’homme, une vision trempée aux mêmes sources,
forgée par les mêmes épreuves. Ces défis sont la transition écologique, qui
refonde le rapport de l’homme et de la nature; la transition numérique, qui
réécrit les règles sociales et nous oblige à réinventer ce droit continental où
depuis tant de siècles nous avons voulu que la norme respecte l’homme; c’est
enfin le défi de l’humanisme contemporain face aux dangers du fanatisme, du
terrorisme, de la guerre, auquel nous répondrons par une Défense plus
européenne en cours d’édification, mais aussi par une Europe de la culture et
de l’innovation. La paix n’est pas seulement le socle de l’Europe, elle en est
en l’idéal, toujours à promouvoir, ici et dans le monde.»
Enfin, le sixième introduit cette nécessité d’appliquer
vraiment ce que l’on dit et non de faire des principes et des valeurs, des
références sans aucun lien avec la réalité de l’exercice du pouvoir, ce «parler
vrai» qui n’est utile que s’il est également un «agir vrai» auquel les
centristes sont si attachés.
«Le peuple français ne nous demande pas seulement de
l’efficacité. L’efficacité est un instrument, et puis on peut être tout à fait
efficace au service d’une mauvaise cause. Il nous demande ce que la philosophe
Simone Weil appelait l’effectivité. C’est-à- dire l’application concrète,
tangible, visible, des principes qui nous guident. Le refus d’être pris en
défaut, et de clamer des principes dont nous ne poursuivons pas sans relâche
l’application. Le principe d’effectivité, c’est d’abord, pour vous, pour moi,
pour le gouvernement, de ne jamais cesser de se demander si nous sommes en
pratique fidèle à nos principes, c’est-à- dire d’abord à la liberté, à
l’égalité, à la fraternité.»
Oui, si la pratique suit le discours, la transformation
macronienne de la société française sera en marche vers cet humanisme intégral
qui est la lutte non seulement incontournable et essentiel mais impérative du
Centrisme.
Et oui, si c’est le cas, chaque centriste doit soutenir ce
projet pour être fidèle à son engagement politique.