Emmanuel Macron au Conseil européen |
Une des grandes convergences entre le Centrisme et la
macronisme est la vision identique qu’ils partagent sur une Union européenne
humaniste et progressiste en route vers une intégration fédéraliste.
Dans une interview accordée à plusieurs quotidiens européens
dont Le Figaro en France, Emmanuel Macron a eu l’occasion, juste avant le Conseil
de l’UE qui se tient hier et aujourd’hui à Bruxelles, de préciser son projet
européen que tout centriste pourrait faire sien.
Lors de cet entretien le Président de la république dit des
paroles fortes, affirmant que «l'Europe n'est pas un supermarché» mais «un
destin commun».
Selon lui «elle s'affaiblit quand elle accepte qu'on rejette
ses principes» sur lesquels il déclare qu’il ne transigera pas ainsi que «sur
les principes de l'Europe, sur la solidarité et sur les valeurs démocratiques».
Car, prévient-il «si l'Europe accepte cela, c'est qu'elle
est faible et qu'elle a déjà disparu» et que «ce n'est pas mon choix».
De même, il estime que «si nous n'avons pas conscience du
défi qui est le nôtre, nous pouvons continuer à passer des nuits entières à
nous interroger sur l'endroit où se trouvera la prochaine agence européenne ou
la manière dont sera dépensé tel ou tel budget» avec ce danger que «nous nous
placerions alors hors de l'Histoire».
En outre, il se livre a une explication de la situation
actuelle de l’Union européenne et de ses difficultés mais aussi de ce qu’elle
représente et des défis qui sont devant elle:
«La vraie question est celle de l'objectif de notre action.
Et le point de départ, c'est la crise que traversent les démocraties
occidentales. Elles se sont construites au XVIII° siècle sur un équilibre
inédit entre la défense des libertés individuelles, la démocratie politique et
la mise en place des économies de marché. Un cycle vertueux a permis aux
libertés individuelles d'être reconnues, au progrès social de se développer et
aux classes moyennes d'avoir une perspective de progrès. Depuis la fin des
Trente Glorieuses, le doute s'est installé. La France en a fait la cruelle
expérience, elle qui avait sans doute le modèle social le plus élaboré. Quand
nous regardons la planète, aujourd'hui, que voyons-nous? Une montée des
démocraties illibérales et des extrêmes en Europe, la réémergence de régimes
autoritaires qui mettent en cause la vitalité démocratique, et des États-Unis
d'Amérique qui se retirent en partie du monde. Ce contexte est aggravé par une
montée des incertitudes et des troubles. Les crises se multiplient au
Moyen-Orient et dans le Golfe, les inégalités s'aggravent partout dans le
monde.
Ceux qui pensent que la lutte contre le climat est une lubie
de bobos se trompent profondément.»
Les instabilités «n'ont pas une cause unique. Elles sont
issues pour partie des inégalités profondes engendrées par l'ordre mondial et
du terrorisme islamiste. A ces déséquilibres s'ajoute celui du climat. Ceux qui
pensent que la lutte contre le climat est une lubie de bobos se trompent
profondément. La question première (…) est d'abord de savoir comment défendre
notre bien commun à tous, c'est-à-dire la liberté et la démocratie, la capacité
des individus et de nos sociétés à être autonomes, à rester libres, à assurer
la justice sociale et à préserver notre planète à travers le climat.
Sans ces biens communs, il n'y a pas d'avenir souhaitable ni
durable. Notre défi est de savoir comment nous allons gagner cette bataille
dont l'Europe, j'en suis convaincu, porte la responsabilité. Pourquoi? Parce
que la démocratie est née sur ce continent. Les États-Unis d'Amérique aiment
autant que nous la liberté. Mais ils n'ont pas notre goût pour la justice.
L'Europe est le seul endroit au monde où les libertés individuelles, l'esprit
de démocratie et la justice sociale se sont mariés à ce point. La question est
donc la suivante: l'Europe va-t-elle réussir à défendre ses valeurs profondes,
dont elle a irrigué le monde pendant des décennies, ou va-t-elle s'effacer
devant la montée des démocraties illibérales et des régimes autoritaires?»