Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
François Bayrou |
On croyait qu’il était l’ami des médias, on se rend compte
qu’ils se servaient autant de lui que lui se servait d’eux.
L’affaire des attachés parlementaires européens du MoDem a
montré avec éclat tout le ras-le-bol que François Bayrou avait accumulé dans le
monde médiatico-politique.
Et c’est maintenant la curée, tout aussi injuste qu’avait
été une mise en avant démesurée que rien ne justifiait depuis la campagne
présidentielle de 2007 (Bien avant les résultats du premier tour).
On a vu pratiquement aucune personnalité politique prendre la
défense du centriste pendant que les journalistes désormais se lâchent en
public ou par des confidences distillées sur son comportement, ses abus divers
et variés, sa personnalité pour le moins difficile.
Vrai ou faux, tout ce déballage montre qu’il n’était pas
aimé, voire, plus grave, peu respecté par ce monde médiatique dont il avait
tant besoin pour exister.
Alors, pourquoi le retrouvait-on constamment sur les
plateaux de télévision, au micro des radios et dans les colonnes de la presse
écrite?
Pourquoi avait-il antenne ouverte dans la plupart des
médias?
Parce qu’il était un «bon client» et qu’il critiquait tout
le monde.
Un média de droite pouvait l’utiliser pour critiquer la
gauche et inversement.
Un média populiste pouvait l’utiliser pour critiquer toute
la «classe politique».
De plus, il pouvait être un trublion dans ce jeu de
bipartisme entre la Droite et la Gauche qu’avait, parait-il, installé pour l’éternité
la Constitution de la V° République, trublion peu dangereux puisque justement
la porte du pouvoir lui semblait fermée ad vitam aeternam.
Et puis, à la grande surprise de tous, il a connu son «revival».
Une résurrection politique qui s’est faite, encore une fois,
grâce aux médias.
Mais ces derniers n’avaient absolument pas prévu qu’il s’installerait
au pouvoir.
Oh! pas comme président de la république à son grand dam
mais tout de même comme ministre de la Justice.
Cependant, il n’a pas compris que le jeu médiatique à son
encontre avait changé.
Il était dorénavant un représentant du pouvoir institué.
Au lieu de choisir une certaine réserve qui l’aurait
peut-être préservé, il n’a pu s’empêché de continuer à en faire trop, à se
croire le faiseur de roi, à se comporter comme un vice-président et à se
présenter comme l’autorité morale de la politique.
Là, c’en était trop pour des journalistes qui en l’utilisant
avaient du, en même temps, être constamment sous le feu de ses critiques, de
ses appels téléphoniques, de sa volonté d’être au centre du jeu politique.
Alors, dès que l’affaire des attachés parlementaires
européens à éclater, les médias n’ont eu aucune retenue, balayant Bayrou en quelques
jours et le contraignant à quitter les feux de la rampe médiatico-politique.
Est-ce la fin pour lui?
Bien malin qui pourrait le dire au vu de son parcours mais
aussi de cette faculté qu’à la politique de mettre sous terre un de ses
représentants avant de le mettre au pinacle.
Ce qui est certain, c’est qu’il n’a rien vu venir, pensant
que ses «amis» journalistes ne l’assassineraient pas.
Mais son hubris l’a trahi.
Et François Bayrou boira le calice jusqu’à la lie.
Lui, le chouchou des sondages et des baromètres de
popularité pendant des années, ne voilà-t-il pas que, selon une enquête Odoxa
pour Franceinfo et Le Figaro, 81% des Français (79% des sympathisants d’En
marche!) sont contents qu’il ait quitté le gouvernement…
Huit Français sur dix, ce n’est pas rien.
Sans doute trouve-t-on dans ces Français, les sympathisants
de Sarkozy, les sympathisants de Fillon, les sympathisants de Juppé, les sympathisants
de Hollande, les sympathisants de Borloo, les sympathisants de Chirac, les sympathisants
de Veil, les sympathisants de tous les hommes et les femmes politiques qu’un
jour Bayrou a soit critiqués, soit trahis, soit s’est servi d’eux pour son
ambition politique.
Jean-François Borrou