Je ne croyais pas pouvoir écrire un éditorial avec un tel
titre avant bien longtemps, voire peut-être jamais…
Oui, évidemment, on pouvait constater ces deux dernières
années que les idées et les valeurs centristes étaient souvent majoritaires
dans la population.
De même, j’ai souvent expliqué que face à la montée des
populismes extrémistes, il y avait un axe central regroupant tous les
humanistes progressistes et réformistes qui était, sur le papier, majoritaire.
Cependant, les réflexes des électeurs encore attachés à un
camp de droite ou de gauche plus fantasmés que réels, surtout ne correspondant
plus à leurs attentes (certains étant plus radicaux et d’autres plus modérés)
ainsi qu’un paysage politique bloqué par les appartenances partisanes ne
démontraient pas une recomposition en cours et, surtout, qu’un bouleversement
allait se produire aussi vite.
Et pourtant, en ce 19 juin 2017, c’est bien le Centre qui
est au pouvoir en France!
Et ce avec une incroyable séquence qui commence le 6 avril
2016, soit il y a juste un an, avec la création d’En marche!, qui continue le
16 novembre 2016 avec la candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle, qui
connait une première apothéose le 7 mai avec l’élection de ce dernier à
l’Elysée et qui en connait une deuxième avec, ce 18 juin, une majorité absolue
à l’Assemblée nationale pour La République en marche.
Il n’a fallu que sept mois – le jour où Macron décide d’y
aller – pour que le Centre et le Centrisme, victimes éternelles d’un monde
politique bloqué et de règles électorales défavorables, se transforment en
vainqueurs incontestables avec 66% des suffrages à la présidentielle et 350
députés aux législatives.
Même si les circonstances étaient favorables, même si, comme
je l’ai dit plus haut, les idées et les valeurs centristes ainsi que l’axe
central étaient au cœur d’une refondation du politique, l’installation du
Centre au pouvoir est tout simplement historique.
Bien entendu, certains vont chipoter en expliquant
qu’Emmanuel Macron ne s’est jamais défini comme centriste et que, dans le
mouvement de La République en marche, beaucoup de nouveaux députés ne sont pas
centristes non plus.
Cependant, comme je l’ai démontré mais comme l’ont dit et
écrit de nombreux politistes et politologues, le positionnement du nouveau
président de la république est éminemment centriste et une majorité des députés
de LREM le sont également, même s’ils préfèrent parfois d’autres étiquettes.
On passera sur la chance qui aurait été la principale
explication de la victoire d’Emmanuel Macron selon ses adversaires qui sont
encore groggys de ce qui leur ait arrivés, puisque toutes les élections
présidentielles, comme je l’ai expliqué par ailleurs, ont été des «coups de
chance» si l’on prend les circonstances de l’élection et les événements avant
et pendant la campagne, voire simplement la présence à tel moment de telle
personne et à son passé.
Mais, comme je l’ai souvent affirmé également, Le Centre et
le Centrisme au pouvoir doivent servir à quelque chose et ce quelque chose est
de réformer la société pour qu’elle devienne plus juste et plus équilibrée,
qu’elle donne plus de liberté, qu’elle mette le respect au centre de son
fonctionnement, qu’elle libère les énergies et qu’elle prépare l’avenir tout en
construisant quotidiennement le présent.
La victoire électorale pour la victoire n’a aucun sens en
politique, elle doit servir à ce progrès qui doit permettre à tous de vivre
bien, individuellement (réalisation de soi et de ses proches) et collectivement
(bien vivre ensemble).