Depuis 1972 et sa scission sur fond de divergences
concernant le programme commun de la Gauche, la réunification du Parti radical,
«le plus vieux parti de France» va-t-elle réellement se produire sous l’ère
Macron?
C’est en tout cas ce qu’affirment les deux formations qui
prétendent le représenter, le Parti radical et le Parti des radicaux de gauche.
Le premier, que l’on appelle également le Parti radical
«valoisien» parce qu’il a gardé le siège social du parti rue de Valois à Paris,
a navigué depuis cette date dans les différentes majorités de droite, plus
souvent à droite qu’au centre de l’échiquier politique (et a été un membre de l’UDF puis de l’UMP)
avant de se fixer au centre-droit lors de la constitution de l’UDI par son
ex-président, Jean-Louis Borloo.
Le second, signataire du Programme commun avec le PS et le
PC, s’est retrouvé le plus souvent comme un simple appendice du Parti
socialiste, tentant d’occuper le créneau du centre-gauche avec plus ou moins de
succès mais gardant des bastions électoraux dans le Sud-ouest pendant
longtemps.
Aujourd’hui, les deux partis ne comptent qu’une poignée de
députés et de sénateurs mais ont réussi malgré tous les vents contraires à
faire vivre l’héritage radical fait d’un républicanisme fort et une laïcité
intransigeante.
Leurs différences ont souvent été plus des questions de
personnes que de positionnement politiques et, surtout, de survie électorale,
les radicaux «valoisien» ayant besoin des voix de droite pour faire élire leurs
députés et les radicaux de gauche, des voix de gauche.
Ce sont les deux raisons essentielles qui ont empêché une
réunification souvent évoquée avec rencontres entre des délégations des deux
partis qui n’ont jamais abouti à mettre en place un processus de rapprochement.
D’ailleurs, la dernière campagne présidentielle a été assez
claire sur les voies parallèles empruntées par les deux partis radicaux, l’une
du côté de LR avec soutien à François Fillon, l’autre du côté du PS avec
soutien à Benoît Hamon.
Pour autant, des craquelures se sont faites jour d’un côté
comme de l’autre avec nombre de radicaux qui ont rejoint le camp d’Emmanuel
Macron.
Néanmoins, si le PRG a sauté le pas en entrant au
gouvernement d’Edouard Philippe où il détient deux postes de ministre, le Parti
radical n’a pas suivi, englué dans son alliance avec LR et dans une frilosité
de son président Laurent Hénart qui doit également tenir compte des divergences
de vues sur le sujet entre ses élus.
Pourtant, après la défaite d’Alain Juppé à la primaire de
LR, ce même Hénart avait, dans un premier temps, prêché pour un rapprochement
de l’UDI avec Emmanuel Macron avant que Jean-Christophe Lagarde, le président
de la confédération centriste ne ferme la porte à double-tour.
Mais l’élection de Macron a rabattu les cartes avec ce
positionnement centriste «ni gauche, ni droite» et cette majorité «et de droite,
et de gauche».
Validé par les Français lors du premier tous des élections
législatives par une victoire de La République en marche, cette refondation du
paysage politique devrait l’être une nouvelle fois lors du second tour de ce
dimanche.
Dès lors, la séparation en deux du radicalisme devient une
curiosité et une anomalie alors que naît concrètement l’axe central réunissant
les humanistes progressistes et réformistes de droite, de gauche et du Centre.
Cependant, rien ne dit que la réunification du Pari radical aboutira
car les habitudes prises depuis quarante-cinq ans sont fortes, voire lourdes,
et il n’est pas sûr que les deux partis actuels et leurs directions veuillent
vraiment abandonner leur indépendance.
Peut-être que la menace d’une disparition du fait du
positionnement de La République en marche qui pourrait absorber les deux
électorats sera le déclenchement d’une fusion.
Toujours est-il qu’après le premier tour des législatives,
le PRG avait publié un communiqué dans lequel il déclarait que «le Bureau
national du PRG, dans le cadre de la recomposition politique qui s’impose à
tous pour offrir aux Français un renouvellement des méthodes et une cohérence
des projets, a validé la poursuite des discussions en faveur d’une
réunification des Radicaux de gauche et des Radicaux valoisiens pour bâtir un
nouveau parti de centre républicain, laïque, progressiste, solidaire et
pro-européen».
De son côté, Laurent Hénart y avait répondu en affirmant qu’«Il
faut qu’avant la fin de l’année on puisse avoir réglé cette affaire et
reconstitué un grand parti radical. Il faudra que ce soit une formation politique
exemplaire, impliquer les militants, utiliser à fond les réseaux sociaux, être
dans la parité, le renouvellement».
Mais, toujours dans sa difficulté à prendre des décisions
claires, il a également publié un communiqué où il se pose en opposant «constructif»
à Emmanuel Macron, tout en estimant que l’UDI peut être le lieu d’une réunion
entre les deux partis radicaux, tout en expliquant que cette dernière doit être
actée par un congrès dès cette automne en déclarant au site internet de Public
Sénat qu’«il faut rapidement faire la maison commune et rendre les choses
irréversibles et acter le fait qu’il n’y a plus qu’une seule maison»…