samedi 10 juin 2017

Actualités du Centre. Les sympathisants UDI plus conservateurs que ceux du MoDem et d’En marche!

Selon les résultats d’un sondage Ipsos les sympathisants UDI sont plus conservateurs que ceux du MoDem ainsi que de ceux d’En marche! en matière sociétal.
En revanche, en matière économique ils se rapprochent des sympathisants d’En marche! par le libéralisme qui est moindre chez ceux du MoDem.
De même, les sympathisants MoDem sont plus sociaux que ceux de l’UDI.
Sans doute faut-il voir là une plus grande tradition démocrate chrétienne chez les sympathisants MoDem alors que ceux de l’UDI viennent se rattachent plutôt aux traditions libérales et radicales.
Des sympathisants UDI qui, sur certaines problématiques, se révèlent nettement plus proches de ceux de LR que de ceux du MoDem.
Si l’on voulait schématiser, on dirait que le MoDem et En marche! représentent un Centre qui pencherait un peu à gauche et que l’UDI représente le centre-droit.
A noter que les sympathisants d’En marche! sont les plus européens.

Voici les affirmations proposées aux sondés avec le pourcentage de ceux qui sont d’accord avec celles-ci:

- L'homosexualité est une manière acceptable de vivre sa sexualité
Sympathisants MoDem: 77%; sympathisants UDI 61%
Sympathisants En marche: 83%
Ensemble des Français: 71% (opinions extrêmes: sympathisants Debout le France: 55%; sympathisants EELV: 87%)

- De nos jours les parents n'ont plus aucune autorité
Sympathisants MoDem: 54%; sympathisants UDI 63%
Sympathisants En marche: 56%
Ensemble des Français: 61% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 80%; sympathisants PC: 42%)

- Pour faire face aux difficultés économiques, l'Etat doit faire confiance aux entreprises et leur donner plus de liberté
Sympathisants MoDem: 68%; sympathisants UDI 80%
Sympathisants En marche: 78%
Ensemble des Français: 58% (opinions extrêmes: sympathisants LR: 83%; sympathisants FI: 24%)

- L'islam est une menace pour l'occident
Sympathisants MoDem: 46%; sympathisants UDI 61%
Sympathisants En marche: 40%
Ensemble des Français: 56% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 89%; sympathisants EELV: 28%)

- Les enfants d'immigrés nés en France sont des Français comme les autres
Sympathisants MoDem: 70%; sympathisants UDI 58%
Sympathisants En marche: 74%
Ensemble des Français: 58% (opinions extrêmes: sympathisants PC & EELV: 84%; sympathisants FN: 25%)

- Il y a trop d'immigrés en France
Sympathisants MoDem: 37%; sympathisants UDI 51%
Sympathisants En marche: 32%
Ensemble des Français: 53% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 92%; sympathisants EELV: 18%)

- En matière d'emploi, on devrait donner la priorité à un français sur un immigré
Sympathisants MoDem: 32%; sympathisants UDI 35%
Sympathisants En marche: 26%
Ensemble des Français: 45% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 86%; sympathisants PC & EELV: 16%)

- La France devrait avoir à sa tête un homme fort qui n'a pas à se préoccuper du parlement ni des élections
Sympathisants MoDem: 38%; sympathisants UDI 44%
Sympathisants En marche: 44%
Ensemble des Français: 42% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 54%; sympathisants PC: 26%)

- En matière de justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres
Sympathisants MoDem: 30%; sympathisants UDI 15%
Sympathisants En marche: 31%
Ensemble des Français: 40% (opinions extrêmes: sympathisants PC: 80%; sympathisants UDI: 15%)

- Il faudrait réduire le nombre de fonctionnaires
Sympathisants MoDem: 42%; sympathisants UDI 66%
Sympathisants En marche: 45%
Ensemble des Français: 39% (opinions extrêmes: sympathisants LR: 67%; sympathisants PC: 11%)

- Il faudrait rétablir la peine de mort
Sympathisants MoDem: 17%; sympathisants UDI 23%
Sympathisants En marche: 20%
Ensemble des Français: 35% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 73%; sympathisants EELV: 12%)

- L'immigration est une source d'enrichissement culturel
Sympathisants MoDem: 50%; sympathisants UDI 35%
Sympathisants En marche: 56%
Ensemble des Français: 39% (opinions extrêmes: sympathisants EELV: 73%; sympathisants FN: 7%)

- Les chômeurs pourraient trouver du travail s'ils le voulaient vraiment
Sympathisants MoDem: 26%; sympathisants UDI 38%
Sympathisants En marche: 35%
Ensemble des Français: 35% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 51%; sympathisants FI: 13%)

- L’opinion sur les attributs importants pour «être Français»
> D'être capable de parler français
Sympathisants MoDem: 99%; sympathisants UDI 100%
Sympathisants En marche: 98%
Ensemble des Français: 98% (opinions extrêmes: sympathisants UDI & LR: 100%; sympathisants PC: 90%)

> De suivre les coutumes et les traditions françaises
Sympathisants MoDem: 88%; sympathisants UDI 96%
Sympathisants En marche: 87%
Ensemble des Français: 87% (opinions extrêmes: sympathisants LR: 97%; sympathisants PC: 65%)

> D'être né en France
Sympathisants MoDem: 53%; sympathisants UDI 52%
Sympathisants En marche: 55%
Ensemble des Français: 62% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 83%; sympathisants PC: 36%)

> D'avoir des origines françaises
Sympathisants MoDem: 39%; sympathisants UDI 49%
Sympathisants En marche: 43%
Ensemble des Français: 52% (opinions extrêmes: sympathisants FN: 79%; sympathisants PC: 22%)

- J’éprouverai de grands regrets si on annonçait demain que l’Union européenne est abandonnée
Sympathisants MoDem: 79%; sympathisants UDI 76%
Sympathisants En marche: 86%
Ensemble des Français: 53% (opinions extrêmes: sympathisants En marche: 86%; sympathisants FN: 9%)

(Sondage Ipsos réalisé du 27 au 30 mai 2017 par internet auprès d’un échantillon de 14958 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Macron «piégé» par Bayrou ou par lui-même?

Depuis qu’il est devenu président de la république, Emmanuel Macron a plus souvent entendu parler de François Bayrou comme d’un handicap plutôt que comme d’un atout.
Ainsi, se sont succédé deux «affaires» impliquant Bayrou et son parti, qui ont mis à mal l’image de la «nouvelle politique» qu’il veut mettre en place.
Il y a d’abord eu l’affaire des investitures de candidats du Mouvement démocrate pour les législatives.
Celle-ci a montré qu’il y avait bien eu une négociation «à l’ancienne» entre Emmanuel Macron et François Bayrou qui a porté, notamment, sur un deal avec soutien du dernier pour le premier à la présidentielle contre entre une trentaine et une cinquantaine de députés pour les législatives.
Et il y a maintenant l’affaire des assistants parlementaires des députés européens du MoDem.
Celle-ci montre que pour se financer, le parti centriste a eu recours aux mêmes artifices que les autres alors même que Bayrou a toujours fustigé ces pratiques et que la partie publique de l’«alliance» entre les deux hommes s’est faite sur la moralisation de la vie politique...
Entre deux, ce dernier a été particulièrement bien servi lors de la constitution du gouvernement avec le ministère de la Justice pour lui ainsi que le titre de ministre d’Etat et la troisième place dans la hiérarchie ministérielle sans oublier la nomination aux affaires européennes de sa plus proche collaboratrice, Marielle de Sarnez en récompense de son alliance.
On pourrait y ajouter Sylvie Goulard au ministère des Armées.
Ce qui a fait grincer quelques dents à La République en marche.
On n’ose pas croire qu’Emmanuel Macron ne s’était pas renseigné sur François Bayrou avant de faire alliance avec lui.
Il aurait su, d’abord, que le soutien du maire de Pau n’était évidemment pas gratuit.
Le président du MoDem, malgré ce qu’il prétend, agit toujours dans un donnant-donnant, ce qui n’est d’ailleurs pas critiquable en soi.
Cela le devient quand tout est mis sur la place publique en portant préjudice à son allié comme cela a été le cas pour les investitures.
D’autant que cette passe d’armes a fait de nombreux mécontents chez les autres alliés d’Emmanuel Macron, dont certains ont pu alimenter la deuxième affaire, celle des assistants parlementaires.
Là aussi, le nouveau président de la république aurait pu savoir en creusant un peu que le MoDem se trouvait dans des difficultés financières importantes malgré les dires de François Bayrou et qu’il se devait de trouver des solutions pour assurer son fonctionnement quotidien (on ne sous-loue pas une parti de ses locaux si tout va bien en la matière…).
Tout cela ressemble à de la «vieille politique».
Et, d’un certain côté, cela n’est guère étonnant puisque François Bayrou est bien un des principaux représentants de cette vie politique qui se déroule depuis quarante ans.
En disant cela, je ne porte pas de jugement de valeur, n’étant pas dupe de tout ce que la séparation entre nouvelle et vieille politiques a de factice et d’usurpé.
Dès lors, Emmanuel Macron n’a sans doute pas été piégé par François Bayrou mais s’est piégé lui-même dans une alliance qu’il pensait importante pour lui et sa candidature, surtout qu’il pensait maîtriser.
Sans souscrire à l’idée que c’est le président du Mouvement démocrate qui lui a permis d’être au second tour et de remporter l’élection, on peut néanmoins considérer que Macron a réussi avec cette alliance à éliminer un candidat qui pouvait lui confisquer de nombreuses voix tout en parasitant sa campagne, on se rappelle de la violence avec laquelle Bayrou parlait alors de lui.
Cependant il a sans doute sous-estimé le prix politique qu’il faudrait payer et la difficulté de gérer le comportement du maire de Pau comme Alain Juppé s’en était aperçu à ses dépends.
Et il ne savait certainement pas qu’il y aurait peut-être des cadavres dans le placard du MoDem.
François Bayrou a très bien joué le coup pour lui et son parti jusqu’à présent (comme j’estime qu’il l’a fait lors de son alliance avec Alain Juppé lors des primaires LR), jusqu’à ce que les résultats des législatives soient connus et que l’on sache dans quel sens vont aller les investigations sur les assistants parlementaires.
En revanche, cela se discute pour Emmanuel Macron.
Sans doute qu’une large victoire de La République en marche lors des législatives validera sa stratégie.
C’est alors François Bayrou qui pourrait connaître le contrecoup de la sienne si la justice, dont il est le garde des sceaux, venaient à découvrir quelques faits gênants à son encontre.