Emmanuel Macron |
Il n’en manque pas un seul: Alain Badiou le dernier VRP du
communisme aux millions de morts, Emmanuel Todd l’égotiste aigri en perdition
de pensée, Alain Finkielkraut la victime de tout et surtout de n’importe quoi, Michel
Onfray le seul «anarchiste» adoubé par le Figaro magazine, Pascal Bruckner qui
glisse doucement sur la pente savonneuse d’un conservatisme frileux, Luc Ferry
le philosophe mondain, pardon le mondain jouant au philosophe, Régis Debray le
guérillero qui se trompe depuis toujours de combat, Marcel Gauchet dont on ne
comprend même plus ce qu’il défend et Edgar Morin, le maître fossilisé, sans
oublier tous les sous-fifres prêts à prendre la relève des plateaux télés que
nous ne citerons pas pour ne pas leur donner l’importance qu’ils n’ont pas.
Tout ce que compte le petit monde des intellectuels
médiatiques qui vivent essentiellement par la reconnaissance cathodique qui
exalte leur égo surdimensionné a un nouvel ennemi: Emmanuel Macron.
Petit florilège (avec l’aide d’un fort bon papier publié de
Sylvain Courage dans le dernier numéro de L’Obs, «Ces intellos anti-Macron»).
Selon Régis Debray, «Emmanuel Macron est le produit de
l'américanité, du post-moderne. C'est le primat de l'image».
Il est l’homme du «couronnement de l’Amérique» et celui du «système»
qui «a su se déguiser en antisystème afin de se perpétuer».
Bigre.
Selon Alain Badiou, «Emmanuel Macron, est une créature
sortie du néant par eux, nos vrais maîtres, les capitalistes les plus récents,
ceux qui ont acheté, par précaution, tous les journaux.»
Donc, «Tout indice d’une vraie et durable levée contre le
gouvernement Macron sera le bienvenu.»
Signalons que le grand démocrate qu’il est et qui cite Mao
en guise de référence philosophique n’a évidemment pas voté Macron contre Le
Pen.
C’est dire la légitimité de son combat.
Autre grand démocrate qui n’est pas allé voter contre Le
Pen, Michel Onfray, considère que Macron n’est qu’«une poupée gonflable du
capital», «un produit marketing».
Et son analyse philosophique de la soirée de victoire de
Macron vaut son pesant de bêtise: «Il arrive sur scène, c’est très gaullien. Et
puis Brigitte, puis les autres, et tout le monde. C’est Trump... Quand Trump a
été élu, on fait monter mam, papa, fifille…».
Mais ce n’est pas fini:
«On nous la joue Malraux, 'Entre ici Jean Moulin' et puis on
voit l’individu qui sort de la nuit et qui regarde les caméras. Il a des yeux
de lapins, avec les lumières... Vous avez vu comment il marche? Il fait de la
pub pour le dessous de ses chaussures!»
C’est de la pensée de haut vol!
Selon Alain Finkielkraut, Macron est l’homme du
«progressisme béat».
Et le philosophe juif est même allé jusqu’à insulter Macron
parce que celui-ci était allé rendre hommage aux déportés de la Shoah entre les
deux tours de la présidentielle, s’autoproclamant le gardien de la (bonne) mémoire
et du (bon) hommage.
La détestation prend parfois des chemins bien mystérieux…
C’est vrai que cela doit le gêner que des gens aient encore
l’espoir dans demain et qui ne voit pas dans chaque action son côté négatif.
Selon Emmanuel Todd, qui, lors du deuxième tour de la
présidentielle, a osé faire une déclaration pathétique et/ou imbécile, au
choix, affirmant qu’il allait «s’abstenir dans la joie», Macron est l’homme de
la «servitude maastrichtienne» et que «voter Macron est un rituel de
soumission».
Selon Luc Ferry, Macron est le représentant du «jeunisme»,
de l’«inexpérience» et de la «naïveté».
Venant de celui qui a défendu Fillon en attente d’un nouveau
poste de ministre, cela serait plutôt des compliments pour Macron…
Selon Marcel Gauchet, lle nouveau président de la république
«serait plutôt un Jean Lecanuet qui aurait coiffé le képi du Général» mais, en
réalité, personne ne sait qui il est «même pas lui».
Etonnant de qualifier quelqu’un que l’on prétend ne pouvoir
qualifier!
Peu importe, car, croit savoir Gauchet, Emmanuel Macron «est
l’un de ces hommes politiques qui se nourrissent d’une situation, d’une
conjoncture, bien plus qu’ils ne la créent. Macron est indéfinissable et se
veut tel.»
Mais, justement, Macron sait donc qui il est…
Bon, passons.
Selon Edgar Morin, Macron et Le Pen, même combat puisque lors
du deuxième tour de la présidentielle, «de toute façon, nous sommes dans
l’aventure» car «cette élection est un saut dans l’inconnu».
D’autant que l’opposition entre Macron et Le Pen «contraint
à une alternative stérile entre mondialisation et démondialisation, Europe et
nation, américanisation et souverainisme, alors qu’il faudrait promouvoir
l’indépendance dans l’interdépendance, accepter la mondialisation dans tout ce
qui est coopération et culture, tout en sauvant des territoires menacés de
désertification par des démondialisations partielles ou provisoires.»
Une vision bien caricaturale de la pensée du nouveau
président de la république.
Mais Morin n’en a cure qui continue sur le même principe:
«Il faut dépasser l’alternative stérile entre mondialisme et
nationalisme. Quant à l’opposition entre progressiste et conservateur, elle
ignore que le progrès nécessite conservation (de la nature et de la culture),
et que cette conservation nécessite progrès.»
Sans oublier une charge sans preuve contre «le pouvoir de
l’argent» que Macron incarnerait:
«Macron devrait à mon sens mettre en question les cadres
classiques dans lesquels il semble se situer naturellement: la subordination de
la politique à l’économie, la réduction de l’économie à l’école néolibérale,
l’excroissance du pouvoir de l’argent.»
La question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi
tous ces penseurs institutionnalisés ont autant de haine contre Emmanuel
Macron, le nouveau venu, celui auquel ils auraient pu laisser le tems d’agir
avant de le critiquer.
Sans doute la peur d’être ringardisés.
Mais en ayant cette angoisse existentielle, ne voilà-t-il
pas qu’ils se ringardisent eux-mêmes.
Quoi qu’il en soit voilà bien illustrée cette distinction au
cœur du projet d’Emmanuel Macron entre (jeunes) progressistes et (veilles
barbes) conservatrices.
Centristement votre.
Le Centriste