Nombre de gens, dont beaucoup de sympathisants centristes,
ne comprennent pas comment les médias et les politologues peuvent qualifier
Emmanuel Macron de centriste et de voir que les partis centristes se sont
divisés quant à une alliance avec le nouveau président de la république lors de
la présidentielle et encore aujourd’hui lors des législatives.
Bien entendu, la division dans l’espace centriste est une
constante dans la vie politique et notamment au cours de la V° République.
On se rappelle que lors de la candidature d’Alain Poher à la
présidentielle, alors qu’il était un vrai représentant du Centre, une partie
des élus centristes soutinrent George Pompidou…
Sans parler de 2007 et 2012 où, face à une candidature de
François Bayrou, nombre de centristes préférèrent, les deux fois, soutenir
Nicolas Sarkozy.
En réalité, la cassure entre centristes vient le plus
souvent d’une problématique électorale, voire électoraliste.
Ce n’est que très rarement une question de projet ou de
programme politiques.
En tout cas, en 2017, ce sont bien les visées électorales et
électoralistes qui ont principalement dicté leurs conduites à la fois à l’UDI
mais aussi au MoDem.
Car comment expliquer, alors que les deux formations avaient
décidé de soutenir Alain Juppé pour la primaire de LR et, espéraient-elles,
pour la présidentielle, que la défaite du maire de Bordeaux face à François
Fillon a induit que le MoDem se range derrière Macron et que l’UDI devienne un
allié de Fillon.
Si l’on se place au niveau des programmes, il est bien
évident que celui de François Fillon n’était absolument pas centro-compatible,
que ce soit dans sa version originale ou amendée alors que celui de Macron l’était
pleinement comme l’était également celui de Juppé.
C’est tellement vrai que lorsque le retrait de Fillon fut
évoqué suite à ses affaires de détournements de fonds publics, l’UDI s’empressa
de demander un nouveau candidat LR, sous-entendu, Alain Juppé…
Mais, rappelons-nous aussi que François Bayrou avait indiqué
e manière particulièrement agressive que, selon lui, le programme de Macron
ainsi que sa personne n’étaient pas du tout centro-compatible, ce qui était
évidemment une contre-vérité.
Et ce n’est que lorsque le président du Mouvement démocrate
constata qu’il n’y avait pas de place pour sa candidature à la présidentielle
qu’il décida de rejoindre Emmanuel Macron lui trouvant subitement toutes les
qualités de compatibilité centriste...
Oui, pourquoi, in fine, le MoDem a-t-il donc fait le pari
Macron alors que l’UDI n’a pas osé le faire ni avant, ni après la
présidentielle?
Parce que, non seulement le MoDem est le parti d’un homme,
Bayrou, mais aussi c’est celui qui n’avait aucun député et donc qui n’avait aucune
crainte que ses sortants ne soient pas investis par Macron en le rejoignant et,
à l’inverse, pouvait espérer s’il choisissait le bon cheval en être récompensé
par nombre d’investitures qui étaient impossibles à obtenir de la part de
Fillon et de LR.
De plus, le soutien personnel de Bayrou à Macron permettait
au président du Mouvement démocrate de se garantir un avenir politique que le
candidat d’En marche! gagne ou non la présidentielle.
A l’inverse, l’UDI qui n’est qu’un agglomérat d’élus, avait
très peur de perdre la plupart de ses députés dans une alliance avec Macron
qui, non seulement, n’était pas le favori au départ mais qui ne lui garantissait
absolument pas la reconduction de ses députés de par sa volonté de
renouvellement du monde politique alors que, de son côté, LR lui apportait sans
difficultés la prime aux sortants plus d’autres circonscriptions gagnables en
cas de victoire de Fillon.
Dès lors, même si l’UDI a renié ses engagements politiques
en soutenant Fillon, elle ne pouvait faire autrement parce qu’elle ne survit qu’en
étant un cartel électoral.
A l’inverse, le MoDem n’avait rien à perdre dans son soutien
à Macron et tout à gagner d’autant que son choix avait, en plus, une logique
politique.
Mais il faut être conscient que ce ne sont pas, loin de là, les
positionnements partisans qui sont l’explication du choix des deux partis
centristes.
Alexandre Vatimbella
A lire aussi: