Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur
une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une
vision centriste. Dixième numéro consacré à la pensée politique du nouveau
président de la république, Emmanuel Macron, qui est souvent présentée comme
centriste, centrale ou centro-compatible.
Emmanuel Macron venant d’être élu président de la
république, il n’est donc pas encore possible de qualifier ce qu’est le
macronisme par sa pratique du pouvoir.
En revanche, on peut le définir par sa philosophie politique
qui est portée par son projet et ses objectifs programmatiques.
En cela, on peut déjà parler de «macronisme» à l’inverse
d’autres dirigeants dont il a fallu attendre leur pratique du pouvoir pour
donner une définition de la base idéologique de leur politique.
D’autant que l’analyse de chaque discours, chaque interview
d’Emmanuel Macron et chaque publication de textes par En marche! (désormais La
République en marche), permet de se rendre compte que la démarche du nouveau
président de la république et de son mouvement se fait sur la base d’un corpus
solide et cohérent, loin d’un bric-à-brac d’idées piochées ici ou là ou,
simplement, d’une revendication d’être le représentant d’une idéologie déjà
connue et institutionnalisée (comme François Hollande pouvait se dire socialiste
et de gauche ou Nicolas Sarkozy, gaulliste et de droite).
Emmanuel Macron,
depuis le premier jour, se présente comme un social-libéral venu de la Gauche
mais qui se veut «ni droite, ni gauche», dans la tradition centriste tout en
souhaitant casser les anciens clivages idéologiques avec une opposition entre
un pôle progressiste (sociétés ouverte) face à un pôle conservateur (société
fermée), le tout dans une démarche réformiste mais aussi de refondation
politique qui passe par un rassemblement large autour de son programme et avec
un processus de renouvellement du personnel politique dans le cadre d’un
processus constant de par la limitation du nombre des mandats électifs dans le
temps.
A l’aune de cette
courte définition issue de ses propos, le projet politique d’Emmanuel Macron peut
être ainsi qualifié de Centrisme ou, tout au moins, de dérivé du Centrisme,
justifiant cette étude mais, point important, sans qu’Emmanuel Macron ne se
soit référé une seule fois au terme de centrisme.
En revanche, il
s’est dit «libéral», «social-libéral», «venu de la Gauche», «progressiste», ce
dernier terme ayant pris de plus en plus d’importance plus sa campagne
électorale avançait et il l’a gardé comme celui qui le définit le mieux depuis
son élection.
En outre, il a
souvent fait référence au gaullisme sans pour autant s’en revendiquer, non
plus, mais pour poser des similitudes entre sa démarche et celle du Général de
Gaulle.
Sa volonté
d’obtenir un soutien explicite de l’ancien président des Etats-Unis, Barack
Obama (2009-2016) est aussi la preuve qu’il voulait se mettre dans les pas de
la démarche politique qui a permis à celui-ci de gagner la présidentielle
américaine de 2008 sur des slogans assez forts comme le fameux «Yes we can»
(Oui, nous le pouvons) ou «Change we can believe in» (Le changement dans lequel
nous pouvons croire).
Sans oublier le
«Forward» (En avant) de sa campagne de réélection en 2012 qui rappelle, à s’y
méprendre un certain «En marche!»...
Enfin, évoquons
juste ici, sans rentrer dans les détails, les références philosophiques de la
pensée d’Emmanuel Macron dont certaines que l’on trouve un peu partout dans les
médias: Friedrich Hegel (lien entre la réalisation des intérêts particuliers – individu
– et une fin universelle qui se réalise dans l’Etat); John Rawls (égalité des
chances); John Stuart Mill (social-libéralisme); Alexis de Tocqueville (liberté
et anti-égalitarisme).
Mais, face à l’étude
de son projet, on pourrait rajouter William James et John Dewey (pragmatisme),
Josiah Royce (idéalisme pratique), Condorcet, Auguste Comte et Henry George
(progressisme) ou Reinhold Niebuhr (consensus et égales opportunités), le
philosophe dont Barack Obama disait qu’il était son «favori».
Surtout, il faut
citer Paul Ricœur (qui aurait notamment inspiré son «en même temps») qui est
désormais présenté comme «la» référence pour comprendre la pensée d’Emmanuel
Macron d’autant que ce dernier affirme que c’est lui qui l’a incité à faire de
la politique.
La première plaquette qu’En marche a diffusée contenait
plusieurs propositions qui étaient autant d’explications de texte sur le positionnement
de son fondateur.
«Nous croyons au progrès face à tous les conservatismes,
était-il écrit. Nous croyons que le temps n’est pas aux petits ajustements mais
à l’innovation radicale. Nous croyons en l’émancipation de tous. Nous croyons
que le destin de l’Europe et celui de la France sont indissociables. Nous
croyons en notre capacité à agir ensemble».
- Démocratie républicaine
«Pensons à trois mots qui seront notre avenir, parce que
nous allons leur redonner leur sens: liberté, égalité, fraternité. Ces mots, ce
sont les nôtres. Ce seront les mots de notre engagement», explique Emmanuel
Macron.
Au cours d’une interview donnée sur BFMTV pendant la
campagne présidentielle, il a par ailleurs estimé que «notre bien commun à
tous, c’est la démocratie».
Dès lors, le macronisme est bien une philosophie politique
qui s’inscrit totalement dans le cadre de la démocratie républicaine libérale
représentative et participative comme l’est le Centrisme.
- Social-libéralisme
Pour Emmanuel Macron, le libéralisme est la base de sa
politique parce qu’elle est la base de la liberté individuelle, de la liberté
de construire son projet de vie et de la réussir.
Mais, il y accole la dimension solidaire avec une protection
sociale indispensable pour les plus faibles mais également pour permettre à
ceux qui veulent entreprendre et prendre des risques, notamment dans le
travail, d’avoir des droits à l’erreur ou à l’échec.
Son social-libéralisme est en outre beaucoup plus proche du
libéralisme social du Centre que de la social-démocratie, voire même que du
social-réformisme de Manuel Valls ou encore du gaullo-réformisme d’Alain Juppé.
- Progressisme
Si l’on veut
vraiment tenter de cerner très exactement le positionnement d’Emmanuel Macron,
il est sans doute plus juste de le présenter comme un progressiste.
Progressiste à la
mode d’un Theodore Roosevelt lorsqu’il se présente à la présidentielle de 1912
aux Etats-Unis sous cette étiquette ou à celle d’un Pierre Mendès-France
lorsqu’il se retrouve Président du Conseil sous la IV° République.
De ce point de vue,
on ne peut le comparer à un Valéry Giscard d’Estaing parce que ce dernier était
un homme de droite, qui serait aujourd’hui dans l’espace central et qui aurait
sa place dans l’axe central mais qui n’était pas centro-compatible comme l’est
Macron (et qui n’était pas non plus centriste).
Le progressisme macronien, se nourrit fortement de Centrisme
lorsqu’il déclare que nous sommes «égaux devant la liberté» et que «nous devons
nous battre pour réconcilier deux valeurs que nous avons trop souvent opposées,
que la droite et la gauche ont respectivement monopolisées, alors que la devise
de notre pays les place sur le même plan: la liberté et l’égalité».
Et s’il faut «réunir la liberté et l’égalité», c’est pour
une société plus efficace et plus juste».
L’influence centriste se fait encore particulièrement
prégnante quand il est affirmé que «notre pays est le champion des blocages,
qui empêchent trop souvent l’émancipation de chacun».
De même, en matière d’ouverture vers le monde.
Pour Emmanuel Macron, «les progressistes doivent se battre
et rappeler que la mondialisation sans règle, sans protection et sans
redistribution est insupportable, mais aussi que, sans intégration à l’économie
mondiale et sans modernisation de notre économie, notre pays serait condamné à
la stagnation et au déclin».
Tout cela amène à la transformation de la société qu’il
souhaite initier:
«Passer d’une société des statuts à celle des sécurités
individuelles, dans laquelle on protège les individus, pas les postes. Passer
d’une économie de rattrapage à une économie de l’innovation, déconcentrée, plus
horizontale, plus agile et plus inventive. Passer d’un modèle centralisé de
décisions unilatérales à un modèle plus équilibré qui s’appuie sur la vitalité
de la société dans tous les territoires et permet à chacun de s’engager. Passer
d’un pays inégalitaire à une société juste en répondant à l’envie de chacun de
pouvoir faire ses choix, et à la nécessité d’être solidaires, en particulier
envers les plus faibles».
Emmanuel Macron estime que ces changements prendront dix ans
et que l’énergie existe en France pour y parvenir.
- «Et en même temps»
Le «en même temps»
est au centre de la réflexion politique d’Emmanuel Macron où, face aux
clientélismes de droite et de gauche qui critiquent systématiquement ce que
fait l’autre bord, son positionnement, qu’il partage avec le Centre et les
centristes, n’est pas binaire entre ce qui est bien parce que cela vient d’un
côté et ce qui est mal parce que cela vient de l’autre.
De plus, le monde
n’est pas aussi simpliste que le prétendent les idéologues de droite et de
gauche, ce qui signifie que l’on peut être d’accord avec des propos et des
mesures proposées, venus de tous les bords s’ils reflètent la réalité de la
situation et apportent les bonne solutions.
Oui, a-t-il
précisé, il faut prendre ce qu’il y a de meilleur partout sans se poser la
question si cela est une mesure venue de la Droite, de la Gauche et du Centre.
Voici son
explication de texte qui rappelle pourquoi tant de centristes mais aussi de
réformistes de droite et de gauche l’ont rejoint.
«’En même temps’ signifie simplement que l’on prend en
compte des impératifs qui paraissaient opposés mais dont la conciliation est
indispensable au bon fonctionnement d’une société. Oui, je choisis la liberté
et l’égalité, oui, je choisis la croissance et la solidarité, oui, je choisis
l’entreprise et les salariés, oui, je choisis, comme le général de Gaulle, le
meilleur de la Gauche et le meilleur de la Droite, et même le meilleur du Centre.
Oui, je choisis l'amour de notre Histoire et l’ambition du changement, oui, je
choisis la France forte et l’Europe ambitieuse. Oui je choisis en même temps
les racines et les ailes parce que la grandeur de la politique, c’est l’art de
respecter les différences, de concilier les aspirations, de fédérer les valeurs
et de réunir les hommes».
- Ni Droite, ni Gauche
Le «ni, ni», ni Droite, ni Gauche, est un positionnement
éminemment centriste et non un «ailleurs» nouveau, fascinant, voire mystérieux.
Il veut dire que le positionnement d’Emmanuel Macron n’est
ni à droite, ni à gauche, c’est-à-dire qu’il est profondément centriste en ce
que le Centrisme n’est ni à droite, ni à gauche mais un humanisme du juste
équilibre qui se définit par lui-même et non par rapport à la Droite et à la
Gauche.
C’est donc une politique qui ne prend pas un bout de gauche
et un bout de droite.
- Et droite, et gauche
En disant que sa politique sera aussi et de droite et de
gauche, il signifie ici que toute bonne idée de droite doit être retenue, comme
toute bonne idée de gauche, sans ostracisme, sans idéologie sectaire, sans
exclusion partisane, sans clientélisme ridicule qui se fait sur le dos du pays
et des citoyens.
«Et gauche, et droite», cela signifie ainsi
que l’on peut réunir autour d’un projet progressiste, et les sympathisants de
droite, et les sympathisants de droite, d’autant que «ni gauche, ni droite»
n’est pas une posture qui rejette les bonnes idées venues de la Gauche et de la
Droite.
- Postpartisan
Emmanuel Macron est
un post-partisan (c’est-à-dire où les rapprochements se font sur des projets et
des mesures plus que sur des idéologies partisanes) comme un Barack Obama en
2008, lors de son accession à la Maison blanche, proche de la Troisième voie
incarnée par Bill Clinton ou Tony Blair qui savaient que le progrès social ne
pouvait passer que par le progrès économique (on ne peut redistribuer que ce
que l’on a), voire comme un François Bayrou en 2012 et son idée d’unité
nationale ouverte à tous les démocrates même si celle-ci ressemblait plus à la
coalition entre les chrétiens démocrates et les sociaux-démocrates allemands.
Emmanuel Macron
pourrait même être une sorte d’héritier, voire de fils spirituel, de Barack
Obama en la matière.
Ainsi, là où
l’ancien président des Etats-Unis a échoué à mettre en place cette ère
post-partisane qu’il appelait de ses vœux lors de sa campagne de 2008, le
nouveau président de la république française pourrait bien y réussir.
La raison
principale est qu’Obama n’était pas maître du calendrier électoral et
législatif alors que c’est le cas de Macron, surtout que les élections
législatives viennent juste après les élections présidentielles et non en même
temps comme pour Obama.
Dès lors, il est
fort possible que l’Assemblée nationale ressemble beaucoup plus à ce que
souhaite Macron que la Chambre des représentants n’étaient à l’image de ce
qu’Obama espérait, même si, à son arrivée à la Maison blanche, les deux
chambres du Congrès étaient contrôlées par les démocrates…
Néanmoins, Obama
voulait absolument que les républicains et démocrates progressistes et
réformistes coopèrent ensemble pour mettre en place tout un programme très
ambitieux dont la loi sur l’assurance-santé et celle sur les banques n’étaient
qu’une petite partie de celui-ci.
Il voulait
également que le plan de sauvetage de l’économie américaine ainsi qu’un plan
gigantesque de remise à niveau des infrastructures américaines dans tous les
domaines soient portés par les démocrates et les républicains.
Malheureusement,
cela n’a pas été possible puisque, dès le début de son mandat, les républicains
de la droite radicale fermèrent la porte, pratiquèrent une opposition
systématique, accueillirent le mouvement d’extrême-droite Tea Party, réunion
d’haineux d’Obama, en son sein et déclarèrent que leur but était de faire de
celui-ci un «one-term president» (un président d’un seul mandat).
Car il savait que
s’il réussissait, ce serait leur disparition.
Et, lorsqu’ils
récupérèrent, en 2010, la majorité à la Chambre des représentants, ils mirent
en place concrètement leur stratégie de la terre brûlée qui a tant coûté aux
Etats-Unis.
Emmanuel Macron
n’aura peut-être pas ce handicap pendant les cinq ans de son (premier) mandat,
s’il parvient à obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale lors des
législatives ou s’il parvient à faire d’En marche! le parti largement dominant
en nombre de députés.
Mais cette
politique post-partisane qu’il a déjà évoqué sous d’autres vocables doit être
mise en place dès son accession au pouvoir et sur des objectifs clairs.
De plus – et c’est
ce que certains ont reproché à Obama qui était, comme Macron, un novice en
politique –l’ancien président américain a très peu discuté et négocié avec les
élus républicains, ce qui l’a empêché d’en séduire une partie.
De ce point de vue,
Emmanuel Macron qui souhaite le renouvellement de la politique ainsi que des
élus, notamment à l’Assemblée nationale, ne devra pas tomber dans une sorte
d’hubris qui lui mettrait à dos tous ceux qui sont prêts à travailler avec lui
autour de son programme mais aussi ceux qui sont prêts à soutenir seulement
certains aspects de celui-ci.
Rappelons qu’une
politique post-partisane est celle qui transcende les postures partisanes et
idéologiques dans une transversalité qui permet de réunir des majorités
conjoncturelles sur des projets et des mesures précises.
Ainsi, il se peut
très bien, que dans ce cadre, une majorité qui se dégage pour telle projet de
loi soit très différente de celle qui se dégage pour le projet de loi suivant.
L’ère
post-partisane fait ainsi appel au consensus, à l’esprit de compromis mais
également à celui de responsabilité et de détermination individuelles des élus
et non plus à une logique de blocs contre blocs.
C’est pourquoi elle
peut être vue comme la mort d’une manière de faire de la politique – «à
l’ancienne» – mais aussi, de manière beaucoup moins positive, dans une
déstructuration des différents courants de pensée politiques, donc de créer un
absence de repères qui, dans une démocratie républicaine, structurent les
essentiels choix entre des projets politiques alternatifs.
Quoi qu’il en soit,
cette politique post-partisane a pu exister sur des mesures ponctuelles ou sur
des périodes très courtes.
Tout le pari
d’Emmanuel Macron sera, comme le voulait Barack Obama, d’en faire une manière
de gouverner.
- Opportunités contre égalitarisme
«J'ai toujours dit que je venais de la Gauche, c'est ma
famille politique, je viens d'une famille de gauche. Je ne crois pas à la
gauche de l'égalitarisme, je crois à la gauche de l'égalité des chances».
L’égalité selon Emmanuel Macron, c’est celle des
opportunités dans le droit fil du Centrisme, celle que propose une méritocratie.
- Individualisme responsable
La philosophe politique d’Emmanuel Macron se base sur
l’individualisme responsable et non sur un holisme qui étoufferait l’individu,
ses capacités, ses intérêts et sa réussite personnelle.
Le vivre ensemble communautaire est ici tributaire du vivre
bien individuel (la réalisation de soi et de son intérêt personnel) de chacun.
C’est l’individu d’abord, membre ensuite d’une communauté à
laquelle il doit rendre des comptes par sa responsabilité et sa solidarité mais
dont il s’émancipe par sa liberté d’être et de faire.
C’est pourquoi il insiste particulièrement sur le droit de
chacun à réaliser son projet de vie.
Découlant de son individualisme, le macronisme est ainsi le
droit imprescriptible de chacun de réaliser son propre projet de vie dans le
respect des projets de vie des autres.
Mais ce droit permettra aussi à la société de progresser car
cela créera des richesses et permettra donc une plus grande redistribution.
De même la libération des initiatives individuelles créera
de l’activité qui, à sont tour, créera de l’emploi
La liberté d’entreprendre est, dans ce cadre de l’accomplissement
individuel, une des clés de la vision économique d’Emmanuel Macron.
En cela il est un vrai libéral.
- Européanisme
L’Union européenne est au cœur du macronisme qui se veut
également un défenseur d’une mondialisation humaniste.
Pour le nouveau président, la France ne pourra réussir que
dans l’Union européenne renouvelée, refondée et renforcée.
En européen convaincu, il veut un approfondissement de l’Union
européenne. «Je suis un Européen cohérent. Si l'on avance plus depuis douze
ans, depuis le non au traité européen, c'est parce que depuis, nous ne
proposons plus rien pour l'Europe».
Ce dont on a besoin dans la mondialisation, explique-t-il «ce
n'est pas moins d'Europe mais c'est une vraie Europe qui sait se défendre».
Rappelons son programme en la matière
> Lancement dans toute l'Union européenne, dès la fin des
élections allemandes à l'automne 2017, de conventions démocratiques, pour
construire un projet politique commun ensuite soumis à la validation de tous
les États membres.
> Possibilité pour les États membres qui le souhaitent
d'aller plus loin dans la convergence fiscale, sociale et énergétique.
> Examen des demandes d'asile au plus près des conflits,
dans les consulats des pays limitrophes.
> Sortir les investissements d'avenir des critères de
Maastricht.
> Mise en place d'un plan d'investissement européen
beaucoup plus puissant que le plan Juncker.
> Création d'un ministre des Finances de la zone euro.
- Atlantisme démocratique
En matière de politique étrangère, la lutte contre les
régimes autoritaires et les groupes terroristes sera la priorité ce qui se fera
selon Emmanuel Macron dans une alliance atlantique renforcée.
Il a rappelé, lors du sommet du G7 en Sicile, à Taormina,
que ce qui unissait les pays membres de ce groupe étaient leur défense de la
démocratie et de ses valeurs et que cela justifiait amplement son existence
dans un monde violent.
- Refondation de la politique : rassemblement et
renouvellement
Rassembler autant que possible et renouveler le plus
possible pour refonder la politique et permettre la réconciliation de la France
autour de ses gouvernants, telle est la tâche essentielle que s’est donné
Emmanuel Macron.
Ce diptyque rassemblement-renouvellement trouve son
articulation avec le renouvellement qui doit être à la base du rassemblement et
non le contraire, surtout que ce renouvellement s’incarnera prioritairement à
l’Assemblée nationale.
Quant au rassemblement, il s’incarne, lui, dans la
personnalité du premier ministre, en l’occurrence Edouard Philippe.
Pour ce qui est du gouvernement, c’est, à la fois, le
rassemblement et le renouvellement comme sa composition le démontre.
Dès lors, la narration est bien que ce sont les nouvelles
têtes et les nouvelles pratiques qui permettront de réconcilier la France et
donc de permettre le rassemblement avec un premier ministre qui a le profil
adéquat pour le traduire en termes politiques.
- Humanisme
Durant toute cette campagne, Emmanuel Macron a porté un
discours humaniste et équilibré, celui que l’on n’a plus l’habitude d’entendre
en ces temps où l’exagération et la confrontation sont les ingrédients favoris
du débat politique.
D’ailleurs, d’aucuns prédisaient au candidat d’En marche! un
crash monumental parce qu’il n’avait rien compris au désenchantement des
Français, à la colère du peuple, au pessimisme ambiant, au chacun pour soi
ainsi qu’à la défiance générale envers la démocratie républicaine.
Pourtant, ce sont des propos d’espoir et volontaristes où
les valeurs du vivre ensemble ont été mises en avant tout autant que celles de
la réalisation de soi, où chacun peut développer son projet de vie en
résonnance avec ceux des autres qu’il lui ont permis de remporter la
présidentielle.
Ce discours humaniste et équilibré est porté depuis
longtemps par le Centre mais aussi, aujourd’hui, par une frange de la Droite et
une frange de la Gauche qui sont pour une société ouverte sur le monde, sur le
futur et sur l’individu comme moteur essentiel d’une société harmonieuse.
C’est la raison pour laquelle les centristes n’ont eu aucun
mal à trouver des accointances profondes avec le projet et le programme
politiques d’Emmanuel Macron.
Cet humanisme et cet équilibre portés par le candidat d’En
marche! est mis en œuvre pour réconcilier la France, ce qui est une nécessité
absolue depuis des années et que seul le Centrisme proposait jusqu’à présent.
Ce discours a toujours rencontré un grand intérêt chez les
Français, tous les sondages le montrent depuis des années.
Mais, jusqu’à présent, cela ne se traduisait pas ou peu dans
les résultats électoraux sauf en 2007 avec le score de François Bayrou à la
présidentielle.
Ce qui est intéressant en l’espèce est de constater que grâce
à Emmanuel Macron, les Français ont trouvé celui qui pouvait le porter au
pouvoir.
Car ce que Macron leur a démontré depuis deux ans et depuis
le début de la campagne présidentielle en particulier, c’est que ce discours à
un fond et même une profondeur de plus que les discours des autres courants
politiques et des autres candidats qui sont clientélistes ainsi que clivants et
non rassembleurs et parlant à tous.
Mais ce qu’a démontré également Emmanuel Macron et qui lui a
sans doute permis de devenir désormais la personnalité centrale à tout point de
vue de la politique française, c’est que ce discours n’est pas à l’eau de rose
et d’un unanimisme gentil comme on a pu souvent l’entendre dans la bouche d’un
Français Bayrou qui a toujours cherché un consensus mou, ni agressif et
rentre-dedans comme on l’a trop souvent entendu de la part d’un Jean-Christophe
Lagarde qui veux singer les partis clientélistes au risque de faire perdre au
Centre sa particularité.
De ce point de vue, il est plus proche de celui d’un
Jean-Louis Borloo mais pas de la démarche de ce dernier qui est demeuré trop
accolé à la Droite.
C’est un discours dynamique, courageux, ferme, qui résiste
sans peine à toutes les attaques, notamment de la part des populistes et des
démagogues comme on a pu le voir lors du débat de l’entre-deux tour face à
Marine Le Pen.
Emmanuel Macron offre ainsi à la France une chance de sortir
par le haut de ses problèmes et de sa morosité.
C’est évidemment un challenge extrêmement fort qui, pour
réussir, doit mobiliser l’ensemble de la société.
Ce défi est à la hauteur des dangers internes et externes
qui menacent la France comme les autres pays démocratiques.
Etude du CREC sous la direction d’Alexandre Vatimbella
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