jeudi 18 mai 2017

Entretien. Alexandre Vatimbella – Le macronisme est le Centrisme du XXI° siècle

Alexandre Vatimbella, directeur du CREC, journaliste et politologue, travaille depuis de nombreuses années sur la définition du Centre et du Centrisme et sur ce qu’est le corpus d’une pensée centriste.
Son ouvrage, «Le Centrisme du XXI° siècle» (dont l’édition 2017 est disponible ici) montre sans équivoque que le macronisme est un Centrisme et non un «ailleurs» ou «autre chose».
Pour comprendre la complexité du macronisme, la lecture de cet ouvrage s’impose.
Dans cet entretien, il nous explique pourquoi le macronisme peut être caractérisé comme le Centrisme du XXI° siècle.

Le Centrisme: Pourquoi le macronisme est un Centrisme?
Alexandre Vatimbella: Tout simplement parce qu’il reprend tous les fondamentaux du Centrisme.
Ainsi, c’est un humanisme, un progressisme, un réformisme qui s’inscrit dans une vision de juste équilibre, dans le cadre d’une démocratie républicaine libérale représentative et participative ainsi que décentralisée, dans la volonté de construire une mondialisation humaniste et une fédération européenne le tout dans la valeur cardinale de la liberté, dans la règle de l’égalité et celle des opportunités, par la vertu du respect, le tout dans la solidarité et la tolérance.
Les mots et les expressions favoris de Macron qui sont «progressiste», «ni gauche, ni droite», «en même temps», «refondation», «rassemblement», «renouvellement», etc. sont tous compatibles avec le Centrisme et certains sont même profondément centristes.

Est-il plus qu’un Centrisme?
Chacun a une vision personnelle de son engagement politique qui dépasse et agrémente une pensée politique et le Centrisme n’échappe évidemment pas à cette règle.
Il y a donc autant de centrismes que de centristes et tous les centrismes sont originaux.
Ayant dit cela, il y a bien sûr une base de valeurs et de principes, une vision du monde et de la société qui caractérisent le Centrisme et qui fait que l’on est ou non centriste.
Comme on l’a vu, le macronisme est sans conteste un Centrisme mais il est quelque chose de plus avec ce quelque chose en plus qui ont été façonnées par la personnalité et la représentation de la vie de Macron.
Par exemple, Emmanuel Macron a toujours voulu se définir comme un social-libéral alors que le Centrisme est avant tout un libéralisme social.
Cette inversion n’est bi un esthétisme ou une originalité mais démontre qu’il apporte une préoccupation plus importante à la solidarité et à la fraternité qu’à la liberté alors que le Centrisme qui se base avant tout sur la liberté pour organiser les solidarités et les fraternités.
Néanmoins, au-delà de cette appellation, dans ses propos, on voit que la distinction qu’il fait entre les deux est assez ténue ce qui ne l’éloigne guère du corpus du Centrisme.

Il semble que votre analyse est évoluée à propos du macronisme?
Oui, c’est vrai, au départ je constatais qu’Emmanuel Macron était fortement centro-compatible mais qu’il y avait des positionnements qui pouvaient être plus à gauche du Centre, voire même pour d’autres à connotation populiste, le populisme étant totalement incompatible avec le Centrisme.
Ce qui m’a fait changer d’avis c’est les précisions et les explications que Macron a apporté tout au long de sa campagne sur son positionnement et son programme.
Mais aussi son évolution, à la fois, celle qui est de l’ordre d’une pensée toujours en construction et en mouvement, dispositif comportemental naturel que nous possédons tous, plus nous travaillons sur ce que nous pensons, plus nous étoffons notre pensée en lui apportant des additifs, voire des correctifs, et celle qui est de la clarification et de la caractérisation des concepts et des mots ou, comme on dit dans la pensée chinoise, de la rectification des mots, c’est-à-dire de toujours bien employer un mot en rapport avec sa vraie signification pour que son discours soit le plus exact possible.
De ce point de vue, plus le nouveau président de la république avançait dans la campagne, plus son projet et son programme devenaient de plus en plus centristes.
Et dernièrement encore il a explicité son projet politique de telle façon qu’il l’a encore plus rattaché à ce Centrisme du XXI° siècle.
Je crois également qu’au départ, il voulait un peu avancer masqué, ne pas se dire du Centre – ce n’est pas bien vu par tout le monde! – mais que, par la suite, ayant vu que les Français adhéraient à son projet, il a moins hésité à adopter un positionnement centriste des plus clairs.

Pourquoi parler du «Centrisme du XXI° siècle»?
Tout simplement parce que le Centrisme comme toute pensée politique évolue et que ce qu’il est dans ce deuxième millénaire n’est plus ce qu’il était au moment de la Révolution française, ni au moment de la III° République ou lors de la création de la V° République.
En outre, le Centrisme a mis du temps à se débarrasser de cette vision primaire qu’il n’était qu’une moitie de Droite et de Gauche, une sorte de modération sans saveur qui était l’apanage de notables voire de politiciens opportunistes.
Aujourd’hui, on ne peut plus sérieusement véhiculer cette image négative du Centre et du Centrisme sauf si l’on est leur adversaire.
Ce qui est amusant dans cette volonté de certains de critiquer de casser le Centre et le Centrisme, c’est qu’ils ont réussi à porter aux nues un Barack Obama qui s’est toujours réclamé de ce Centre et ce Centrisme en faisant disparaître cet aspect essentiel de son positionnement politique!

Emmanuel Macron peut-il réussir dans son entreprise de refondation?
Il faut le souhaiter pour la France.
Mais ce qui est fascinant, c’est qu’il a été élu en tant qu’individualiste, libéral, progressiste, européen et internationaliste dans un pays qui soi-disant, nous disent à longueur de journées nos intellectuels médiatiques, est égalitariste, étatiste, conservateur, nationaliste et protectionniste, contre l’esprit d’entreprise, les opportunités, la construction d’une Europe fédérale et d’une mondialisation humaniste.
Une sorte de centriste égaré dans un monde hostile!
Si tel est le cas, alors les Français sont des imbéciles inconséquents qui votent pour mettre au pouvoir un homme qui représente tout ce qu’ils détestent.
Si c’est faux, c’est que ces intellectuels cathodiques doivent beaucoup travailler pour essayer de comprendre ces mêmes Français qui sont peut-être encore ce grand peuple qui rêve de construire une meilleure société et non de se recroqueviller en attendant de disparaître…

En quoi votre ouvrage permet de comprendre le macronisme?
«Le Centrisme du XXI° siècle» a été écrit, pour ce qui concerne sa première édition, il y a plusieurs années, avant même sans doute qu’Emmanuel Macron donne une structure définitive à son engagement politique.
Il se veut une tentative de définir, de caractériser et d’expliciter ce qu’est ce courant de pensée humaniste qui refuse une société clivée mais qui au contraire estime que par le juste équilibre, on peut bâtir une société fraternelle d’individus libres et égaux capables de réaliser dans le respect de leurs différences leurs projets de vie.
C’est grosso modo ce que nous propose aujourd’hui Emmanuel Macron.
En ce sens, le macronisme est bien le Centrisme du XXI° siècle.

Propos recueillis par Jean-Louis Pommery


Actualités du Centre. Sondage: 61% des Français satisfaits du nouveau gouvernement

Le président Macron et son gouvernement
Selon un sondage de l’institut Elabe pour BFMTV, 61% des personnes interrogées se disent satisfaites de la composition du gouvernement constitué par Emmanuel Macron (contre 38% de mécontents).
Pour 65% d’entre elles, ce gouvernement incarne bien le renouvellement promis par le nouveau président de la république (contre 33% qui sont d’un avis contraire).
Pour 54%, ce gouvernement «sera efficace pour répondre aux problèmes du pays» (contre 45% qui sont d’un avis contraire).
A la question «vous savez que le nouveau gouvernement est composé de personnalités venant de la Droite, du Centre et de la Gauche, à votre avis, cela peut-il durer tout le quinquennat?», seuls 47% des sondés répondent que oui (contre 52% qui répondent négativement).
Si l’on entre dans les détails des réponses, on s’aperçoit que les électorats des cinq grands candidats à l’exception unique de celui de Marine Le Pen expriment leur satisfaction face à la composition de ce nouveau gouvernement ainsi que les personnes qui se sont abstenues ou on votés blanc lors du premier tour de la présidentielle.
C’est exactement le même cas de figure pour ce qui est d’affirmer que ce gouvernement est l’incarnation du changement promis par Macron.
En revanche, seuls les électorats des trois candidats défendant la démocratie républicaine (Macron, Hamon, Fillon) estiment majoritairement que ce gouvernement pourra répondre efficacement aux problèmes du pays.
Enfin, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron pensent que cette configuration gouvernementale peut durer tout le quinquennat…
(Sondage Elabe réalisé le 17 mai 2017 par internet auprès d’un échantillon de 937 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Législatives 2017. Sondage: 60% des Français veulent que Macron ait une majorité pour gouverner

Emmanuel Macron
Selon un sondage Harris-Interactive pour l’Emission politique de France 2, 60% des personnes interrogées souhaitent qu’Emmanuel Macron puisse disposer d’une majorité à l’Assemblée nationale pour gouverner alors qu’ils sont 39% à souhaiter une cohabitation.
Dans ces 60%, 23% veulent qu’il ait une majorité absolue, 20% qu’il ait une majorité relative et qu’il fasse alliance avec le centre-gauche, 17% qu’il ait une majorité relative et qu’il fasse alliance avec le centre droit.
Si l’on détaille ce sondage, on s’aperçoit que seuls les sympathisants des partis extrémistes rejettent très majoritairement une majorité pour Macron qu’elle soit absolue ou par une coalition.
Ainsi, 59% des sympathisants de la France insoumise et 73% des sympathisants du Front national souhaitent une cohabitation démontrant une nouvelle fois que ces formations sont le réceptacle de tous les adversaires de la démocratie républicaine qui, rappelons-le, est un système qui fonctionne le mieux par le consensus et le compromis.
Quant aux autres partis, une majorité absolue ou issue d’une coalition a les faveurs de 97% des sympathisants d’En marche (dont 63% pour une majorité absolue), 82% des sympathisants du PS (dont 70% pour une coalition avec le centre-gauche) et 56% sympathisants LR (dont 47% pour une coalition avec le centre-droit).
A noter, toutefois que si seulement 3% des sympathisants En marche sont pour une cohabitation (!) et 18% des sympathisants du PS, ils sont 44% des sympathisants LR à être dans ce cas.
(Sondage Harris-Interactive réalisé du 15 au 17 mai 2017 par internet auprès d’un échantillon de 5015 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)



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Actualités du Centre. Borloo, Rossinot, Hénart veulent travailler avec Macron, que fait le Parti radical avec Lagarde?

Jean-Louis Borloo & Laurent Hénart
Jean-Louis Borloo ancien président du Parti radical, fondateur et premier président de l’UDI a signé l’appel des personnalités de la Droite et du Centre afin d’accepter la main tendue par Emmanuel Macron et de travailler dans une majorité présidentielle capable de faire gagner la France.
André Rossinot, président d’honneur du Parti radical vient de déclarer dans un communiqué s’associer à cet appel «parce que le Centre et la Droite doivent prendre la mesure de la transformation politique qui s’opère dans notre pays, que c’est l’intérêt supérieur de la France et de l’Europe.»
Et Laurent Hénart qui avait déclaré l’année dernière que le candidat soutenue par l’UDI pour la présidentielle pouvait être Emmanuel Macron avant de devoir faire machine arrière sous les pressions de ses «amis» politiques, continue à défendre l’alliance LR-UDI pour les législatives tout en affirmant que «c’est la seule manière de constituer une majorité ouverte, enfin détachée des vieux réflexes partisans. Une majorité d’intérêt national, qui saura conduire les transformations indispensables et faire de ce quinquennat une période utile pour notre pays», sous-entendu, il faudra travailler avec La république en marche et formé une coalition ce qui n’est pas du tout le discours officiel de l’UDI porté par Jean-Christophe Lagarde qui veut, lui, une cohabitation sèche et dure avec une majorité exclusive LR et UDI.
On comprend bien que la majorité du Parti radical et ses leaders moraux et politiques auraient bien voulu tenter l’aventure de la refondation politique d’autant plus que celle-ci est portée depuis de nombreuses années par Jean-Louis Borloo et que c’est dans l’ADN des radicaux qu’ils soient valoisiens (centre-droite) et de gauche (centre-gauche) et fut, par exemple, portée en son temps, également, par Jean-Jacques Servan-Schreiber.
Sans doute qu’il aurait fallu un peu plus de courage de la part de Laurent Hénart, courage qui est une vertu politique.
Mais l’on peut penser qu’un large mouvement de radicaux aura lieu après les élections législatives que cela concerne le parti dans un rapprochement officiel ou de nombre de membres de celui-ci qui n’ont pas encore franchi le pas.
D’autant que la Parti radical, tout au long de son histoire, a toujours privilégié l’intérêt du pays à des considérations uniquement partisanes.
En tout cas, la ligne politique du Parti radical (qui avait décide de quitter l’UMP en 2011, rappelons-le) n’est certainement pas celle d’un Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI, qui s’enferme un peu plus chaque jour dans une logique qui n’a plus rien avoir avec le Centre et le Centrisme.