mercredi 10 mai 2017

L’Humeur du Centriste. Lagarde, l’imposteur qui voulait parler à la place de Borloo

Jean-Christophe Lagarde
C’est devenu une bien mauvaise habitude de la part de Jean-Christophe Lagarde, parler à la place de Jean-Louis Borloo en lui prêtant des propos qui vont, étonnamment, toujours dans son sens!
Même lorsque l’ancien président et fondateur de l’UDI soutien sans réserve Emmanuel Macron pour le second tour de la présidentielle tout en lui faisant des propositions explicites de service alors qu’il n’a pipé mot sur François Fillon au premier tour, ne déclarant jamais le soutenir alors que Lagarde affirmait sans pudeur le contraire, le président actuel de la confédération «centriste» continuait à jouer sans vergogne et sans aucun mandat le rôle de porte-parole de son ancien chef.

Une imposture que même Borloo avait dénoncée en déclarant que tous ceux qui parlaient en son nom n’avaient aucune légitimité à le faire et que ce qu’ils disaient étaient des mensonges.

Des propos que, manifestement, monsieur Lagarde, n’a pas entendu, trop préoccupé de justifier sans fin et sans y parvenir, son alliance avec le candidat de droite radicale, François Fillon, sur un programme très peu centro-compatible, le tout dans une démarche uniquement électoraliste de gagner le plus de sièges possibles aux législatives en s’adossant au parti, LR, qui alors semblait devoir remporter les élections de mai et juin.

Et le voilà qui recommence dans un entretien au quotidien l’Opinion en affirmant que Jean-Louis Borloo lui a dit qu’il n’était pas candidat à la fonction de premier ministre alors même que l’on parle de ce dernier comme possible choix parmi d’autres pour ce poste.

Et, bien entendu, Lagarde s’appuie sur des conversations qu’il a eues avec Borloo, sauf qu’il n’en apporte aucune preuve comme il n’avait apporté aucune preuve de ses précédentes déclarations à propos de ce que pensait ce dernier et qui s’étaient avérées des contre-vérités honteuses pour faire en sorte que les électeurs UDI votent pour Fillon.

Or donc, avant le second tour, Lagarde disait que Borloo soutiendrait les candidats UDI aux législatives pas ceux de La république en marche (nouveau nom d’En marche!).

Sur quoi se basait-il?

Sur rien sauf sur son instinct politique qui lui faisait dire qu’Alain Juppé remporterait la primaire LR puis la présidentielle puis que ce serait François Fillon qui serait président de la république avant de lui demander de se retirer parce qu’il ne pouvait pas gagner l’élection puis de prétendre qu’il serait présent au second tour qu’il remporterait.

Quelle science électorale, ce Lagarde!

Au-delà des retournements de veste, il a prédit avant le 7 mai que «voter Macron ne signifie pas que l’on devient macroniste le lendemain. Les électeurs qui ont voté Chirac en 2002 n’ont pas adhéré au RPR après le second tour. (…) Les législatives sont loin d’être jouées. Le débat qui n’a pas eu lieu à la présidentielle se déroulera aux législatives. Et les électeurs qui ont choisi Macron, un peu par défaut et sans être d’accord avec son programme, feront un tout autre choix aux législatives».

Vu ces précédentes prédictions, on attendra plutôt les résultats du vote des Français…

Depuis la victoire d’Emmanuel Macron, le président de l’UDI affirme qu’il y a un nouveau programme LR-UDI qui est «plus ambitieux, plus équitable» (donc, celui d’avant ne l’était pas assez, ce qui ne l’avait pas empêché de le déclarer totalement centro-compatible).

En outre, il ne voit pas – et il est bien le seul – de ralliements de membres de l’UDI à Macron, déclarant de manière impudique et grotesque que «ce n’est pas parce qu’il y a une élection, ce n’est pas parce qu’il y a des postes à distribuer qu’on doit changer d’idée, de valeurs, de projet», alors même que c’est ce qu’il a fait en s’alliant avec Fillon!

Le ridicule ne tue pas mais vu le personnage on aimerait bien que cela tue certaines carrières politiques.

Le Centre et le Centrisme méritent mieux que des bouffons irresponsables de ce style.

Les législatives permettent d’espérer que ceux-ci seront définitivement emportés par une nouvelle vague politique.



Centristement votre.



Le Centriste




Présidentielle 2017. La victoire de Macron est-elle celle du Centre?

Le nouveau président lors de sa première intervention
Certains disent que la victoire d’Emmanuel Macron est celle du Centre.
En France mais plus encore à l’étranger beaucoup le présente comme un centriste.
Si l’on ne peut sérieusement exclure le fait que les centristes aient participé grandement à la victoire du nouveau président de la république et que celui-ci est largement sinon totalement centro-compatible, il est néanmoins excessif de dire que le Centrisme est désormais au pouvoir à l’Elysée.
Non pas forcément qu’Emmanuel Macron ait chamboulé er refondu les clivages politiques par son «ni, ni» (ni Gauche, ni Droite» qui est le crédo centriste, rappelons-le) ainsi que par son «en même temps» (qui est la vision centriste d’une politique du juste équilibre) ni même par son «et, et» («et Gauche, et Droite» qui est le crédo rassembleur essentiel pour une victoire d’un Centre minoritaire) ou par l’opposition progressistes versus conservateurs (qui est le crédo des réformistes dans lequel se retrouve les centristes).
Mais, d’abord, parce qu’Emmanuel Macron ne pourra pas gouverner avec une majorité dominée par le Centre.
La raison n’est pas que les centristes – à défaut de tous les partis centristes – l’aient rejoint en masse mais parce qu’ils ne sont pas assez forts et nombreux pour être la colonne vertébrale de la majorité présidentielle.
Ensuite, En marche! qui est devenu La République en marche, n’est pas un mouvement centriste, non plus.
Bien entendu, son centre de gravité se trouve sans doute proche du Centre mais il regroupe des personnes qui sont de droite, de gauche, du Centre ou qui ne veulent pas ou plus se reconnaitre dans cette classification.
Il est un rassemblement hétéroclite qui veut changer les choses, pas toujours dans le même sens – même si un consensus existe sur des questions à résoudre et des réformes primordiales à mener –, surtout, qui est derrière un homme, Emmanuel Macron.
Ce dernier élément, même s’il est caractéristique des institutions de la V° République où l’on élit au suffrage universel un président qui a de très nombreux pouvoirs, est très prégnant dans cette élection de 2017 et est la raison essentielle qui fait que ce n’est pas le Centre qui a gagné le 7 mai au soir.
Et, c’est vrai que l’on peut, dans ce cadre, faire une référence au Général de Gaulle et au gaullisme dont la fidélité à l’un et la conviction par rapport à l’autre étaient un engagement atypique, tout au moins dans un premier temps (avant que les partis gaullistes deviennent quasiment uniquement de droite), comme l’est aujourd’hui le vote en faveur d’Emmanuel Macron et la conviction dans sa démarche représentée par un progressisme trans-parti.
Il sera toujours temps de faire évoluer cette analyse avec la pratique du pouvoir du nouveau président de la république ainsi que par rapport à la majorité qui sortira lors des prochaines législatives avec deux scénarios possibles pour une majorité présidentielle (une majorité absolue pour La République en marche, une coalition allant de la droite réformiste à la gauche réformiste) et un scénario de cohabitation.
Evidemment que cette pratique du pouvoir d’Emmanuel Macron sera différente selon le scénario qui devra être mis en place.
Reste que Centrisme et macronisme font partie de la même famille, l’axe central, sont certainement cousins, peut-être même frères mais dans ce dernier cas, ils ne sont pas jumeaux, chacun ayant des différences qui pourront soit s’estomper plus ou moins, soit, au contraire, se creuser dans l’exercice des responsabilités du huitième Président de la République française.

Alexandre Vatimbella


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