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Le Pen, Macron et les fausses équivalences |
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Les médias ont très étrangement passé sous silence une des
raisons avancées par Hillary Clinton pour expliquer sa défaite face au
populiste démagogue Donald Trump et qu’elle vient de fournir.
Celle-ci, lors d’une conférence, a mis en cause le
comportement indigne du directeur du FBI – et non le FBI en entier comme le
disent certains journalistes – qui a laissé croire quelques jours avant le
vote, sans preuve aucune, qu’elle pouvait être coupable dans l’affaire de son
compte e-mail ainsi que les attaques pilotées dont elle a été la cible de la part
de Vladimir Poutine via le site du trublion d’extrême-gauche Julian Assange,
Wikileaks, qui étaient étrangement coordonnées avec celles de Trump à son
égard, sans oublier la misogynie dont elle est victime depuis son entrée en
politique.
Mais elle a ajouté un autre élément tout aussi déterminant
pour elle et sans doute plus encore que les autres pour les observateurs
avertis, ces fameuses fausses équivalences.
Ici, elle parle de la manière dont les médias ont traité les
deux candidats.
Dans un souci d’égalité et d’équité que l’on ne peut
critiquer au départ, ceux-ci ont décidé de rapporter les propos de chacun
d’entre eux en leur donnant la même importance, ce qu’ils avaient déjà fait
lors des primaires démocrates et républicaines vis-à-vis de tous les candidats.
Sauf qu’il est apparu bien vite que Donald Trump était un
menteur pathologique et qu’il inventait même et sans vergogne des faits et des
événements ou qu’il allait les chercher dans les sites internet
conspirationnistes qui ne pouvaient fournir aucune preuve de ce qu’ils
avançaient.
Pour autant, le comportement des médias à son égard n’a pas
varié alors que cela aurait du être le cas au nom de la recherche de la vérité.
Ainsi, comme nous avions eu l’occasion de le dire en
couvrant la campagne américaine, ils se sont mis, en toute connaissance de
cause, à jouer à une fausse équité en rapportant avec le même sérieux, en
donnant la même crédibilité, aux mensonges de Trump qu’aux propos de Clinton
mais, beaucoup plus grave, qu’aux réalités.
Ils ont également fait de même, au nom de la même équité, lorsqu’ils
ont mis sur le même plan les comportements et les actions de Trump dont certains
sont considérés comme délictueux et certaines accusations sans fondement portées
contre Clinton voire des agissements qui n’avaient rien de condamnables.
Ainsi, chaque fois qu’une accusation était portée contre
Trump avec preuve à l’appui, il y en avait une à l’encontre de Clinton qui
souvent ne reposait sur rien…
C’est cela les fausses équivalences, donner la même crédibilité
à chacun des propos des candidats alors que l’un ment et l’autre pas ainsi que
de trouver un élément négatif à un candidat quand il y en a un pour l’autre,
même si cela n’a rien à voir, voire a été créé de toute pièce, le tout afin de
respecter une équité qui n’en est évidemment plus une.
Si je reparle aujourd’hui de ces fausses équivalences et de cette
fausse équité qui faussent in fine la démocratie, c’est parce qu’elles ont
cours de la même façon dans la campagne électorale qui se déroule actuellement
en France.
Quand on a évoqué les détournements de fonds avérés de
François Fillon et de Marine Le Pen, il faut se rappeler avec quelle célérité
de nombreux médias ont rapporté sans preuve aucune des malversations d’Emmanuel
Macron, sauf que toutes étaient fausses.
De la même manière le projet irréalisable et dangereux de la
candidate d’extrême-droite que tous les experts sérieux condamnent sans appel
est mis systématiquement mis en rapport avec celui du candidat d’En marche!
alors qu’ils ne sont pas de même nature.
Dans le cas du projet de Le Pen, on est dans le mensonge
éhonté alors que dans le cas du projet de Macron, on est dans le cadre du débat
démocratique où s’opposent des choix raisonnés les uns par rapport aux autres.
On comprend bien qu’il ne peut y avoir ni équivalence, ni
équité à les mettre sur le même plan.
L’information, en démocratie, n’est pas seulement de
rapporter des propos et des agissements mais aussi de les mettre en perspective
avec les valeurs de la démocratie républicaine.
C’est cela l’information citoyenne qui nous permet à chacun
de choisir le meilleur candidat par rapport à nos convictions, c’est cela qui
justifie l’existence d’une presse libre, non la volonté de faire le buzz, ni de
travestir la réalité pour on ne sait quel but à part nuire à la démocratie,
donc à la liberté de la presse.
Centristement votre.
Le Centriste