On savait que le Centre avait beaucoup d’ennemis, à la fois,
à sa gauche et à sa droite.
En revanche, on ne savait pas qu’elle pouvait susciter les
comportements auxquels on assiste médusés depuis dimanche soir et les résultats
du premier tour de la présidentielle.
On découvre ainsi que les haineux des centristes sont aussi
des irresponsables de la démocratie républicaine.
Bon, soyons honnêtes, aucun démocrate lucide n’attendait
grand-chose de Jean- Luc Mélenchon, de Philippe Poutou ou de Florence Arthaud,
d’un côté, et d’un Nicolas Dupont-Aignan ou François Asselineau de l’autre.
Leur fibre démocratique s’arrête à la liberté de défendre
leurs idéologies liberticides et à empêcher les autres de les contredire une
fois au pouvoir.
Mais, bon, on pensait qu’une certaine conscience pourrait au
moins leur faire faire une distinction entre un candidat démocrate et proche du
Centre et une candidate autoritaire et d’extrême-droite.
Même pas, c’est vous dire leur obscurantisme et leurs
pathologies totalitaires.
Du coup, beaucoup de politiques de droite et de gauche se
sont engouffrés dans cette faille pour affirmer qu’ils ne voteraient pas Le Pen
sans soutenir Macron, pour dire qu’ils s’abstiendraient ou qu’ils voteraient
blanc.
Oui, quand vous ouvrez une brèche dans la démocratie, vous
voyez arrivé tous les faux démocrates et tous les vrais cons.
Ceux qui, en 1940, n’auraient pas voulu choisir s’ils
avaient eu à le faire, ente Pétain et de Gaulle…
Ce qui est encore plus triste de la part de ces
irresponsables démocratiques c’est qu’ils essaiment dans leurs camps auprès de
leurs militants, de leurs sympathisants et de leurs électeurs.
Ainsi, copiant leurs aînés, de jeunes crétins défilent dans
les rues au cri de «ni, ni», ne se rendant sans doute pas compte, c’est vous
dire leur conscience politique, qu’ils disent, en réalité, «ni dictature, ni
démocratie».
Affligeant.
Ils ne se rendent pas compte qu’être alliés objectifs de Le
Pen ce n’est pas seulement voter pour elle mais c’est aussi ne pas voter contre
elle.
Et que s’abstenir c’est donc lui donner une chance de
parvenir au pouvoir, donc la soutenir
Ils sont ainsi, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le savent
ou non, ses complices.
Personne ne leur demande de dire qu’ils aiment Macron ou
qu’ils le soutiennent mais ils devraient savoir que pour continuer à s’opposer
à lui et à manifester contre lui, il faut, ici et maintenant, voter pour lui!
En 2002, des millions de personnes avaient manifesté au cri
de non à l’extrême-droite comprenant ce qui était essentiel.
Cela semble si loin.
Quant à certains médias, notamment audiovisuels, qui se sont
fait une spécialité dans la déstabilisation de Macron, voire à un
Macron-bashing, pour ce deuxième tour et à qui il faudra un jour demander des
comptes au nom de la démocratie, on est partagé entre l’inculture journalistique
et historique de leurs équipes, leur recherche pathétique du sensationnel à
tout instant au mépris de toute déontologie, une lamentable fascination morbide
face aux dangers des extrêmes et du populisme démagogique et une recherche
cupide du taux d’audience en jouant sur la peur et l’angoisse.
A tous ceux-là, le Centre et le Centrisme dont Emmanuel
Macron – candidat de l’espace central – est proche, n’ont à opposer que les
plus belles valeurs de la démocratie républicaine, celles de liberté, d’égalité,
de fraternité, de respect, de solidarité, de tolérance pour tous sans aucune
distinction, même ceux qui jouent avec elles en ce moment.
Alors, oui, la haine du Centre comme elle se manifeste entre
les deux tours de cette présidentielle est bien une irresponsabilité politique
contre laquelle nous devons lutter et nous opposer, même pour les imbéciles qui
n’ont rien compris aux enjeux qui sont juste devant nos yeux.