vendredi 14 avril 2017

Présidentielle 2017. Oui certains sondages se resserrent mais oui Macron demeure le favori

Emmanuel Macron
Pour vendre du papier ou faire du taux d’audience, voire pour des raisons idéologiques aussi peu honorables que les raisons commerciales précitées, les médias sont en train de dramatiser le scrutin à une semaine du premier tour en affirmant que les quatre candidats de tête sont dans un mouchoir de poche et que tout est encore possible.
Or, s’il est vrai que les scores dans certains sondages mais pas tous se resserrent, il n’en demeure pas moins que, pour tous sans exception jusqu’à présent, les deux finalistes sont toujours les mêmes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, de même que le leader d’En marche! bat facilement la candidate d’extrême-droite au second tour.

En revanche, on peut, pour prétendre ce que l’on veut démontrer – que la course est serrée ou qu’elle semble à l’avantage de celui-ci ou celui-là –, choisir le sondage de son choix.

Ainsi, Le Monde, Le Figaro, BFMTV et Le Point préfèrent, par exemple, titrer sur un Macron en difficulté et s’étendre sur les sondages censés le prouver alors que l’on peut tout aussi bien choisir ceux qui le montrent toujours largement en tête et vainqueur facile le 7 mai.

Nous ne sommes évidemment pas devins pour prétendre quels sont les bons sondages et les mauvais (nous le saurons, comme tout le monde, le 23 avril au soir) et nous ne savons évidemment pas ce qui va se passer dans la dernière semaine de la campagne, ni nous ne serons dans l’isoloir avec tous les Français pour connaître leurs votes avant les résultats officiels.

Mais c’est exactement le même cas pour tous les médias, pour tous les commentateurs et pour tous les sondeurs.

Donc, la règle est de parler de la situation présente avec le maximum d’honnêteté: oui, certains sondages mais pas tous montrent un resserrement en tête mais oui Macron demeure le favori.

Prenons, pour illustrer notre propos, trois sondages publiés aujourd’hui, celui d’Ipsos pour Le Monde, celui d’Odoxa pour Le Point et celui de BVA pour la presse régionale et Orange.

D’abord, les trois donnent Macron en tête au premier tour et vainqueur au second (61%-39% pour Odoxa, 63%-37% pour Ispos, 64%-36% pour BVA), ce qui est une quasi-constance de toutes les enquêtes d’opinion.

Mais il est vrai qu’Ipsos indique que le leader d’En marche! et Le Pen marquent le pas au premier tour avec 22% d’intentions de vote (en baisse de deux points) pendant que Jean-Luc Mélenchon passe en troisième position avec 20% (+1,5%) et François Fillon est quatrième avec un gain d’un point (à 19%).

Mais ce n’est pas du tout le cas pour Odoxa qui indique que le leader d’En marche! gagne un point et se retrouve à 24,5% d’intentions de vote, distançant Marine Le Pen de 1,5 point (à 23%) ainsi que Mélenchon (19%) et Fillon (18,5%).

Quant à BVA, il montre Macron stable (23%), Le Pen en baisse d’un point (22%), Mélenchon et Fillon en hausse d’un point et à égalité (20%)

Des résultats qui ne sont pas du tout les mêmes avec des échantillons qui sont pourtant proches…

Dans le premier cas, Macron et Le Pen ne possèdent que deux points d’avance sur Mélenchon et trois sur Fillon, dans le deuxième l’avance de Macron est nettement plus conséquente (5,5 points sur Mélenchon et 6 points sur Fillon), dans le troisième Macron est sûr de terminer dans les deux premiers.

Dans le premier cas, les quatre candidats sont dans la marge d’erreur, dans le deuxième, il faudrait un concours de circonstances improbables pour que Macron soit éliminé au premier tour et dans le troisième, tout se joue à la limite.

Donc, si l’on veut présenter un Macron en difficulté, on choisit Ipsos, si on veut montrer une dynamique en sa faveur, on prend Odoxa et si l’on veut montrer une certaine stabilité du candidat d’En marche!, on prend le troisième!

Mais, répétons-le, que l’on prenne Ipsos, Odoxa ou BVA la tendance demeure la même, Macron est en tête au premier et au second tour dans une séquence longue.

D’autant que dans les questions subsidiaires (concernant le potentiel électoral, le souhait de victoire, le pronostic, la stature présidentielle), le candidat d’En marche! est systématiquement en tête de tous les candidats.

Voici les résultats des sondages du jour (dont les deux sondages quotidiens):

- Odoxa

Au premier tour: Macron (24,5%), Le Pen, (23%), Mélenchon (19%), Fillon (18,5%), Hamon (8%), Dupont-Aignan (3,5%), Poutou (1,5%), Lassalle (1,5%), les autres candidats à 1% ou moins d’intentions de vote.

Au deuxième tour: Macron (61%), Le Pen (39%).

- Ipsos

Au premier tour: Macron (22%), Le Pen, (22%), Mélenchon (20%), Fillon (19%), Hamon (7,5%), Dupont-Aignan (3,5%), Poutou (2%), Lassalle (1,5%), Asselineau (1,5%), les autres candidats à 1% ou moins d’intentions de vote.

Au deuxième tour: Macron (61%), Le Pen (39%).

- BVA

Au premier tour: Macron (23%), Le Pen, (22%), Mélenchon (20%), Fillon (20%), Hamon (7,5%), Dupont-Aignan (3%), Poutou (1,5%), les autres candidats à 1% ou moins d’intentions de vote.

Au deuxième tour: Macron (64%), Le Pen (36%).

- Ifop «rolling»

Au premier tour: Le Pen (23%), Macron, (22,5%), Mélenchon (19%), Fillon (19%), Hamon (8%), Dupont-Aignan (4%), Poutou (2%), les autres candidats à 1% ou moins d’intentions de vote.

Au deuxième tour: Macron (59%), Le Pen (41%).

- Opinionway «rolling»

Au premier tour: Le Pen (23%), Macron, (22%), Fillon (20%), Mélenchon (17%), Hamon (9%), Dupont-Aignan (3%), Poutou (2%), Lassalle (2%), Asselineau (2%) les autres candidats à 1% ou moins d’intentions de vote.

Au deuxième tour: Macron (62%), Le Pen (38%).

(Sondage Odoxa réalisé les 12 et 13 avril 2017 par internet auprès d’un échantillon de 950 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points //Sondage BVA réalisé du 12 au 14 avril 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1439 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage Ipsos réalisé les 12 et 13 avril 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1509 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Ifop réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement –  âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Opinionway réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement – âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)



Alexandre Vatimbella








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L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Existence et réalités de l’axe central en 2017

J’ai souvent écrit ici sur l’axe central et l’espace central dont il me faut d’abord rappeler la définition.
L’espace central, d’abord, est ce lieu politique qui regroupe toutes les tendances politiques humanistes, réformistes, progressistes, attachées à la démocratie républicaine libérale et aux libertés dont la liberté d’entreprise.
Sur l’échiquier politique traditionnel (qui, ne l’oublions pas, n’est qu’un instrument pour situer des courants de pensée et les organisations qui les représentent), l’espace central va de la droite libérale et réformiste à la gauche social-libérale et réformiste en passant par le Centre libéral social.
Cet espace n’est donc pas contingent à la situation politique d’un pays à un moment donné mais est une constante quelle que soit l’importance de ce qui se trouve à sa gauche ou à sa droite, quelle que soit sont importance.
L’axe central, ensuite, ce sont les partis et les personnalités politiques qui sont positionnés sur cet espace et l’incarnent.
On y trouve aujourd’hui – car ici la contingence est de règle – l’aile modérée et réformiste de LR ainsi que celle du PS, les partis centristes ainsi que le mouvement En marche!
Pour personnaliser cet axe, citons comme ses représentants principaux, Alain Juppé, Jean-Louis Borloo, François Bayrou, Emmanuel Macron, Manuel Valls.
Cet axe est né de deux phénomènes qui ont impacté la politique dans la plupart des démocraties républicaines de la planète.
D’abord, la montée de l’extrémisme et du radicalisme tant à droite qu’à gauche, rapprochant ainsi, en France, d’un côté, l’aile gauche du PS et la gauche radicale (Front de gauche) ainsi que les extrêmes-gauches (Parti communiste, mouvance trotskiste et groupuscules divers) et, de l’autre, l’aile droite de LR et la droite radicale ainsi que l’extrême-droite avec le FN.
Ces deux nouveaux pôles ont accouché d’un troisième, pôle que l’on peut nommer axe central et dont j’ai donné plus haut la composition.
Celui-ci est, en effet, plus une conséquence des deux rapprochements  à gauche et à droite des radicaux et des extrêmes que d’un rapprochement de ses composantes parce que le système politique institué par la Constitution de la V° République avait eu, jusqu’à présente, de rattachez l’aile droite de l’axe central à toute la Droite et l’aile gauche à tout la gauche.
D’où, par exemple, la création du PS en 1971 et de l’UMP en 2002.
Ainsi, si Alain Juppé est aujourd’hui plus proche d’Emmanuel Macron que d’Eric Ciotti, c’est parce que celui-ci est désormais plus proche de Marine Le Pen que du maire de Bordeaux et que cette déportation des radicalités de droite et de gauche est apparue insupportable aux ailes modérées de ces partis attrape-tout.
Ensuite, cet axe est né de la résistance à la montée du populisme et de la démagogie qui s’est emparée des deux pôles de droite et de gauche depuis le début du XXI° siècle avec un coup d’accélérateur lors des attentats du 11 septembre 2001, puis lors de la Grande récession de 2008 et, plus récemment, lors de la grande vague d’immigration vers les pays avancés pour des raisons multiples et toujours en cours.
Les analyses divergentes sur ces événements majeurs qui posent bien des questions sur la manière de gérer correctement leurs causes et leurs conséquences ont radicalisé nombre de gens de gauche et de droite avec un coupable tout désigné, la société ouverte, cette démocratie républicaine libérale, base d’une mondialisation humaniste, défendue par l’ace central et qui s’est retrouvée diabolisée et bouc émissaire de tous les dysfonctionnements de la planète.
Or, c’est bien dans la gestion droitière et gauchiste de ces événements que ces événements se sont transformés en crise.
Par exemple, l’enrichissement indécent et outrancier des plus riches est bien à mettre au débit d’une droite ultralibérale (en matière économique) et réactionnaire (en matière de mœurs) et le refus des réformes progressistes pour éviter que ces crises deviennent systémiques est bien à mettre au débit d’une gauche conservatrice et idéologiquement intégriste, cette droite et cette gauche totalement gangrénée par le clientélisme et une incapacité à imaginer un avenir pour tous.
Devant le repli identitaire, l’exclusion de l’autre, la fermeture de la société, les diatribes antimondialisation et anti-Union européenne, la chasse à l’individualisme, l’indentification, d’un côté, de l’étranger à un terroriste ou un profiteur et, de l’autre, le refus extravagant de penser la réalité des menaces terroriste et culturelle, les composantes de l’axe central ont adopté la même attitude et le même discours pour dénoncer ce fatras d’idées réactionnaires, conservatrices et obscurantistes et irresponsables.
Tout cela devrait aboutir logiquement dans les temps qui viennent à la constitution d’une tri-coalition (et non à celle d’un tripartisme où trois formations regrouperaient les différentes tendances des trois pôles dont on vient de parler), une à gauche, une à droite et une occupant l’espace central.
Ce n’est pas encore le cas pour cette présidentielle où les regroupements n’ont pas encore eu lieu de manière explicite même si l’on voit dans le vote des Français des rapprochements évidents entre les électeurs de Fillon et Le Pen ainsi qu’entre ceux de Hamon et Mélenchon, tout comme entre ceux de Juppé, de Macron et de Valls.
Dès lors, on peut parler sans conteste de l’existence sociologique d’un axe central en tant que nombre de Français s’y trouvent, s’y retrouvent et l’appellent de leurs vœux, les sondages montrant même qu’ils sont majoritaires.
De même, l’axe central est une réalité politique en tant que les partis et les personnalités qui le représentent, revendiquent d’y être même s’ils n’emploient pas le terme ou s’ils restent attachés encore à la vielle séparation partisane, ne lui donnant pas une existence structurée pour l’instant.
En revanche, l’axe central n’est pas encore une réalité électorale, dans le sens où aucune alliance pour des élections, que ce soit la présidentielle ou les législatives de cette année, n’a été réalisée jusqu’à présent entre les différentes composantes de celui-ci.
Bien sûr, le Mouvement démocrate est allié avec En marche!, tout comme l’UDI avait soutenue Alain Juppé lors de la primaire.
Mais, au-delà du fait qu’il s’agit de plusieurs alliances de représentants de l’axe central et non d’une alliance unique de toutes ses composantes, on a bien vu avec l’UDI que ce n’était pas la proximité idéologique qui l’avait rapprochée de Juppé mais la vieille vision politique qui l’a jetée immédiatement dans les bras du vainqueur de ce dernier lors de la primaire LR, François Fillon, représentant de la droite radicale et adversaire de l’axe central.
Ceci dit, si Emmanuel Macron remporte l’élection présidentielle et si son mouvement ne remporte pas la majorité absolue à l’Assemblée nationale lors des législatives de juin prochain, alors, avant de devenir une réalité électorale, l’axe central pourrait de venir une réalité gouvernementale avec la mise en place d’une coalition, soit dûment constituée soutenant un gouvernement où se retrouveraient toutes ses composantes, soit fonctionnant avec un gouvernement minoritaire et autour de projets précis avec l’union de circonstance de tous ses représentants (c’est ce que l’on appelle aussi le phénomène «post-partisan», théorisé notamment par Barack Obama, même si celui-ci signifie, dans son sens le plus large et le plus commun, une union de tous les partis républicains autour de réformes indispensables au pays).
Mais, quoi qu’il en soit de cette élection présidentielle, l’axe central a un avenir qu’il arrive au pouvoir en 2017 ou plus tard.
D’ailleurs, dans l’analyse que j’ai développée à son sujet, ce n’était pas lors de cette présidentielle que l’axe central devait émerger mais plutôt après cette élection dans un phénomène de recomposition plus lente du paysage politique que ce qui s’est passé.
Car des événements qui sont survenus en moins d’un an ont accéléré de manière quasi-exponentielle son apparition: la défaite d’Alain Juppé à la primaire LR, la défaite de Valls à la primaire du PS, la non-candidature de François Bayrou, la non-candidature de François Hollande et la révélation Emmanuel Macron ont cristallisé nombre de représentants – mais pas tous loin de là – des différents courants de l’axe central derrière la candidature de ce dernier à la présidentielle.
Ainsi, si Juppé, Valls et Bayrou avaient été présents lors de cette présidentielle, nous n’aurions pas eu cette réunion d’une partie de l’axe centra derrière Macron.
Néanmoins, s’il l’emporte le 7 mai prochain, Macron sera bien évidemment le représentant de l’axe central mais celui-ci ne sera pas pour autant une réalité électorale.
Mais nous sommes sans doute en train d’assister lors de cette élection présidentielle à une recomposition majeure du paysage électoral français et, ce, quel que soit le résultat du 7 mai.
Il est à prédire que beaucoup de choses ne seront plus comme avant.