Emmanuel Macron |
Emmanuel Macron a conclu son interview au quotidien Le Monde
en disant: «Je ne fais pas de la politique pour me faire insulter chaque jour».
Et à lire les questions des «journalistes» du Monde et leurs
remarques, on comprend non seulement de ce qu’il veut dire mais de qui il parle!
C’est une interview proprement scandaleuse, continuellement à
charge avec des questions hors de propos, sans intérêts, tendancieuses et
parfois ne s’appuyant sur aucune information sérieuse voire même réelle.
En réalité, elles n’ont d’autre objet que de tenter de
faire accroire à un certain nombre de rumeurs, reprenant des attaques sous la
ceinture et feignant, bien entendu, de n’être que des interrogations de
professionnels à la déontologie et à l’indépendance totales…
Mais, pour que vous jugiez de la pertinence de ce que je
viens de dire, entrons dans les détails.
Déjà, la première question augure d’une suite que l’on
devine sans peine: «Craignez-vous
d'être surévalué dans les sondages comme l'était Alain Juppé à la primaire de
la droite?»
Mais au cas où ni Macron, ni le lecteur n’auraient saisi le
sens de cette question, la quatrième revient sur le même terrain avec un biais
différent: «Près de 50 % de vos
électeurs se disent toujours indécis. N'est-ce pas inquiétant?»
Passons directement à la neuvième question où commence une
série d’insinuations particulièrement vicieuses: «Certains disent pourtant que vous feriez le plus mauvais candidat face à
elle?»
Les «certains» ne sont pas étrangement pas nommés par les
journalistes, sans doute parce que leur autorité en la matière est tellement
évidente qu’il vaut mieux ne pas dire qui ils sont…
La dixième question va dans le même sens: «Vous n'êtes pas Hillary Clinton face à Donald
Trump?»
Sous entendu, ne seriez-vous pas ce candidat de
l’establishment honni qui va être battu par Le Pen au deuxième tour (on se
rappelle alors tout le mal que Le Monde a dit de Clinton pendant la campagne
et, surtout, pendant les primaires démocrates quand elle était opposée à Bernie
Sanders, un homme de la gauche de la Gauche).
Quant à la onzième question, je vous laisse juge de sa
qualité journalistique ainsi que de la manière de se servir d’une candidat
d’extrême-droite afin d’attaquer un candidat républicain: «Mme Le Pen dit pourtant que vous êtes son meilleur
adversaire, celui qui incarne cette social-démocratie balayée partout en Europe.
Cela ne vous inquiète pas?»
D’autant qu’à la douzième question on en vient à la critique
première faite à Macron par… Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, c’est dire si
elle est légitime: «Incarnez-vous
vraiment une rupture avec l'ordre actuel alors que votre offre politique est
soutenue par toute la technostructure?»
Et même si Macron répond que non, les journalistes du Monde
ne sont pas du tout satisfaits et remettent le couvert avec la treizième
question: «N'êtes-vous pas en cohérence
avec ce qu'elle veut?»
La réponse de Macron ne présente sans doute aucun intérêt
pour ses intervieweurs puisque la quatorze question est: «Vous répondez sur votre parcours, mais vos
idées sont-elles en décalage avec ce que veut Bercy?»
Là, Macron commence à se demander de quelle sorte est cette
interview et il s’inquiète: «Je ne sais pas ce que vous sous-entendez par ‘ce
que veut Bercy’» dit-il. Ça tombe bien, moi aussi.
Puis viennent les questions perfides sur ses soutiens.
La seizième: «Vous
dites que vous n'êtes pas une ‘maison d'hôte’. Mais quelle est la cohérence
entre Robert Hue et Alain -Madelin, entre Manuel Valls et Xavière Tiberi, qui
vous soutiennent?»
Tiens, voilà une question qu’ils n’auraient pas poser à
Mitterrand en 1988 ou à De Gaulle en 1958 qui réunissaient au-delà de leurs
positionnements politiques personnels. Parce que, sans doute, en 2017 et pour
Macron, réunir des gens venus d’horizons divers c’est devenu une tare et non
une qualité…
Notons d’ailleurs que Macron répond en expliquant qu’il n’a
demandé à personne de le rejoindre mais qu’il ne peut empêcher les gens de le
soutenir.
Voilà une réponse qui ne plaît pas du tout à ses
interlocuteurs puisque la dix-huitième question fuse: «Est-ce à dire que vous êtes prêt à accueillir tout le monde?»
Et ils auraient pu ajouter «n’importe qui», cela aurait été
plus honnête de leur part.
Si vous n’avez pas encore compris le sens de cette interview
à charge, voilà un échange instructif qui montre tout l’agressivité du Monde à
l’égard de Macron:
Question: Vous dites vouloir renouveler les visages de votre
gouvernement mais vous avez parlé d'une ‘exception’ pour Jean-Yves Le Drian.
Qu'en est-il exactement?
Réponse: Ce sont des débats qui sont à la fois indécents et
qui n'ont pas grand sens. Je suis en train de mener campagne pour l'élection
présidentielle, pas de composer mon gouvernement. J'ai dit qu'il y aurait un
renouveau des visages, je le maintiens, car c'est la condition aussi du
renouvellement des pratiques et de l'efficacité. Nous n'avons pas fait tout
cela pour reprendre les mêmes.
Question: Ce n'est pas indécent, c'est une question de
respect de la parole publique. François Hollande avait dit qu'aucun ministre ne
cumulerait et puis, finalement, Jean-Yves Le Drian a cumulé le ministère
de la défense et la présidence de la région Bretagne…
Réponse: Chez moi, personne ne cumulera.
Question: Vous avez posé une règle, y aura-t-il des
exceptions?
Réponse: Je n'ai pas posé une règle, j'ai posé un principe.
La manipulation est tellement éhontée qu’on se demande à ce
stade comment la direction du Monde a pu autoriser la sortie de cette
interview.
Mais ce n’est pas fini et voilà la vingt-quatrième question:
«La droite souligne que les gens qui
vous entourent ont entouré M. Hollande. Etes-vous dans la continuité par
rapport à lui?»
Et, manifestement, il faut tenter d’associer Macron et
Hollande par tous les moyens.
Alors, la vingt-cinquième question y va de bon cœur: «Vous parlez d'une différence de méthode. Mais
sur le fond, êtes-vous l'héritier du hollandisme?»
Encore une fois, les
questions sont tellement limpides dans leurs volontés de nuire qu’elles n’ont
même pas besoin de réponses.
A la vingt-sixième question, voici que les journalistes du
Monde sortent une attaque qu’on avait pas encore entendue sur le candidat d’En
marche!: «Certains s'inquiètent (qui,
au fait??) de la façon dont vous voulez présider: un gouvernement resserré sans
expérience politique, un Parlement qui ne légiférera que trois mois, des syndicats
renvoyés dans les entreprises… N'est-ce pas une présidence césariste qui se
dessine?
Macron apprenti dictateur ou tout au moins autocrate à la
Poutine, voilà qui ne manque pas de sel quand on sait quels sont ses
adversaires lors de cette présidentielle: Le Pen, Mélenchon, Fillon.
Quand à la fin de l’interview, elle devrait être enseignée
dans les écoles du journalisme pour montrer comment on attaque une personnalité
politique que l’on n’aime pas avec des insinuations sur les dires de personnes
que l’on ne nomme pas et des affirmations sans aucune preuve sur ce que
soi-disant veulent savoir les Français.
Je vous la livre avec la dernière phrase de Macron, celle
avec laquelle j’ai commencé cet article pour que vous compreniez bien pourquoi
il s’est montré un peu agacé du traitement que Le Monde lui a réservé tout au
long de cet entretien.
Question: Cette campagne est dominée par les affaires et le
soupçon qui pèse sur la sphère politique. Vous concernant, les Français ne
comprennent pas comment, après avoir été banquier d'affaires, votre patrimoine
est à peu près le même que celui de Nathalie Arthaud, la candidate de Lutte
ouvrière…
Réponse: J'ai été dans la sphère privée, j'ai beaucoup
travaillé, j'ai gagné de l'argent et j'en suis très fier. Je n'aime pas
l'argent mais je ne le déteste pas. Les gens dangereux sont ceux qui ou
l'adorent ou le détestent. Je me suis endetté pour des acquisitions et des
travaux immobiliers. C'est cela qui est pris en compte dans les déclarations de
patrimoine. J'ai été contrôlé minutieusement par les services fiscaux et la
Haute Autorité pour la transparence. Ils ont confirmé mes déclarations, et
heureusement. A partir de ce moment, je n'ai pas à vous expliquer ce que j'ai
fait et comment j'ai vécu avec l'argent gagné dans le secteur privé. Je
lutterai jusqu'au bout contre la politique du soupçon et du voyeurisme.
Question: Vous vous présentez devant les Français, ils
peuvent avoir envie de savoir quel homme vous êtes…
Réponse: Ils savent que j'ai été contrôlé fiscalement et par
la Haute Autorité qui n'a rien trouvé à y redire, ils savent donc que j'ai fait
les choses de manière régulière.
Question: Après avoir découvert votre patrimoine, certains
ont conclu que vu vos gains comme banquier d'affaires et haut -fonctionnaire
(3,3 millions d'euros avant impôts entre 2009 et 2014), vous avez
-dépensé environ 1 000 euros par jour. Etes-vous un homme qui dépense 1
000 euros par jour?
Réponse: Ce qu'ils prétendent est à la fois faux et
diffamatoire. Quand on gagne de l'argent on paie beaucoup d'impôts et quand on
est indépendant, comme c'était mon cas, beaucoup de cotisations sociales. C'est
la loi et c'est très bien ainsi. Idem pour la prise en compte des travaux
immobiliers. J'ai connu ces facilités, mais je suis si peu ‘accro’ à l'argent
que j'ai quitté cette vie, et que je suis revenu au service public en renonçant
à ces revenus confortables. Connaissez-vous beaucoup de gens qui l'ont fait?
Mais vous voyez la nature du débat que nous avons. Vous êtes
journalistes dans un quotidien de référence et vous êtes amenés, parce que je
suis candidat, à me demander ce que j'ai fait de l'argent gagné quand j'étais
dans le secteur privé. Nous ne sommes plus là dans la transparence légitime.
Question: Ce sont des questions que les Français se posent…
Réponse: On a le droit de ne pas suivre les Français dans
leurs interrogations. C'est pour répondre à ces interrogations que les
obligations de transparence ont été considérablement renforcées : la déclaration
de patrimoine est publique!
Question: Les Français ont envie de savoir quel homme vous
êtes, si vous êtes un homme dépensier…
Réponse: Je ne suis pas un homme dépensier. Je ne dépense
pas 1 000 euros par jour! Si je dépendais de l'argent, je n'aurais pas
décidé de diviser mes revenus par dix ou quinze pour devenir secrétaire général
de l'Elysée en 2012, je n'aurais pas quitté l'Elysée pour rien en
2014. J'aurais refusé de devenir ministre. Je n'aurais pas quitté le
gouvernement et la fonction publique pour mener campagne. Je ne suis pas
dépensier car je n'ai pas de grands besoins.
Question: Vous avez refusé de donner le nom des grands
donateurs de votre campagne. Est-ce pour vous de la transparence illégitime?
Réponse: Bizarrement, étant candidat à la présidentielle, je
souhaite respecter la loi. C'est étonnant! Je n'ai bien sûr reçu aucun euro
d'entreprises, c'est interdit. Par ailleurs, les dons des personnes privées
sont plafonnés à 7 500 euros. La loi m'interdit de les rendre publics.
Elle m'impose de transmettre la liste des noms à une commission nationale des
comptes de campagne qui le vérifie.
Question: Vous avez dit que 2 % de vos donateurs
donnaient plus de 5 000 euros. Donc -environ 600 personnes assurent
un tiers de vos levées de fonds… Vous sentez-vous tenu par elles?
Réponse: Je ne suis dépendant de personne. J'ai emprunté
aussi 8 millions d'euros à mes risques personnels. Je ne suis donc pas
tenu par les dons d'aucun de nos plus de 35 000 donateurs. Je ne fais pas de la
politique pour être insulté chaque jour.
Oui, les journalistes du Monde font ici du mauvais Gala ou
Closer agrémenté d’un zest de Valeurs Actuelles et d’un autre du genre de sites
internet peu ragoûtants qui diffusent toutes les insinuations dont ils n’ont
pas le début du commencement d’une preuve.
Car, oui, les journalistes du Monde, en demandant à Macron
le nom de ses donateurs savent très bien que la loi lui interdit de les donner
(ou alors ils ont un problème professionnel).
Oui les journalistes du Monde n’ont pas à savoir comment
Macron dépense de l’argent qu’il a gagné honnêtement par son travail, même si
«les Français» veulent le savoir comme ils veulent sans doute savoir si sa
femme n’est pas une transsexuelle, s’il n’est pas un homosexuel refoulé, s’il
n’est pas un agent de la CIA ou le chef d’une cinquième colonne venue de Mars,
voire s’il n’a pas volé de sceptre d’Ottokar!
Oui, messieurs les journalistes du Monde, il y avait encore
beaucoup de questions hautement intéressantes à lui poser.
Allez, sans rancune, surtout faites encore un petit effort
et vous deviendrez de vrais journalistes.
A moins que tout cela n’était qu’un (mauvais) poisson
d’avril.
Mais même là vous avez raté votre coup.
Centristement votre
Le Centriste