S’il n’y avait qu’un bénéfice pour le Centre et le Centrisme
en France lors de cette élection présidentielle, c’est bien la démonstration de
l’inanité de la théorie de l’alliance «naturelle» du Centre et de la Droite
dans la vie politique depuis l’instauration de la V° République mais, bien plus
profondément, selon ses défenseurs, par la proximité des valeurs entre les deux
courants de pensée.
Et ceci est fondamental.
Rappelons qu’ici, depuis toujours, nous avons dénoncé cette
affirmation fallacieuse qui était démentie par les faits puisque le ralliement
du gros des troupes centristes à la Droite (mais jamais de la totalité), datait
de 1974 et de l’élection du libéral de centre-droit, Valéry Giscard d’Estaing à
l’Elysée.
Et elle ne durera que jusqu’en 2002 où l’UDF se mit dans
l’opposition à Jacques Chirac, refusant même de voter le budget du gouvernement
Villepin.
Depuis, le Nouveau centre puis L’UDI se sont voulus des
alliés fidèles de la Droite mais le MoDem, lui, a, certes, navigué entre droite
et gauche mais a prouvé par ce tangage qu’il n’était pas une simple appendice
de l’UMP puis de LR.
Cette théorie de l’alliance naturelle a, bien évidemment,
était largement popularisée par la Droite pour des raisons uniquement
électoralistes, ce qui lui permettait, entre deux scrutins, d’insulter et de
ridiculiser copieusement les centristes avant de les appeler à la rescousse.
Mais elle l’a aussi été par les nombreux opportunistes qui
naviguent au centre de la vie politique dont beaucoup sont actuellement membres
de l’UDI, parti qui revendique être dans cette alliance naturelle.
Sans oublier les médias et leurs «experts» en tout et
n’importe quoi et, plus étonnamment, beaucoup de politologues, de politistes et
de professeurs de sciences politiques au mépris de toute réalité et de toute
étude historique mais pas d’esprit partisan...
Tous ceux-là vont devoir apprendre l’humilité et à
réapprendre leur histoire politique nationale grâce à cette élection et à la
présence d’Emmanuel Macron, qu’il soit ou non, vainqueur.
Et c’est tant mieux.
Car, aujourd’hui, quelle est la situation?
Le MoDem, principale formation en voix du Centre, une partie
non-négligeable de l’UDI et chaque jour plus nombreuse, une partie de la droite
et de la gauche modérées se sont rangées derrière un Macron, personnalité de l’axe
central (de la droite réformiste à la gauche réformiste en passant par le
Centre) qui se réclame comme un homme à la sensibilité de gauche,
social-libéral, progressiste, tout le contraire de ce qu’est une majorité de la
Droite radicalisée autour de ses leaders naturels qui sont Nicolas Sarkozy et
François Fillon.
Pour cette élection, ce ne sont donc pas quelques centristes
qui se sont ralliés à un homme de centre-gauche mais la majorité du Centre.
Bien entendu, cela ne veut pas dire qu’il y aura désormais
une alliance «naturelle» Centre-Gauche.
Cela veut simplement dire qu’il n’y a pas de tropisme
droitier du Centre et du Centrisme et que lorsqu’un candidat partage leur
vision, leurs valeurs, leurs principes de gouvernance, peu importe qu’il vienne
de la Droite ou de la Gauche.
Le seul regret est que ce candidat ne soit pas venu
directement du Centre.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC