mercredi 22 mars 2017

Présidentielle 2017. Sondages «rolling»: Macron toujours en haut

Marine Le Pen & Emmanuel Macron
Voici les résultats des deux sondages «rolling» quotidiens publiés aujourd’hui.
Ifop pour Paris Match, iTélé et Sud radio donne 25%,5 pour Macron et Le Pen au premier tour et 61% pour Macron contre 39% pour Le Pen au second tour.
Emmanuel Macron est donc à égalité avec Marine Le Pen au premier tour tout en distançant François Fillon de 7,5 points et possède une avance de 22 points sur la candidate d’extrême-droite au second tour.
Viennent ensuite, au premier tour François Fillon à 18%, Jean-Luc Mélenchon à 12%, Benoit Hamon à 11%, Nicolas Dupont-Aignan à 5,5% (les autres candidats à 1% ou moins).
L’institut Opinionway pour Les Echos et Radio classique donne Marine Le Pen à 26%, Emmanuel Macron Macron à 24% au premier tour, ce dernier obtient 62% contre 38% face à la candidate d’extrême-droite au second tour (24 points d’avance).
Viennent ensuite, au premier tour François Fillon à 19%, Benoit Hamon à 13%, Jean-Luc Mélenchon à 12%, Nicolas Dupont-Aignan à 3% (les autres candidats à 1% ou moins).
(Sondage «rolling» Opinionway réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement – âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage «rolling» Ifop réalisé quotidiennement par internet auprès d’un échantillon de 1500 personnes – dont 500 interrogées quotidiennement par roulement –  âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella


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Une Semaine en Centrisme. Qui représente le Centre et que représente-t-il?

Aristote estimait que le meilleur comportement politique était celui de la «médiocrité», c’est-à-dire, au sens littéral, celui médian, dans la moyenne, du milieu, du «juste milieu» comme il l’appelait, celui qui permettait une harmonie sociale dans le consensus et la paix.
Il pensait que c’était aussi la meilleure façon d’avoir une vie personnelle équilibrée c’est-à-dire la plus heureuse possible.

Il ne pensait certainement pas au sens moderne et usuel de médiocrité – qui concerne l’insuffisance et le manque de qualité de quelqu’un ou quelque chose qui se trouve en-dessous de la moyenne qui manque d’élévation, d’aptitudes, de talents et de capacités – qui signifie et s’applique tellement bien à un grand nombre de centristes et, on l’a compris, pas parce qu’ils se trouvent au milieu du spectre politique…

Parce que le Centre n’est justement pas ce lieu de la médiocrité, de l’opportunisme et de l’absence d’idées, il est important de se demander, à l’aube de la présidentielle qui peut s’en revendiquer ou le représenter et qu’est-ce qu’il représente aujourd’hui politiquement.

L’espace centriste est constitué en France par de nombreux partis.

Au centre-gauche, on trouve le Parti radical de gauche qui est composé majoritairement de modérés même si l’on peut trouver quelques bizarreries en son sein comme la candidature en 2002 de Christiane Taubira sous ses couleurs, parti dont elle n’a jamais été membre, elle l’égérie de la gauche de la Gauche! (Il faut dire qu’elle avait été, auparavant, proche de Bernard Tapie, opportunisme quand tu nous tiens…)

Au centre-droit, il y a l’UDI qui, rappelons-le, est une confédération.

A l’intérieur de celle-ci, on trouve Les centristes (ex-Nouveau centre) qui est à la droite du centre-droit composé de pro-sarkozistes et de pro-fillonistes, Force européenne démocrate qui se veut démocrate-chrétienne, le Parti radical qui est ancré au centre-droit, parti qui fut dirigé un temps par Jean-Louis Borloo le fondateur de l’UDI, et l’Alliance centriste qui est plus proche du centre-centre.

Quelques micro-formations sont aussi membres de l’UDI mais ne représentent pas grand-chose, même si les partis que l’on vient de citer ne sont pas non plus très puissants.

Au centre du Centre, on trouve le Mouvement démocrate de François Bayrou qui peut compter des centristes plus à droite et d’autres plus à gauche mais qui regroupe ceux qui se disent uniquement centristes et surtout des fidèles du maire de Pau.

On pourrait élargir la sphère de l’espace centriste à certains membres du PS, notamment une partie de ceux qui se sont rangés derrière Manuel Valls (dont beaucoup voteront Emmanuel Macron) et à certains membres de LR, notamment ceux qui quittèrent l’UDF lors de la création de l’UMP et qui ont été des soutiens d’Alain Juppé lors de la primaire du parti de droite.

Cet espace centriste se trouve inséré dans un axe central qui s’est formé ces quatre dernières années devant les menaces venues des extrêmes ainsi que de la radicalisation d’une partie de la Gauche et d’une partie de la Droite.

Un axe central qui se veut le défenseur d’une démocratie républicaine libérale progressiste et sociale.

Il est pro-européen, veut une mondialisation humaniste et équilibrée, défend une société ouverte où la liberté est le moteur dans l’égalité des chances et des opportunités, mettant en avant la méritocratie.

Son crédo est le changement par la réforme avec la recherche du consensus le plus large pour adapter la société française au monde du XXI° siècle.

Actuellement, cet axe central va de la droite réformiste et progressiste (qui se trouve majoritairement à l’intérieur de LR) à cette même gauche (qui se trouve majoritairement à l’intérieur du PS) en passant par le Centre et le social-libéralisme progressiste incarné par Emmanuel Macron et fondateur du mouvement En marche!

Pour le personnaliser, on peut dire que c’est un axe Juppé-Arthuis-Bayrou-Macron-Valls.

Malgré des convergences très fortes et des proximités qui sont plus nombreuses que les divergences, cet axe n’est ni uni, ni allié et ne représente donc pas encore une force politique en tant que telle.

Cependant, avec la candidature d’Emmanuel Macron, on assiste à un début de commencement de fédération de ces courants puisque le candidat d’En marche! réunit derrière lui des gens et des personnalités politiques qui viennent de toutes les composantes de l’axe central.

Si Macron gagne la présidentielle, il faudra voir si cet axe va devenir une réalité, c’est-à-dire une coalition majoritaire qui gouvernera le pays pour les cinq prochaines années, voire s’il sera cet espace «post-partisan», théorisé par Barack Obama (mais qu’il ne put jamais mettre en place) où des alliances majoritaires de circonstances se noueront autour de lois et de mesures avec un soutien par défaut d’un gouvernement minoritaire.

Passons maintenant à ce que représente l’espace centriste dans la population.

Au niveau militant, les partis centristes, traditionnellement, en ont peu mais il est faux de dire qu’il ne s’agit que de notables à la recherche de postes électifs, même si cette catégorie est présente cependant pas beaucoup plus que dans les partis de droite et de gauche.

On trouve beaucoup de personnes venues des classes moyennes ainsi que des jeunes plus qu’on ne le pense.

Au niveau électoral, les partis centristes représentent moins de 10% des voix actuellement.

Le potentiel électoral du Centre est autour de 15% et peut monter à 20%, ce qui n’en fait pas un courant dominant électoralement parlant.

Néanmoins, trois éléments peuvent expliquer cette base électorale réduite.

La première est que beaucoup de gens qui sont modérés, centraux voire centristes votent pour d’autres partis qui sont, selon eux, plus à même de gouverner dans un réflexe de vote utile.

La deuxième est la très mauvaise image des partis centristes qui sont souvent vus comme de simples cartels électoraux – ce qu’est, par exemple, essentiellement l’UDI actuellement – qui sont près à toutes les concessions, toutes les compromissions et toutes les alliances pour avoir le plus d’élus possibles et de strapontins gouvernementaux.

La troisième est que, comme nous l’avons vu, l’espace centriste est morcelé ce qui est une quasi-constance depuis qu’il existe et qui n’incite pas à voter pour lui.

A cela deux raisons: la première, négative, est l’existence de chamailleries continuelles et de haines tenaces entre des personnes sensées réunir une majorité de Français autour d’une vision consensuelle de la politique et de la vie en commun; la deuxième, positive, est l’individualisme des centristes qui rechignent toujours à entrer dans un moule ou dans de vastes organisations où ils craignent de n’être plus que des pions.

La marginalisation des centristes qui ont rejoint l’UMP en 2002 pour former un «grand parti de la Droite et du Centre» et dont certains sont encore dans LR, montre qu’ils n’ont pas tort de se méfier des usines à gaz…

Pour autant, se réunir dans un grand parti uniquement centriste aurait du sens et, il faut l’avouer, ce sont avant tout des rivalités de personnes qui empêchent ce projet d’aboutir depuis maintenant au moins quinze ans.

D’un certain côté, cette atomisation du Centre a un effet parfois positif.

Puisque les centristes se trouvent un peu partout, ils peuvent influer et influencer la vie politique quel que soit le gouvernement et la majorité en place…

Ce morcellement centriste est néanmoins bien dommage parce qu’au niveau des idées, tous les sondages le montrent, une majorité de Français partagent celles du Centre et souvent plébiscitent les mesures qui en sont issues.

On peut donc supposer que le Centre à une vocation majoritaire même s’il en est bien loin pour l’instant.

D’autant que, comme il en a pris l’habitude depuis le début de la V° République – et surtout depuis Pompidou –, les centristes soutiennent des camps et des candidats à la présidentielle différents.

Ainsi, actuellement (car cela pourrait bouger avant le 23 avril…) pour cette présidentielle, le MoDem soutien Macron, une partie importante de l’UDI soutien Fillon (et une partie non-négligeable, Macron), les réformistes de droite soutiennent Fillon (et une petite partie, Macron, et une autre, personne), les réformistes de gauche ainsi que le Parti radical de gauche soutiennent Hamon (et une petite partie, Macron, et une autre, personne).

On peut penser que si Emmanuel Macron est élu, l’espace centriste aura tendance à s’unir derrière lui en grande partie que ce soit au début de son mandat ou au fil de celui-ci.

En revanche, si le vainqueur est François Fillon ou Benoit Hamon, aucune réunion centriste n’est à prévoir.

Toujours est-il qu’il n’est pas possible, en voyant les programmes radicaux de Fillon (droite) et de Benoit Hamon (gauche), de se dire centriste tout en les soutenant.

C’est pourquoi, pour répondre, in fine, à la question de savoir qui est réellement centriste à l’heure actuelle, on dira que ce sont ceux qui sont derrière Macron – qui n’est pas un centriste mais qui est totalement centro-compatible – voire qui n’ont pris partie pour aucun candidat mais certainement pas ceux qui ont rejoint les candidats de LR et du PS.

Cela aurait été évidemment une autre histoire si ceux-ci s’étaient appelés respectivement Alain Juppé et Manuel Valls.

Quant à savoir ce que le Centre représente réellement, les deux élections – présidentielle et législative – nous donneront une indication des plus utiles malgré l’absence d’unité chez les centristes et de candidat à la présidentielle...



Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC