dimanche 12 mars 2017

Présidentielle 2017. Macron: du danger de récupérer tout le monde et n’importe qui

Meeting d'Emmanuel Macron
Une des grandes forces d’Emmanuel Macron est de séduire aussi bien à droite qu’à gauche et au centre ainsi qu’auprès de ceux qui se disent sans préférence partisane.
Les sondages montrent que les électeurs de tous les bords sont séduits par l’homme et son projet politique.
De même, ce qu’ils pensent de lui et de là où il se trouve sur l’échiquier politique confirme qu’il occupe une place centrale où la majorité des Français se retrouvent.
Sa séduction vient également qu’il est nouveau, qu’il parvient à transcender les courants de pensées et qu’il propose une nouvelle démarche politique même s’il ne faut pas exagérer en faisant de lui un innovateur radical et l’emblème d’une révolution dans l’art de faire de la politique.
Mais son côté novateur et le vent de fraîcheur qu’il amène ou, pour les sceptiques, qu’il accompagne, peuvent très vite se retourner contre lui si les Français n’y voient qu’un faux-semblant.
Dans ce cadre, les nombreux ralliements de personnalités politiques à sa personne sont à la fois un atout mais également un énorme danger.
Le principe de tout ralliement en politique est qu’il a des côtés positifs et des côtés négatifs pour celui qui est rallié (ainsi que pour celui qui rallie mais que nous n’étudierons pas ici).
Les côtés positifs est de montrer, d’abord, que l’on peut séduire des gens qui n’étaient pas à vos côtés et qui ont donc changé d’avis parce qu’ils considèrent que vous avez les qualités requises pour qu’ils vous soutiennent.
Ensuite, cela permet d’entraîner ceux qui les suivent vers vous.
Puis, dans l’opinion publique, vous acquérez l’image d’un rassembleur, ce qui est toujours une bonne chose pour élargir votre base électorale.
Enfin, lorsque les ralliés sont de grandes personnalités politiques, leur aura et leur image ont évidemment un effet positif sur votre personne.
Mais il y a les côtés négatifs.
D’abord, les ralliés peuvent être vus que comme des opportunistes et donc comme des personnes de peu de conviction ce qui n’est pas très bon pour votre image car vous pouvez être assimilés à ce qu’ils sont et à leur démarche.
Ensuite, s’ils ont une notoriété et sont appréciés, ils peuvent vous faire de l’ombre plus que de vous donner une impulsion.
Puis, si ces personnalités sont clivantes, elles peuvent, tout en vous apportant de nouveaux électeurs, vous en enlever d’autres qui auraient pu vous rejoindre, pire, vous en enlever parmi ceux qui vous avaient déjà rejoint.
Enfin, ces ralliements étant si contradictoires que cela peut abîmer votre image et votre positionnement politique, aboutissant à ce que des gens qui voulaient voter pour vous et qui ne sachant plus très bien où vous êtes en ayant agrégé autour de vous des personnalités si opposées politiquement parlant, renoncent à voter en votre faveur et décide de rejoindre leur camp et de voter pour quelqu’un qui le représente ou à s’abstenir.
Du coup, les ralliements peuvent tout aussi bien vous faire gagner une élection que vous la faire perdre.
L’exemple de François Bayrou soutenant Alain Juppé pour la primaire LR est en tout cas assez troublant en la matière parce qu’il semble indiquer que la présence du président du MoDem aux côtés du maire de Bordeaux a eu une incidence négative sur sa candidature alors que tout le monde a pensé le contraire au moment où il l’a annoncé.
Les très nombreux ralliements à Emmanuel Macron ont évidemment suscité, de la part de ses adversaires, des commentaires négatifs et permis des attaques sur le côté «attrape-tout» de sa candidature.
En outre, LR et le FN s’est emparé évidemment du soutien de François Bayrou ou des socialistes comme Bertrand Delanoë pendant que la Gauche a fait de même pour le soutien du même Bayrou ou de personnalités de droite comme Jean-Paul Delevoye.
C’est de bonne guerre même si ces personnalités ont une vision politique qui s’accorde assez facilement avec le projet d’Emmanuel Macron.
Mais cela devient plus problématique pour ce dernier quand des opportunistes ayant navigué un peu partout sur l’échiquier politique se mettent derrière lui comme Bernard Kouchner, Jean-Marie Cavada, Jean-Louis Bourlanges, Alain Minc, voire Daniel Cohn-Bendit ou Jean Arthuis.
En revanche, il serait très certainement intéressant pour lui de recevoir les soutiens d’un Jean-Louis Borloo, d’un Alain Juppé, d’un Manuel Valls mais pas d’un François Hollande ou d’un Nicolas Sarkozy.
Quoi qu’il en soit, l’équipe du candidat d’En marche! doit demeurer très vigilante sur les ralliements et continuer à faire ce qu’elle fait systématiquement, c’est-à-dire à se féliciter que son leader puisse rassembler sans pour autant le lier au-delà d’un simple soutien, d’où qu’il vienne et de qui il vienne.

Alexandre Vatimbella


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Vues du Centre – Jean-François Borrou. François Fillon est-il un minable dangereux pour le pays?

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.

Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.



François Fillon
Cette question est loin d’être une provocation ou une quelconque invective gratuite.

Procédons par ordre.

Un minable, selon la définition donnée par le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales) du CNRS, est quelqu’un de «très médiocre» dont le même centre nous indique qu’il s’agit d’un individu «qui manque de capacités intellectuelles, d'élévation de pensée ou de sentiments; qui est au-dessous de la moyenne».

Un possible minable auquel l’envolée rageuse d’un Alfred de Vigny pourrait bien s’appliquer: «Les hommes gorgés de pouvoir étaient médiocres et étroits dans leurs conceptions, médiocres et faux dans leurs œuvres, médiocres et bas dans leurs actions».

Dangereux, selon le CNRTL, est quelqu’un qui représente un danger pour les autres, à qui on ne peut se fier, qui peut nuire, causer du tort.

Voyons maintenant pourquoi je pose la question de sa grande médiocrité avant de voir celle de sa dangerosité.

- Pendant cinq ans, comme premier ministre, il avale toutes les couleuvres et accepte sans broncher de se faire qualifier de «collaborateur» par le président de la république sans immédiatement démissionner de ses fonctions.

- Il va essayer de torpiller le retour en politique de Nicolas Sarkozy en demandant au gouvernement de François Hollande d’accélérer les procédures judiciaires contre l’ancien président de la république puis en estimant que celui-ci est responsable de «l’abaissement de la morale publique» et «du niveau d’éthique dans la vie politique» ce qui ne l’empêchera pas de l’appeler à la rescousse lors du dévoilement du Pénélope Gate et d’aller lui demander «conseil» plusieurs fois tout en intégrant dans son équipe de campagne tous les principaux de collaborateurs de celui-ci.

- A Matignon, sur les deniers publics, il fait refaire de fond en comble l’appartement  de fonction pour une somme astronomique ce qu’aucun premier ministre avant lui n’avait fait.

- Il engrange des revenus très importants avec sa société 2F dans une activité de conseil avec des entreprises dirigés par des amis (comme Axa où l’ancien PDG, Henri de Castries est dans son cercle le plus proche) et de «conférencier» dans des pays pas très reluisants (comme le Kazakhstan dont Amnesty international dénonce les brutalités policières et la torture généralisée, pays dirigé par l’autocrate Nazarbayev que Reporter sans frontières qualifie de «prédateur» de la liberté de la presse) tout en étant un élu de la république.

- Il paye sa femme et ses enfants sur les deniers publics alors que la première n’a jamais occupé l’emploi d’attachée parlementaire qui lui assure un salaire élevé (puis il la fait employer par son successeur à l’Assemblée nationale quand il devient premier ministre avec un salaire encore plus élevé) et que les seconds n’ont pas réellement travaillé pour sa mission d’élu.

- Il demande à un de ses amis de faire semblant d’employer sa femme comme journaliste contre un salaire indécent.

- Il affirme qu’aucune personne ne peut se présenter si elle est mise en examen afin de contrer la candidature de Nicolas Sarkozy à la primaire de LR et de gêner celle d’Alain Juppé puis déclare le contraire lorsqu’il risque lui-même de l’être.

Il est important, ici, de rapporter les propos exacts de Fillon et dans leur intégralité: «Avoir une haute idée de la politique signifie que ceux qui briguent la confiance des Français doivent en être dignes. Ceux qui ne respectent pas les lois de la république ne devraient pas pouvoir se présenter devant les électeurs. Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi-même irréprochable. Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen?».

- Il se fait prêter de l’argent (50.000 euros, trois ans de smic) sans intérêt.

- Il se fait payer des costumes (au moins 15.000 euros) par un «ami» et des vêtements pour près de 50.000 euros (toujours trois ans de smic).

- Il passe d’un gaullisme social proche de la Gauche à un thatchérisme libéral proche de l’extrême-droite afin de trouver une «niche» pour la primaire de LR.

- Quand le Pénélope Gate est dévoilé, il utilise la stratégie de Donald Trump pour salir la presse, la police et la justice ainsi que tous ceux qui l’attaquent dans un mélange nauséabond et désormais bien connu d’insultes, de théories du complot et de «faits alternatifs».

- Il affirme que son programme n’est pas amendable puis l’amende constamment pour ne pas décrocher dans les sondages.

- Il prétend qu’l ne négociera pas avec le Centre comme l’a fait Juppé et il offre à l’UDI tout ce qu’elle n’aurait pas obtenue avec Juppé pour ne pas perdre la caution de centristes de l’UDI pourtant largement discrédités.

- Enfin, avec tout cela, il affirme être le candidat de l’honnêteté et de la morale…

Dangereux ensuite.

Quelqu’un qui a si peu le sens moral – sauf pour les autres – pour arriver et se maintenir dans hautes sphères de la politique, c’est-à-dire qui justifie tous les moyens pour parvenir à son but est, par définition, un homme dangereux.

Dangereux parce qu’il donne une image désastreuse de la démocratie qui va être utilisée jusqu’à plus soif par les extrémistes de tous bords.

Dangereux parce qu’il va décourager nombre de gens à s’investir en politique, uniquement par son ambition personnelle et non par ambition pour son pays.
Dangereux, enfin, parce que son programme, comme l'a bien dit François Bayrou, l'est pour le pays.

Voyons maintenant pourquoi je réponds à la question par l’affirmative alors même que la candidature de François Fillon est du pain béni pour Emmanuel Macron et le Centre qui va peut-être avoir un président de la république qui partage en très grande partie ses valeurs et sa vision politique.

Car, grâce à Fillon, Macron est devenu le favori de l’élection présidentielle…

Reste qu’au niveau de la morale politique et de la vision que je me fais de la politique, tout cela est vraiment lamentable.

Parce qu’être élu de la nation est déjà une fierté et un privilège qui n’a pas besoin de gratifications matérielles pour rendre la fonction honorable.

Mais, en plus, parvenir à être ministre puis le premier d’entre eux, c’est la réalisation d’une ambition au sens noble du terme et qui n’a pas pour but un quelconque enrichissement mais parle plutôt de devoir, voire de gloire.

Et puis l’image de la France mérite mieux que ces minables affaires.

Mais que Fillon se rassure (comme il le peut): il y a d’autres minables dangereux dans la politique et beaucoup, malheureusement.

Et pour cette présidentielle, on en connait au moins deux: lui et Marine Le Pen en attendant la liste définitive des candidats...



Jean-François Bourrou