La machinerie anti-Macron prend chaque jour de l’ampleur
entre post-vérité, faits alternatifs, fausses informations ainsi que de
soi-disant analyses au fond mais uniquement à charge et partisanes venues de
partout – et malheureusement de certains médias – dont l’objectif est de le
décrédibiliser aux yeux d’un électorat particulier ou aux yeux de tous les
Français.
Ce n’est évidemment pas un hasard puisqu’Emmanuel Macron est
désormais le favori de l’élection présidentielle – en tête au premier et second
tours selon au moins deux sondages – et qu’il cristallise de ce fait la haine
et le ressentiment de tous les autres candidats.
Sans oublier que son positionnement le rend particulièrement
exposé aux critiques venus des clientélismes de gauche et de droite d’autant
que ceux-ci voient filer leur clientèle – pardon leurs électeurs – vers le
leader d’En marche!
Toujours est-il que des attaques au raz des pâquerettes
fleurissent et qu’elles n’honorent pas leurs auteurs.
Deux exemples parmi une foison.
Le premier: un journaliste pas très (af)fûté d’une chaine
d’information en continue fait son «analyse» politique.
Selon lui, Macron apparait de plus en plus comme un simple
candidat de gauche, la preuve en est les ralliements de plus en plus nombreux
de personnalités venant de ce côté de l’échiquier politique qui n’en font plus qu’un
simple héritier du hollandisme, sous-entendu, tout cela va lui enlever in fine
les votes des électeurs de droite, voire du Centre quand ceux-ci en auront pris
conscience.
Mais, ajoute-t-il, le fait de n’être «ni gauche, ni droite»
(ah bon? on croyait qu’il venait de dire qu’il était de gauche…) lui jouera des
tours parce que son rassemblement n’est qu’une auberge espagnole, sous-entendu,
même les électeurs de gauche vont finir par le lâcher quand ils s’en rendront
compte.
On attend donc que les sondages créditent Macron de 0% des
intentions de vote.
Le second: dans un quotidien national qui n’arrête pas de
présenter Macron comme un homme de gauche déguisé en centriste, voilà qu’un vieux
de la veille, intellectuel de gauche autoproclamé du nom de Jacques Julliard, qui
y tient une chronique, vient nous parler du Centre (qu’il connait
vraisemblablement aussi peu que Luc Ferry qui a également commis un article à
charge contre les centristes dans le même journal) et de Macron (que
manifestement il n’aime pas beaucoup).
Pour lui, pas d’hésitation, non plus, Macron est un homme…
de droite!
Pendant que le journal où il écrit titre s’échine à dire
qu’il est de gauche, lui, il dit, le contraire.
Mais, tant qu’on enfonce Macron, ledit quotidien n’est pas
très regardant sur les arguments et la justesse de l’analyse, même pas quand
elle va à l’encontre tout ce qu’il raconte à longueur de journées.
On pourrait multiplier les exemples d’analystes, de
chroniqueurs, de spécialistes, d’intellectuels qui se contredisent dans leurs
propres propos et qui disent le contraire du voisin.
Sans parler, évidemment, du monde politique où pour la
Droite c’est un homme de gauche, pour la gauche c’est un homme de droite et
pour un nombre de centristes autoproclamés (on ne sait plus très bien qui est
centriste ou ne l’est pas dans ce triste aréopage), il est, au choix, un homme
de droite ou un homme de gauche, voire les deux à la fois, ça dépend de la
critique que l’on veut lui faire!
Sans oublier ceux qui disent qu’on ne sait pas où il est,
qu’il est dans un ailleurs indéfinissable et qui n’existe pas.
Certains diront qu’Emmanuel Macron l’a bien cherché lui qui
s’est défini de «ni gauche, ni droite», de «et de gauche et de droite»,
d’«homme de gauche qui veut travailler avec des gens de droite et du Centre» ou
«venant de la Gauche», «progressiste», «réformiste», «social-libéral» voire
«libéral» tout court.
Sans doute mais tous les adjectifs et les dénominations
qu’il a utilisés ont un lien et disent a peu près la même chose: s’il a une
sensibilité plus à gauche (le cœur à gauche comme le dit cette expression
éculée), son réalisme et son pragmatisme en font une personne de l’axe central
– parce qu’il reconnait le réel et veut travailler à l’améliorer et le changer
concrètement avec ce qui marche le mieux et non de l’idéologie incantatoire –,
avec de fortes accointances avec le Centrisme qui, rappelons-le une énième fois
pour les doctes ignares qui font profession de politologues, de politistes,
d’intellectuels et de philosophes à la petite semaine est un courant du juste
équilibre, libéral-social, pouvant faire des alliances avec la Droite et/ou la
Gauche quand cela est nécessaire, au projet progressiste et réformiste,
défenseur d’une démocratie républicaine libérale.
Petite remarque d’ailleurs: il n’est pas besoin de «vrais»
centristes pour que le Centrisme existe, idem pour les socialistes et le Socialisme,
les conservateurs et le Conservatisme, les gaullistes et le Gaullisme.
Bien entendu, nos analystes n’y comprennent pas grand-chose,
en partie à cause de leur inculture de ce qu’est le Centre et le Centrisme
mais, en partie, également, avec tous ces opportunistes qui ont depuis
longtemps parasité l’espace centriste et qui, pour cette génération de politiciens
ont nom Hervé Morin, François Sauvadet, Yves Jégo, Maurice Leroy, François
Zocchetto, Philippe Vigier, Yves Pozzo di Borgo et quelques autres, ce qui
permet aux journalistes de ne voir dans le Centre que la réunion d’un ramassis
de politiciens ratés en mal de sièges et aux valeurs très fluctuantes.
Dès lors, les attaques contre Emmanuel Macon, même si elles
se servent plus ou moins des différentes appellations qu’il a utilisées pour se
définir, sont de mauvaises foi et leur objectif est, évidemment, de le
discréditer aux yeux de tous les électeurs comme un politicien qui avance caché
pour engranger leurs voix mais qui n’est pas du tout de leur côté.
C’est de la vieille politique mais c’est évidemment de bonne
guerre sauf que les médias s’y sont mis de bon cœur – incapables désormais de
faire le tri dans les flux d’informations qu’ils génèrent eux-mêmes pour créer
du contenu à n’importe quel prix et qu’ils ne maîtrisent absolument pas –,
faisant des analyses et des commentaires indignes de leur mission.
Tout ce que l’on vient de dire ne rend pas Emmanuel Macron
inattaquable et son projet incritiquable.
Mais, pour que le débat politique soit un vrai moment de
réflexion démocratique en vue du choix de nos dirigeants en toute capacité et
responsabilité des citoyens, la mission de tous ceux qui y participent est de
le faire avec le plus de clarté et d’arguments au fond (et d’objectivité pour
les journalistes), non pas d’attaques indignes d’un pays qui targue d’avoir
inventé, avec le Royaume Uni et les Etats-Unis, la démocratie républicaine.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC