Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
François Bayrou va donc indiquer mercredi s’il est oui ou
non candidat.
Ce suspens insupportable uniquement pour lui-même trouvera,
si l’on en croit ses fidèles supporters, sa résolution dans une quatrième
candidature sous la bannière de la «patrie est en danger», une variante de l’union
nationale de sa précédente campagne et qui lui permettra de se présenter en
endossant le costume du de Gaulle du XXI° siècle qu’il coud patiemment depuis
plusieurs années.
Au-delà de ce qu’il va dire et faire au cours de cette
campagne, il faut dire que sa candidature est du pain béni pour François
Fillon, Marine Le Pen et aussi Jean-Luc Mélenchon, tous ceux contre qui il
prétend lutter (même si on a un petit doute sur Mélenchon depuis qu’il en dit
du bien…).
Car sa présence à la présidentielle n’enlèvera pratiquement aucune
voix à Fillon, aucune à Mélenchon et, si on pouvait aller jusque là, encore
moins qu’aucune à Le Pen…
Au contraire, cela va renforcer le camp de Fillon avec des
sympathisants de droite qui détestent – et le mot est sans doute faible –
Bayrou et qui vont encore plus se rassembler derrière le candidat LR.
De même, le camp Le Pen se félicitera d’une candidature qui
empêchera peut-être Emmanuel Macron d’être au second tour alors que le leader d’En
marche! est actuellement celui qui représente le meilleur rempart à l’arrivée
au pouvoir de l’extrême-droite.
Car là où Bayrou peut puiser ses voix c’est évidemment d’abord
chez Macron ainsi que chez ceux qui ne se sont pas encore déterminés et
peut-être un peu chez Hamon.
Dès lors, sa candidature aboutira exactement à l’inverse de
ce qu’il prétend en renforçant les chances de ses ennemis, de ceux qu’il affirme
être des dangers pour la France.
Et tout cela par simple ambition personnelle.
Bien sûr, mercredi, il pourrait dire qu’il ne se présentera
pas et qu’il va discuter avec Macron pour savoir si une alliance entre les deux
hommes est possible.
Je n’y crois pas un instant comme j’ai toujours cru qu’il se
présenterait.
Peut-être même que mes sombres prédictions ne se vérifieront
pas et qu’il suscitera un enthousiasme tel qu’il sera le prochain hôte de l’Elysée.
En tant que réaliste, ce n’est pas vraiment ce que je pense
qui va se passer mais rien n’est écrit d’avance comme le dirait Donald Trump.
Reste qu’aucun sondage ne montre une envie de Bayrou de la
part des Français même s’il demeure haut dans les baromètres d’opinion.
Dès lors, Bayrou pourrait bien être celui qui fera battre
son camp, celui du Centre et de l’axe central, celui d’une démocratie
équilibrée, refusant le clientélisme, le populisme et la démagogie.
A moins, bien entendu, que son camp ne se résume qu’à sa
propre personne…
Aris de Hesselin