Jean-Louis Borloo |
Dans une longue
interview au quotidien Le Figaro, Jean-Louis Borloo ne s’est pas prononcé en
faveur de François Fillon.
Cet entretien, qui «tombait»
très bien pour éventuellement (re)donner un coup de pouce au candidat LR
empêtré dans le scandale du «Pénélope Gate» et mis sous pression par les élus
de son propre parti, a tourné court à ce sujet.
Ce n’est pas faute
pour le journaliste d’avoir essayé de faire parler l’ancien président et
fondateur de l’UDI, parti qui s’est rangé derrière Fillon mais qui enregistre
quotidiennement des défections de membres qui vont soutenir Emmanuel Macron,
surtout depuis les soupçons de malhonnêteté du candidat LR.
Ainsi, à la question «Dans moins de 70 jours, ce sera le
premier tour de l’élection présidentielle française. Allez-vous jouer un rôle?
Comment voyez-vous votre avenir?», Jean-Louis Borloo a répondu:
«J’ai passé ma vie à défendre des causes. Quand j’étais
avocat bien sûr, puis ce fut le redressement de la ville de Valenciennes dont
j’ai été le maire, puis le logement et l’écologie comme ministre, et donc
l’électrification de l’Afrique. Je souhaiterais maintenant me mettre au service
d’une nouvelle action collective. Il faut lutter contre le déclassement de la
France et se retrousser les manches pour sauver l’Europe. La France n’est
grande que quand elle a des grands projets à relever devant elle. Malheureusement,
nos élites actuelles n’ont pas l’autorité nécessaire ni un esprit suffisamment
solidaire pour être à la hauteur…»
Pas une fois le nom de François Fillon n’est prononcé.
Pire, sa critique des élites engobe évidemment le candidat
LR qui fait partie de la classe politique depuis plus de trente ans, sans doute
plus, d’ailleurs qu’Emmanuel Macron.
Il faut se souvenir que Borloo avait donné une interview dans
Le Parisien en octobre dernier dans lequel il disait qu’il s’exprimerait à un
moment donné «sur les enjeux» et sur «ce que j'attends de la prochaine
présidentielle».
Mais il donnait quelques éléments forts intéressants à la
lumière de ce qui se passe actuellement.
Ainsi, il déclarait que ce qui est important pour lui, ce
sont d’abord le «respect des valeurs» et «l'hygiène de comportement que doit
avoir un président».
Ce qui ne semble pas correspondre à ce que montre
actuellement François Fillon…
Il ajoutait que ce qui l’intéressait également, ce sont «quelles
équipes» il choisira, «quels grands objectifs» il se fixera et «comment il
rendra compte de son action et comment il remettra en marche l'ascenseur social».
Dans ce dernier domaine, il n’a pas du être totalement
séduit par le programme thatchérien de François Fillon.
Il affirmait, en
outre, qu’«En 2017, la France doit se choisir un président. Pas un chef
de gouvernement, pas un ministre de tout» alors que l’on reproche à Fillon de
tout décider lui-même avec une équipe de campagne très restreinte (même s’il
tente depuis le Pénélope Gate de montrer qu’il est consensuel et qu’il écoute
les autres).
Et de préciser le portrait du prochain hôte de l’Elysée: «Quel
vivre-ensemble voudra favoriser le prochain président? Protéger nos clochers
oui, mais il faut aussi regarder le monde comme il est. (…) Un président doit
être capable de mobiliser les forces vives de la nation».
Dans cette interview il parlait d’Emmanuel Macron qui, selon
lui a «des qualités, cela ne fait aucun doute» mais pas de Fillon, alors
candidat de second ordre dans la primaire LR.
Enfin, à propos de
tous ceux qui le font parler comme les dirigeants de l’UDI qui sous-entendent
qu’ils lui parle tous les jours et qu’il serait d’accord avec eux, il remettait
les pendules à l’heure:. «Ceux qui disent qu'ils ont dîné avec moi,
qu'ils m'ont vu, racontent souvent n'importe quoi. Je ne participe d'aucun plan
caché de soutien à tel ou tel. Mais le temps viendra...»
On attend donc ce temps mais force est de constater que si l’on
prend en compte toutes les déclarations de Jean-Louis Borloo, on serait étonné
qu’il soutienne François Fillon.
A moins que de très fortes pressions se fassent pour qu’il
se prononce en sa faveur et/ou que la situation soit si grave qu’il doive s’y
résoudre.
Mais l’homme est indépendant, surtout ne partage pas
beaucoup de choses avec François Fillon, celui qui lui a barré la route de
Matignon.
Alexandre
Vatimbella
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