Nous nous sommes autant gaussés qu’inquiétés par la tournure
prise par la campagne électorale américaine qui a permis à un menteur
pathologique de s’installer à la Maison blanche.
Grâce à un mur d’allégations et de mensonges couplé à une
victimisation où tout le monde était accusé, dont évidemment les médias, Donald
Trump a réussi à surfer sur des affaires qui auraient du le couler en deux
temps trois mouvements.
Oui, disaient les biens pensant de chez nous et les
critiques acerbes de ces Etats-Unis décidément excessifs en tout, tout cela ne
viendra pas ici, nous ne sommes pas des rednecks (pèquenots) américains.
Ils parlaient de cette ère de la post-vérité où l’on peut
nier la réalité et inventer des faits sans vergogne avec un soutien
indéfectible de son camp idéologique et contre toute évidence, notamment des
«contrôleurs de faits» («fact-checkers» en anglais) ou des preuves qui
s’accumulent.
Rappelons que la post-vérité a été promu «mot de l’année»
par le très estimé Oxford dictionnary qui le définit comme une situation où
«les circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence
sur l’opinion publique que les appels à l’émotion et aux croyances
personnelles».
Mais que nous dit justement à ce sujet le «Pénélope Gate» ou
l’affaire Fillon?
Voici un homme politique français, François Fillon, qui nie
face à toutes les évidences, la réalité en inventant une «vérité alternative»,
celle-là même que le clan Trump met en avant aux Etats-Unis à chaque fois qu’il
ment, où le blanc devient le noir, le haut, le bas, la gauche, la droite, la
réalité, la fantasmagorie, un travail fictif, un vrai emploi...
Et, dans le même temps, ses sbires les plus loufoques ou
dangereux, tentent d’allumer des contre-feux en attaquant tous azimuts les
ennemis désignés à la vindicte populaire, de la presse aux ordres au pouvoir en
place en passant par les autres candidats à la présidentielle et, en
particulier, Emmanuel Macron, celui qui s’envole dans les sondages.
Le tout en espérant que les Français passeront l’éponge ou
oublieront, que tout sera broyé dans une bouillie informe et que l’affaire sera,
in fine, noyée dans l’afflux d’informations en continue.
En tout cas que son camp, en l’occurrence les sympathisants
LR, fera bloc derrière son champion en privilégiant ce qui fait le succès de la
post-vérité, l’émotion à la réalité, l’affectif aux faits.
C’est pour cela que François Fillon réclame ces fameux
quinze jours car, dans ce laps de temps, Trump a réussi à chaque fois à
détourner l’attention des électeurs des affaires qui devaient le plomber.
Bien sûr, tout cela est contraire à cette démocratie
républicaine que le Centre défend bec et ongle.
On ne peut être que consterner et écœurer, dès lors, de voir
quelques personnages se disant centristes monter au créneau pour défendre
l’indéfendable alors qu’ils feraient mieux de défendre l’honnêteté en
politique.
C’est la raison pour laquelle les centristes, les vrais,
doivent dire non à la manipulation de la réalité, non à l’enfumage de ceux qui
tentent de couvrir des faits moralement inacceptables et oui à une démocratie
républicaine capable de rejeter ces éléments qui menacent ses fondements les
plus profonds.
Quant aux Français, qu’ils prennent garde à ne pas se
retrouver demain avec un clone de Trump au pouvoir qu’il s’appelle Le Pen et,
désormais, Fillon.