Selon François
Bayrou, le scandale du «Pénélope Gate» (l’emploi fictif de la femme de François
Fillon) pourrait coûter de nombreux points dans les sondages au candidat LR
(cité part l’Opinion) mais, surtout, libérer un espace pour sa candidature
(cité par Sud Ouest) même si ses «proches» (cités par Libération) pensent que
Macron va se «hollandiser» et faire pschitt!
Tout cela pour dire
que les problèmes de Fillon sont vus comme du pain béni par le président du
MoDem même si l’on ne comprend pas très bien ce qu’il pourra faire pour
récupérer les électeurs fillonistes puisqu’une énorme majorité d’entre eux le
déteste et que l’autre partie, la minoritaire, celle de la droite modérée et du
Centre, pourrait rejoindre ceux qui ont déjà décidé de rallier Emmanuel Macron
sans passer par la case Bayrou.
Mais il continue d’y
croire – ou de faire croire qu’il y croit! – et la sortie de son nouveau livre,
Résolution française, le 31 janvier lui permettra un coup de projecteur
médiatique qu’il compte bien utiliser avant de se décider à y aller ou non,
courant février, pour tester ses dernières chances de bien y figurer.
Il semble que son
positionnement se fera, un peu comme en 2012, sur une stature «gaullienne» – il
cite le fameux discours de Bayeux du général de Gaulle dans son ouvrage
Résolution française – où il va prôner le «rassemblement» car, comme il l’a
déclaré lors d’une interview au magazine Le Point, «une élection
présidentielle, c’est un dialogue avec un pays, formé non pas d’adversaires
mais de concitoyens».
Il va également
insister sur les valeurs de la communauté, une sorte de holisme issu
directement du catholicisme social, de cette volonté de mettre en place cette
démocratie d’inspiration «spiritualiste», dans une perspective très traditionnelle
du personnalisme d’Emmanuel Mounier mais aussi du solidarisme de Léon Bourgeois
où l’«argent» est un des principaux ennemis si ce n’est le principal.
Ainsi, comme il l’a expliqué au Point, «Le projet national
français, c’est un projet de résistance à la tyrannie des puissances comme à la
toute-puissance de l’argent. Ensuite, c’est un projet d’unité, contre le
chacun-pour-soi. En France, on ne laisse pas tomber les gens. C’est aussi le
pays où le peuple des citoyens revendique de prendre son destin en main.»
On l’a compris, sa
volonté est de se construire un personnage de bon père de famille rassurant
dans un monde dangereux et inquiétant où il serait, à la fois, une sorte de
repère moral et de gardien de l’esprit de la France profonde.
Comme il l’a
indiqué au Point, sa «vision d’ensemble du pays, de son histoire et des
grands problèmes qui sont devant nous», se fera à partir d’«idées claires et
simples» ressortant de «choix vitaux (…) au nombre de trois: l’unité du pays;
l’énergie de la société; la vision de nos grands choix».
De même, s’il est
toujours pour des réformes profondes, il insiste sur le fait qu’elles ne peuvent
être mises en route que si le peuple les comprend bien et y adhère, ce qui
revient souvent à les reporter aux calendes grecques dans le plus pur style du
radicalisme dévoyé de la III° République.
Enfin, son choix d’intituler
son livre-programme Résolution française procède des «trois significations» du
mot résolution: «d’abord ‘volonté’, (‘nous sommes résolus’), ensuite
solution à un problème, enfin sortie d’un conflit. En ce moment, les trois
significations ont du sens.»
François Bayrou espère qu’en se présentant ainsi, il pourra
incarner la «vision d’espoir» qu’il pense que les Français attendent.
Est-ce un positionnement centriste?
On en revient toujours à la même question avec lui.
Lors de ses précédentes candidatures à l’Elysée, la première
fut sans doute la plus centriste alors que les deux suivantes se sont appuyées
sur l’idée d’un rassemblement de style gaullien, voire de l’union nationale,
qui sont tout de même éloignées du Centrisme même si celui-ci prône le
consensus et le compromis mais qui demeure avant tout un projet d’émancipation
de l’individu et non d’un destin national ou d’une communauté nationale réunie
autour d’un bien commun d’autant plus dangereux qu’extensible à l’infini.
En cela, François Bayrou est proche d’une démocratie
chrétienne ancien modèle, une sorte de vision sublimée et passéiste d’une
société où l’individualité est plutôt vue comme un problème et non une
solution.
Alexandre
Vatimbella
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