De mémoire de journaliste, on avait rarement vu cela,
François Bayrou se tait et il le fait depuis treize jours à l’exception d’un
tweet pour dire ni oui, ni non, à une rumeur sur une éventuelle alliance avec
Emmanuel Macron.
On sait que le centriste sort un livre –Résolution française,
un programme électoral comme il l’a dit – le 31 janvier et que, tout au long du
mois de février il va le promouvoir ainsi que sa personne.
En revanche, il n’a rien laissé percer dans les médias quant
à sa décision finale.
C’est si vrai que certains de ses proches disent qu’il va y
aller et que d’autres estiment qu’il s’est rendu compte qu’il ne lui est pas
possible de le faire.
On rappelle qu’il pèse 5% dans les sondages où il se trouve
en sixième position.
Pour autant, si le maire de Pau veut peser d’une façon ou d’une
autre sur la présidentielle et, par conséquent, avoir un avenir politique, il
va devoir se dévoiler.
Ça, c’est une certitude.
Mais cette prise de distance, à deux mois et demi de l’élection
est un coup de poker.
D’un côté, Bayrou peut jouer l’outsider qui bouscule tout en
se présentant au dernier moment.
Pour cela, il peut s’appuyer sur les victoires de Donald
Trump aux Etats-Unis, et de François Fillon à la primaire LR ainsi que la
première place de Benoît Hamon à celle des socialistes, toutes inattendues.
Sauf que, d’une autre côté, ces outsiders sont partis très
en amont de l’élection et qu’ils ont eu le temps de s’installer, un peu comme l’a
fait Emmanuel Macron.
Mais c’est également vrai que les sondages ne donnaient pas
cher de la peau de Fillon et de Hamon qui ont donc pu causer la surprise, le
cas Trump et Macron plaidant pour la thèse inverse, néanmoins.
La posture de se mettre en réserve de la République peut
également le tenter.
Elle est évidemment à double tranchant.
Si le mandat du prochain président est une catastrophe, il
pourra se présenter en recours en 2022 ou avant avec ce discours qu’il tient
depuis des années, «je vous l’avais bien dit!».
A l’opposé, s’il est une réussite, le président du Mouvement
démocrate risque d’être mis à la retraite forcée par le peuple français.
Autre risque, qu’un autre Macron – ou le même! – lui pique
encore cette place ainsi que le Centre.