Emmanuel Macron |
La victoire au premier tour de Benoît Hamon à la primaire
socialiste et son duel avec Manuel Valls pour le second tour de dimanche
prochain a permis d’entendre du tout et n’importe quoi.
Comme d’habitude, diront certains blasés pessimistes.
D’abord du côté de la presse qui s’est empressée d’affirmer
qu’Emmanuel Macron était ravi du résultat car si c’est Hamon qui est le
candidat du PS, il récupèrera tous les électeurs de la gauche non-radicale –
comme il devrait selon elle récupérer tous les électeurs de la droite
non-radicale qui soutenait Alain Juppé face à François Fillon lors de la
primaire LR – et aura ainsi beaucoup plus de chance d’être présent au second
tour de la présidentielle que si c’est Valls qui est désigné et donc de
l’emporter face à Marine Le Pen.
Notons d’abord que rien n’est encore fait même si l’ancien
ministre de l’Education est dans une nettement meilleure dynamique de l’ancien Premier
ministre.
Mais ce qui est le plus surprenant, c’est que même si
l’analyse est juste, le leader d’En Marche a absolument refusé de se prononcer
sur ce premier tour de la primaire PS!
Car il sait que ces déclarations seraient utilisées contre
lui et qu’il n’a pas intérêt à entrer dans une polémique à ce sujet comme cela
avait été le cas lors de la primaire LR.
Alors, comment savoir ce qu’il ressent? En faisant parler
ses soutiens et ses proches tout en déduisant que c’est lui qui parle à travers
eux!
Une technique journalistique des plus contestables parce
qu’elle recèle une volonté de mettre Macron en porte-à-faux avec l’électorat de
le droite modérée afin qu’elle ne voit en lui qu’un candidat de la Gauche et
avec l’électorat de la gauche modérée afin qu’elle trouve sa joie extrêmement
déplacée.
Une manière comme une autre de tenter de lui barrer la
route.
Car, il faudra s’y faire, Emmanuel Macron va devenir la
cible de toutes les attaques venant de la Gauche et de la Droite, c’est-à-dire
également des médias qui pensent à droite et à gauche.
Il va même bénéficier de l’aide des centristes qui sont
devenus les sous-fifres de la Droite.
On en a eu une preuve assez étonnante en voyant
l’opportuniste en chef de l’UDI, Yves Jégo, l’homme qui épouse une cause aussi
vite qu’il en laisse tomber une autre, ancien groupie de Sarkozy puis de Borloo
et maintenant de Fillon, celui-là même qui déteste et Sarkozy, et Borloo qui,
d’ailleurs, le lui rendent bien.
Il a eu l’audace de tweeter «Si la gauche socialiste veut
faire barrage au hold-up de @EmmanuelMacron elle fera gagner @manuelvalls»
afin que les gens se mobilisent pour permettre à Manuel Valls d’être le
candidat du PS et empêcher Emmanuel Macron de récupérer ses voix!
C’est sans doute une première dans la politique que cet
appel à voter pour un camp plus éloigné de vos idées pour faire barrage à un
camp plus proche de celles-ci…
Mais certains «centristes» semblent avoir perdu toute
décence à moins qu’ils soient atteints de sénilité précoce.
Voyez vous-mêmes.
Nous avons donc Yves Jégo, député UDI, soi-disant centriste
qui demande au peuple de voter pour un socialiste afin de faire barrage à un
homme dont le projet est totalement centro-compatible.
Nous avons un autre soi-disant centriste, un certain Yves
Pozzo di Borgo, sénateur UDI, admirateur transi de Vladimir Poutine, souvent
interviewé par les organes de propagande russe, qui vient à nouveau de faire
parler de lui par son ridicule affligeant et pathétique.
Non content d’avoir publié voici quelques mois une photo de
lui en Crimée occupée par les Russes portant un t-shirt qui insultait Barack
Obama – un centriste… – le voici maintenant fan d’un autre dangereux
personnage.
Il s’est ainsi rendu l’autre soir au dîner de soutien de
Donald Trump à Paris, le jour de l’investiture du populiste démagogue, homme
d’extrême-droite – d’ailleurs il a rencontré beaucoup de ses congénères à cette
soirée – qui veut mettre en prison une autre centriste, Hillary Clinton.
Enfin, comment ne pas parler de cet autre soi-disant
centriste, un certain Jean Lassalle, qui, sur un plateau de télévision est venu
rendre compte de sa visite et de son entretien amical avec un des pires
bouchers de la planète, Bachar Al-Assad.
Et, sans rire, le député des Pyrénées-Atlantiques, ancien
MoDem et ami intime de François Bayrou, a affirmé lors de l’émission On n’est
pas couché, qu’il n’était pas sûr que le dictateur syrien ait commis des crimes
envers son peuple à la stupeur de toutes les personnes présentes sur le plateau
de France 2.
On rappellera pour mémoire que Lassalle est ce député qui a
fait une grève de la faim pour empêcher une usine, non pas de quitter la France
ou de supprimer des emplois – au contraire, elle embauchait de nouveaux
employés – mais simplement parce qu’elle changeait de site pour s’agrandir,
quittant sa circonscription pour une autre…
Certains vont dire qu’on a les centristes qu’on mérite.
Pourvu qu’ils se trompent.
Centristement votre.
Le Centriste