dimanche 22 janvier 2017

Présidentielle 2017. Macron: quand Bayrou lui dit pas non, Lagarde l’agresse

Bayrou - Lagarde, drôle de danse autour de Macron
Quel retournement de situation: voici quelques mois, François Bayrou n’avait pas de mots assez durs envers Emmanuel Macron, l’hologramme candidat de la finance, tandis que Jean-Christophe Lagarde voyait des convergences avec celui-ci et voulait parler avec lui.
Désormais, le président du Mouvement démocrate et celui de l’UDI ont échangé leurs rôles…
Alors que Bayrou ne dit plus un non catégorique à Macron, Lagarde, lui, n’a de cesse de l’agresser.
Evidemment, les raisons sont multiples à ces deux revirements qui montrent d’abord la faiblesse profonde des partis centristes d’autant qu’ils sont plus politiciens que politiques.
Explications.
Dans un tweet lapidaire, François Bayrou a répondu à la rumeur sur sa possible alliance avec Emmanuel Macron: «Je lis les journaux. Il y a 15 jours, ‘l'accord secret Bayrou-Fillon’. Maintenant accord avec Macron pour ‘faire sauter la banque’. Idées??».
On le constate, le président du Mouvement démocrate est loin de la confirmer.
Pour autant, et c’est une indication, il ne rue pas dans les brancards comme il a l’habitude de le faire quand il veut tordre le cou à une «rumeur» même quand elle est vraie!
Ainsi, s’il ne dit pas oui à Macron, surtout il ne dit pas non.
Cela ne signifie pas que Bayrou va rejoindre Macron, et on parierait plutôt sur l’inverse, mais que le leader d’En marche ne peut être dorénavant traité par-dessus la jambe par celui du MoDem au risque que ce dernier ne se marginalise lui-même avec son propre électorat.
Ce que viennent d’ailleurs confirmer les propos désormais nettement moins agressifs de Bayrou à l’encontre de Macron.
Car le fondateur d’En marche séduit les centristes de tous bords, notamment au Mouvement démocrate où les ralliements en sa faveur deviennent de plus en plus nombreux.
Dès lors, Bayrou ne peut insulter l’avenir jusqu’à ce qu’il décide de se présenter ou non à la présidentielle.
La fermeté à l’encontre de Fillon et de son programme dangereux ne peut être de mise avec Macron et sa quasi-totale centro-compatibilité.
Afin de demeurer en phase avec nombre de sympathisants centristes qui préfèrent Macron à Fillon et qui augmentent de jour en jour, Bayrou est obligé d’être moins dans l’attaque frontale.
On verra bien où tout cela va le mener – sans doute ne le sait-il pas lui-même aujourd’hui.
Rappelons qu’il fera part de sa décision courant mars, juste après avoir publié son nouveau livre «Résolution française» qui vient en drôle de contrepoint de celui de Macron, «Révolution»...
C’est tout le contraire pour Jean-Christophe Lagarde, pour qui l’insulte à l’avenir est plutôt son nouveau fond de commerce.
Désormais membre à part entière de l’équipe de campagne de François Fillon, le président de l’UDI doit absolument taper sans cesse sur Macron pour donner des gages de fidélité à la Droite, justifier son ralliement qui ressemble plus à une reddition en rase campagne et éviter l’implosion de l’UDI mais aussi l’hémorragie qui la menace avec des soutiens de plus en plus nombreux en faveur de Macron de membres de la formation centriste que Lagarde minimise au mépris de la réalité.
Dès lors, en bon aboyeur fidèle à ses nouveaux maîtres, Lagarde tire à vue et tout est bon pour critiquer Macron, même ce qu’il appréciait chez lui auparavant et tout est bon pour encenser Fillon même ce qu’il dénonçait hier.
Il en a donné une nouvelle preuve ce dimanche lors de l’émission Grand rendez-vous d’Europe 1, iTélé et Le Monde en parlant à propos d’Emmanuel Macron d’idées «contestables», de pratiques «inquiétantes», d’absence de projet et jetant la suspicion sur la «démarche».
Et alors qu’il l’appelait à rejoindre le Centre, le voilà qu’il en fait désormais le prochain chef de l’opposition (à Fillon) en lui demandant de «sortir des postures caricaturales»!
Le tout avec un ton d’une agressivité rare chez un centriste.
Que l’on soit pro-MoDem ou pro-UDI, force est de constater que les deux partis sont largement déstabilisés par le phénomène Macron.
Heureusement, quoi qu’il arrive, le Centre, lui, demeurera le Centre.


Alexandre Vatimbella



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Présidentielle 2017. Macron présentera son «contrat avec la nation» d’ici à début mars

Alors qu’En marche gagne de plus en plus d’adhérents – plus de 145000 adhérents selon lui – et que nombre d’élus ainsi que de personnalités politiques le rejoignent, Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse jeudi 19 janvier afin de «clarifier les prochaines étapes» de sa candidature à la présidentielle en donnant des précisions sur ses grands axes mais aussi pour annoncer que son mouvement présenterait des candidats dans toutes les circonscriptions pour les législatives de juin prochain et qu’un formulaire en ligne permettait de se proposer, de même que les règles pour le faire et être éligible.
Concernant les grands axes, il a rappelé qu’En marche «traduit une volonté de s’engager, de s’approprier la vie politique et civique française, et une attente profonde de transformation» et qu’il veut s’«affranchir des jeux d’appareils qui ont conduit à bloquer notre pays».
En outre, Macron a rappelé que ses «valeurs et objectifs» «fondent le progressisme que nous portons: pour la transition environnementale et numérique, pour la flexi-sécurité, pour l’égalité des chances, pour le renouveau démocratique et culturel, pour une société forte et un Etat laïc, garant de la cohérence nationale, et enfin pour le projet européen».
Quant à la fameuse «révolution» démocratique qu’il veut initier, c’est «la société du travail, la sortie d’une société de statuts, la possibilité de choisir sa vie et tout ce que j’ai pu détailler durant cet automne était le cœur de cette vision».
Surtout, Emmanuel Macron a annoncé qu’il poursuivrait la présentation détaillée de son programme mais qu’il ferait une annonce importante dans les semaines à venir:
«Parce que je crois qu’une élection présidentielle exige hauteur de vue et cohérence, je présenterai d’ici à début mars le cœur de notre projet, celui d’un contrat avec la nation. Il s’agit du plan de transformation dont j’ai parlé à l’automne dernier, c’est-à-dire la méthode de gouvernement, les grands objectifs et les réformes-clés avec leur calendrier – je veux parler des réformes en profondeur, celles qui transforment et refondent, et non celles qui ajustent. (…) Ce plan de transformation (…) sera accompagné d’un cadrage budgétaire et financier précis qui permettra d’améliorer notre capacité à investir pour préparer l’avenir et en même temps réduire nos dépenses courantes. Ce contrat avec la nation sera le cœur de mon engagement présidentiel.»
Dans le même temps, Emmanuel Macron est désormais en tête du «palmarès de l’adhésion» réalisé par Odoxa pour l’Express, la presse régionale et France Inter dévoilé au cours de la semaine qui s’achève, avec 40% de Français qui éprouvent de la sympathie à son encontre devant Alain Juppé (34%).
Mais, sans doute ce qui est plus important notamment pour une présidentielle où l’on vote tout autant pour un candidat que contre les autres, le leader d’En marche est la personnalité politique qui suscite le moins de rejet (27%) alors que ses concurrents directs, François Fillon (40%) et Marine Le Pen (54%) font de mauvais scores.
(Sondage Odoxa réalisé les 12 et 13 janvier 2017 par internet auprès d’un échantillon de 984 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella



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