► Résistance aux Etats-Unis et année charnière pour les centristes
Or donc, ce n’est ni une blague de mauvais goût, ni un
cauchemar, Donald Trump est bien le nouveau président des Etats-Unis et il va
falloir faire avec pendant quatre ans avant qu’il ne se fasse renvoyer dans sa
tour bling-bling de Manhattan pour incompétence notoire, du moins c’est ce que
l’on souhaite tout en espérant qu’il n’aura pas mis son pays et le monde à feu
et à sang.
Car ce que l’on peut espérer, c’est un réel sursaut du
peuple américain pour résister à un démagogue populiste qui arrive à la Maison
Blanche avec un pourcentage d’opinions favorables extrêmement bas – comparable
à celui de George W Bush lorsqu’il quitta Washington alors président le plus
détesté de l’ère moderne avec Richard Nixon! – alors que Barack Obama s’en va
avec un exceptionnel taux d’approbation…
Pendant ce temps, il va falloir résister, notamment pour les
centristes.
Pour l’instant personne ne sait ce que le Centre va devenir
aux Etats-Unis.
La défaite d’Hillary Clinton est ambigüe.
Certes, elle a perdu l’élection mais avec 2,8 millions de
voix de plus que Trump.
Ceux qui prétendent que cette «défaite» signe la mort du
centre américain ont une drôle de manière de compter.
D’autant que, comme on l’a dit plus haut, le centriste Obama
est au plus haut dans les sondages et son bilan largement considéré comme
positif.
Néanmoins, c’est vrai que cette «victoire» est malgré tout
une défaite et que la radicalisation possible, voire inéluctable, du Parti
démocrate à gauche, là où se trouvent aujourd’hui l’énorme majorité des élus
centristes et qui réunis l’énorme majorité des électeurs centristes, face au
démagogue populiste d’extrême-droite qu’est Donald Trump peut mettre le Centre
dans une situation délicate.
Il se pourrait, paradoxalement, que la présidence Trump
réveille l’aile centriste du Parti républicain et que celle-ci reprenne du poil
de la bête au fur et à mesure que le nouveau président va prendre des mesures
radicales, impopulaires et désastreuses pour le pays.
Mais nous n’en sommes pas (encore) là.
Peut-être qu’un troisième parti, le rêve de beaucoup de
centristes américains, verra le jour dans les deux ans qui viennent.
Cependant, les tentatives de mettre sur pied une troisième
formation politique aux Etats-Unis à l’ère moderne ont toujours échoué jusqu’à
présent ou leur réussite a été de courte durée sans changer le paysage
politique.
Quoi qu’il en soit, 2017 devrait être une année charnière
pour les centristes aux Etats-Unis à moins d’événements particuliers.
Une formule qui a tout son sens avec l’arrivée de Trump au
pouvoir…
► Résistance en Europe et élections importantes
Si la résistance pour les centristes américains est le
maître mot de 2017, ce sera aussi celui des centristes européens avec plusieurs
élections qui pourraient voir la montée de l’extrême-droite et/ou de l’extrême-gauche
et/ou du populisme démagogique lors de plusieurs scrutins importants.
En outre, il faudra regarder l’évolution de la situation au
Royaume Uni, en Espagne et en Grèce ainsi qu’en Italie même si aucun scrutin d’envergure
ne doit se dérouler dans ces trois pays.
- Allemagne
Les élections législatives allemandes qui sont l’autre temps
fort électoral de l’année avec la présidentielle et les législatives
françaises, auront lieu courant septembre.
A priori, Angela Merkel est favorite pour se succéder, même
si sa popularité est en forte baisse depuis l’accueil de centaines de milliers
de migrants et l’attentat du marché de Noël à Berlin en décembre dernier.
En tout cas, on prête à la chancelière de faire une campagne
centriste car, rappelons-le, il n’y a plus vraiment de parti du Centre en Allemagne
depuis que les libéraux se sont droitisés.
C’est donc essentiellement la frange modéré de la CDU (démocrates
chrétiens mais majoritairement à droite et non centristes) et celle du SPD
(socialistes majoritairement) qui portent le message du Centre.
Celui-ci ne sera pas de trop avec la montée du parti de la
gauche radicale Die Linke, mais surtout du parti d’extrême-droite, AfD qui
pourrait surfer sur la dynamique insufflée outre-Atlantique par la victoire de
Trump et sur le rejet de la politique migratoire de Merkel.
Là aussi, les centristes vont devoir être en première ligne
pour résister à la montée du populisme démagogique.
- Pays Bas
Dans ce pays généralement gouverné au centre par des
coalitions de centre-gauche ou de centre-droit, la victoire aux élections législatives
du 17 mars prochain pourrait revenir à l’extrême-droite représentée par le
parti PVV du dangereux démagogue Geert Wilders.
En tête dans les sondages pendant longtemps, le PVV semble
néanmoins en perte de vitesse avec la remontée du parti centriste et libéral au
pouvoir, le VVD du premier ministre sortant Mark Rutte au sein d’une coalition
regroupant plusieurs partis.
Toujours est-il que le PVV demeure le favori du scrutin et
qu’il devancerait le VVD selon les dernières enquêtes d’opinion.
Cependant, il est fort peu probable que cette victoire
permette à Wilders de gouverner -- et de
faire sortir les Pays Bas de l’Union européenne comme il le souhaite – car il
ne trouvera sans doute personne pour faire une coalition majoritaire avec lui.
En revanche, le VVD devrait prendre la tête d’une nouvelle
coalition avec Démocrates 66 et l’Appel chrétien-démocrate.
Toujours est-il que la montée du populisme démagogique est
une donnée inquiétante dans ce pays généralement ouvert et tolérant.
- Royaume Uni
A part des élections législatives en Irlande du Nord, il n’y
a pas de scrutin important prévu en 2017 au Royaume Uni où, évidemment, la vie
politique sera dominée par le Brexit, d’autant plus que la dernière
intervention de la nouvelle premier ministre, Theresa May, au cours de laquelle
elle a plaidé pour une sortie sèche et a proféré des menaces à l’encontre de
l’Union européenne (dont de faire de la Grande Bretagne un paradis fiscal afin
de déstabiliser le grand marché européen), risque de provoquer des vagues à
l’intérieur même du pays.
Ainsi, de ces élections précitées en Irlande du Nord puisque
l’on sait que cette dernière a voté en majorité contre la sortie du Royaume Uni
de l’Union européenne.
Mais les problèmes pourraient venir surtout de l’Ecosse qui
a également voté très largement en faveur du maintien dans l’UE et qui a
toujours affirmé que l’abandon du grand marché européen par Londres serait un
motif de casus belli avec l’organisation d’un nouveau référendum pour quitter
le Royaume Uni.
Dans ce cadre, il faudra observer le comportement des
centristes britanniques qui sont au fond du trou électoralement parlant mais
qui sont également les principaux défenseurs d’un Royaume Uni dans l’Union
européenne.
Il sera également intéressant de voir si l’initiative
annoncée de Tony Blair, l’ancien premier ministre travailliste, de créer une
structure pour redynamiser le courant de pensée centriste, verra effectivement
le jour et si elle aura la capacité de peser dans les débats du pays.
- Italie
Le départ du premier ministre de centre-gauche, Matteo Renzi,
après que les Italiens aient rejeté par référendum sa réforme des institutions,
n’a pas, pour l’instant créé de crise politique au grand dam du populiste
démagogue, le leader du Mouvement 5 étoiles, Beppe Grillo qui exigeait des
élections législatives anticipées.
Néanmoins, la fragilité du nouveau gouvernement et d’éventuelles
difficultés économiques pourraient précipiter le pays dans de nouvelles législatives
dont l’issue serait très incertaine et pourrait provoquer une grande
instabilité, voire la victoire du populisme démagogique de Grillo.
Heureusement le retour d’un Silvio Berlusconi, le «Trump
italien», surfant sur une vague populiste dont il a été un des initiateurs dans
les années 1990-2000 n’est pas (encore) à l’ordre du jour puisqu’il demeure
interdit de toute fonction élective jusqu’en 2019 (où il aura 82 ans) et que
Forza Italia n’est plus qu’à 13% des intentions de vote dans les sondages.
Pourtant, un des anciens lieutenants, Antonio Tajani, vient
d’être élu président du Parlement européen le 18 janvier…
- Espagne
La droite espagnole a enfin pu former un nouveau
gouvernement après deux élections législatives qui n’avaient donné aucune
majorité stable pour gouverner à aucun parti.
C’est grâce au soutien sans participation des centristes de
Ciudadanos d’Alberto Rivera et l’abstention du PSOE (socialiste) que le Parti
populaire de Mariano Rajoy – arrivé en tête lors des deux scrutins législatifs –a
pu se maintenir au pouvoir alors que les populistes démagogues d’extrême-gauche
de Podémos souhaitaient s’installer au pouvoir en se servant des socialistes
qui ont eu le courage de résister aux pressions.
- Grèce
Le premier ministre grec, Alexis Tsipras, à la tête d’un
gouvernement de gauche radicale, devrait demeurer au pouvoir cette année.
Sauf si la situation économique se détériore amenant à des
troubles et/ou au blocage des aides de l’Union européenne pour éviter la
banqueroute du pays.
Les renoncements idéologiques de Tsipras – qui lui ont valu
le départ de nombreux soutiens d’extrême-gauche – lui ont permis de trouver des
accords avec les autres pays européens ainsi que les institutions comme la
Banque centrale européenne ou le FMI pour permettre à la Grèce de ne pas
sombrer.
Cependant, la pression de la rue et ses idées politiques, l’amènent
à vouloir transgresser sans cesse le pacte qu’il a conclu pour recevoir les
aides indispensables aux Grecs pour sortir de la crise grave dans laquelle ils
se trouvent, comme en décembre où, juste après avoir signé des accords avec l’UE,
il avait annoncé des mesures sociales coûteuses alors même qu’il avait pris l’engagement
de ne pas en prendre.
Toujours est-il que le parti de droite, Nouvelle démocratie,
dirigée par Kiryakos Mitsotakis, s’est dit prêt à gouverner en présentant un
programme nettement centriste.
► Résistance dans le monde
Si, dans le monde, la résistance à tous ces mouvement
populistes, démagogiques et extrémistes sera également de mise, il faut y
ajouter, en matière politique et pas seulement de sécurité, la résistance à la
montée de l’intégrisme religieux et à l’extrémisme qu’il véhicule souvent
beaucoup plus dangereux que le premier nommé.
On suivra ainsi et bien sûr l’évolution de l’autoritarisme liberticide
en Russie et en Turquie, la résistance des terroristes de Daesh en Irak et en
Syrie (avec, en plus, pour ce dernier pays si meurtri, la probable vengeance du
clan Assad sur la population sunnite depuis que le dictateur a repris la main grâce
à l’appui de la Russie) ainsi que les élections présidentielle en Iran.
En Asie, on observera l’évolution de la situation en Corée
du Sud où la présidente a été démis de ses fonctions pour corruption et aux
Philippines où le président de la république est une graine de dictateur qui se
glorifie de faire exécuter des gens dans la rue et d’insulter tous ceux qui ne
sont pas d’accord avec lui.
Sur le continent africain, il faut ardemment souhaiter que
la Tunisie, seule réelle démocratie du monde arabe, trouve sa stabilité et que
les centristes qui s’unissent et se désunissent dans un mouvement perpétuel
parviennent à former un véritable parti qui pourra entreprendre les réformes
nécessaires pour pérenniser la liberté.
On suivra de même la situation en Côte d’Ivoire où les
problèmes sont loin d’être tous réglés mais qui demeure une démocratie alors qu’au
Congo, la fiction démocratique s’est effondrée.
Il faudra également demeurer attentif à ce qui se passe en
Amérique du Sud où le Centre est dans une dynamique ayant remplacé la Gauche
populiste dans la plupart des pays avec, entre autres, deux président centristes
qui gouvernent le Brésil et l’Argentine, respectivement Michel Temer et
Mauricio Macri, deux pays où l’instabilité politique et sociale est inquiétante
(avec pour l’Argentine, des élections législatives en 2017).
Quant au Venezuela, la victoire des centristes au Parlement
n’a pas permis d’éviter au pays de sombrer dans le chaos de par la faute du
président chaviste, Nicolas Maduro, qui, en tant que chef de l’Etat et du
gouvernement, refuse de mettre en place les réformes qui pourrait le sauver et
de laisser le pouvoir aux gagnants des législatives.
Rien, malheureusement, ne semble empêcher que la situation
empire en 2017 dans un pays à la criminalité la plus violente du continent, où
des gens ont faim et où des maladies éradiquées depuis longtemps ont fait leur
réapparition.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC