Dans une salle comble du Zénith de Lille, ce samedi 14
janvier, Emmanuel Macron en évoquant Jean-Louis Borloo a provoqué des applaudissements
particulièrement nourris.
Il a ainsi démontré une nouvelle fois que nombre de
centristes, notamment de l’UDI, viennent l’écouter et le rejoignent nombreux,
comme justement Laurent Degallaix, le député-maire de Valenciennes, successeur
dans ce fauteuil de Borloo.
Un Laurent Degallaix qui avait déclaré avant de se rendre au
meeting de Macron en avoir parlé à l’ancien président-fondateur de l’UDI qui
lui avait dit «tu as raison».
Voilà qui ne va pas faire plaisir du tout à Jean-Christophe
Lagarde et aux caciques de la formation centriste qui tentent désespérément de
contrer sans succès la dynamique du leader d’En marche qui n’arrête pas de susciter
des ralliements au centre de l’échiquier politique comme ceux de Corinne Lepage
et Jean-Marie Cavada, hier.
Voilà également une pierre dans le jardin de Laurent Hénart,
le président du Parti radical et successeur de Jean-Louis Borloo à ce poste,
qui a décidé, soi-disant en accord avec ce dernier, de soutenir sans aucun état
d’âme François Fillon, celui même qui empêcha avec peu d’élégance son ancien
chef de devenir premier ministre en 2010, et non Emmanuel Macon, certainement
plus proche des thèses que Borloo a défendues lors de son parcours politique.
Mais le grand thème de Macron à Lille a été l’«émancipation»,
celle «pour faire et tenter», celle pour «redonner les opportunités à ceux à
qui on n’en donne plus».
Et cette émancipation, il a déclaré qu’elle était la «responsabilité
commune» de tous ceux qui le suivent».
Poursuivant son attachement au réel, il a affirmé qu’elle se
construirait «d’abord en regardant le monde en face» car la France n’existe pas
comme «une enclave» et les Français sont «universels».
Un monde «lourd de menace» où «le mal est là» et il convient
de le combattre et, par exemple, de mener contre le terrorisme qui menace la
démocratie une «lute politique et culturelle».
Cela se fera évidemment avec l’Europe et dans l’Union
européenne dans un dialogue avec les Etats-Unis – avec qui «on partage des
valeurs – et la Russie – avec qui «on ne partage pas les mêmes valeurs» en s’inspirant
de l’action du Général de Gaulle, le natif de Lille, qu’il a cité a plusieurs
reprises.
D’autant que, tournant le dos à la démagogie de la classe
politique française dans son ensemble, il a dit, sans ambages, «l’Europe, c’est
nous» et non une entité satanique qui se serait créée ad hoc et qui serait
responsable de tous nos maux.
Emmanuel Macron est clair, «nous avons besoin de l’Europe
parce que l’Europe nous rend plus grand et nous fait plus fort».
Mais pas d’européanisme béat: si l’Union européenne n’avance
pas assez vite, il propose de la faire «à quelques uns», voire «à deux» avec l’Allemagne.
L’émancipation, pour le candidat à la présidentielle «se
construit aussi par le travail» et il le redit «je veux être le candidat du
travail».
Pour cela, il veut une «république contractuelle» qui porte «un
projet de justice sociale efficace au siècle contemporain» qui permette,
notamment, «qu’on entreprenne et qu’on réussisse plus facilement».
En revanche, il ne veut pas que la société française
devienne une société de l’aide sociale où, ne pouvant plus fournir un emploi
émancipateur, elle se mettrait à distribuer des allocations et des revenus
universels.
En terminant son discours, Emmanuel Macron a affirmé que lui
et ses sympathisants étaient «des rêveurs» mais que leurs concurrents ne se
méprennent pas, «des rêveurs obstinés» qui vont porter un «mouvement de l’optimisme
volontaire, de l’espérance».
A noter que le leader d’En marche est désormais en tête du
baromètre de popularité du Figaro magazine selon la nouvelle vague réalisée par
l’institut Kantar-Sofres avec 39% des Français (+ 6 points par rapport au mois
dernier) qui souhaitent «lui voir jouer un rôle important au cours des mois et
des années à venir».
Dans ce même sondage, François Bayrou perd 5 points et se
retrouve dixième avec 22%.
Un passage de témoin?
(Sondage Kantar-Sofres
réalisé du 5 au 9 janvier 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1000
personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française
/ méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)
Alexandre
Vatimbella
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