Les
circonvolutions de François Bayrou à propos de sa candidature à la prochaine
présidentielle risquent-elles de lasser les Français?
Peut-être
mais pas le principal intéressé – et pas encore les médias qui suivent toujours
ce drôle de feuilleton avec assiduité – qui depuis deux ans se prépare… à se
décider d’y aller ou non tout en brûlant de se présenter mais en ne voulant
surtout pas prendre un bouillon!
Difficile
équation qui relègue un peu les idées derrière l’ambition personnelle ainsi que
la stratégie politicienne et qu’il a tentée d’expliquer au micro de RTL.
D’abord le
Centre.
François
Bayrou n’est pas dans l’optique de chercher à constituer un groupe à l’Assemblée
nationale après les prochaines législatives mais bien d’incarner le Centre (donc
de le représenter à la présidentielle:
«Ce n’est
même pas une question de groupe ou de circonscriptions, ce n’est pas sous cette
forme que je vois les choses. La France a besoin de Centre. (…) L’offre
politique que nous avons aujourd’hui n’est pas satisfaisante. Un grand
journaliste politique écrivait récemment qu’entre 25 et 30 % des Français
étaient absolument insatisfaits et n’arrivaient pas à trouver leur chemin. Ce
qu’il faut, c’est en effet la constitution, la construction ou la
reconstruction d’un Centre digne de ce nom en France. Et Ce centre doit avoir
deux caractéristiques : il doit être uni et indépendant, capable de se
prononcer par lui-même au lieu de toujours avoir à se précipiter pour être
l’allié ou la roue de secours de quelqu’un d’autre. Cette volonté
d’indépendance est absolument majeure pour la démocratie française».
Et pour se
présenter, il a besoin d’un programme, ce qui tombe bien puisqu’avant d’annoncer
s’il sera ou non candidat (mi-février), il publiera un livre qui en sera un (31
janvier):
«Je vais
essayer (…) de proposer des idées non pas pour les autres mais pour moi! Le
rôle que je veux jouer précisément dans cette période est d’apporter des idées
dans le débat politique. Il n’y en a pas beaucoup de nouvelles, on a
l’impression très souvent que ce sont déjà des idées que l’on a entendues il y
a longtemps. Oui, je veux proposer des idées nouvelles».
Existe-t-il
pour autant un espace pour sa quatrième candidature présidentielle? Sa vision d’un
paysage politique en évolution semble le sous-entendre:
«Nous allons
voir dans les semaines qui viennent de quelle manière le paysage politique
évolue. Pour l’instant, il n’est pas fixé et c’est le moins que l’on puisse
dire car on a l’impression que l’univers des surprises n’est pas achevé»
Toujours dans
cette interview à RTL, Bayrou a renvoyé Fillon dans les cordes en affirmant que
les informations diffusées par le Canard Enchaîné selon lesquelles il y aurait
un pacte secret entre lui et le candidat LR était de «l’intox», prenant la
posture de l’outragé:
« (…) Ce sont
des manipulations d’opinion. Il y a eu moins deux personnes qui savent que tout
ceci est complètement faux et intégralement bidon comme on dit, c’est François
Fillon et moi. Nous n’avons évidemment jamais eu l’idée de négocier des pactes
secrets. Je ne pratique pas ce genre de manœuvre. Quand je pense quelque chose,
je le dis! Quand je fais un choix, ce choix est ouvert. Je ne manœuvre pas dans
des couloirs secrets, je suis un responsable politique devant les Français et
pas dans la ruse».
Et de
répéter:
«Quand je dis
qu’il n’y a rien de ce type de manœuvre, que je n’ai pas cela en tête et que je
n’y participe pas, je vous dis aussi ouvertement que possible la vérité. Donc,
je vous encourage à ne pas dire ‘s’il y avait un pacte, vous ne nous en
parleriez pas’. Il n’y aura jamais avec moi de manœuvre de cet ordre. J’ai pris
suffisamment de risques dans la vie politique française pour ne pas avoir à
faire la preuve que je déteste la duplicité».
Enfin, il a
eu, comme c’est devenu son habitude, des propos négatifs sur Emmanuel Macron, l’homme
qui est en train de prendre sa place sur l’échiquier politique et dans les
sondages:
«Pour
l’instant, je n’ai aucune idée du programme ou de la direction qu’Emmanuel
Macron défend. Je vois bien une présentation médiatique flatteuse mais je ne
vois pas le fond».
Alexandre
Vatimbella
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