Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
Barack Obama |
Pour beaucoup de mes confrères
journalistes présents hier à l’auditorium de Radio France (mais pas tous) tout
comme ceux qui ont repris les dépêches des agences de presse, l’intervention de
Barack Obama devant l’association «Les Napoléons» et une partie du tout-Paris
politico-médiatique était «convenue».
On ne sait pas trop ce que cela
signifie.
Si c’est un scoop qu’ils
attendaient, ce n’était même pas besoin de venir.
Obama n’allait pas annoncer une
troisième candidature à la Maison blanche (il n’en a pas le droit), ni même sa
naturalisation française pour pouvoir devenir président de la république chez
nous, comme certains, avec humour, l’avaient demandé lors de la dernière
présidentielle.
Il n’allait pas non plus insulter
Donald Trump pour nourrir les gros titres, ni même Vladimir Poutine.
Ou attaquer les républicains de
manière grossière, eux qui tentent par tous les moyens de torpiller son
héritage progressiste pour le pus grand malheur de leurs compatriotes
(assurance-santé) et du monde entier (engagements sur le changement climatique)
Mais, si se poser une nouvelle
fois en défenseur intransigeant de la démocratie républicaine progressiste et
bien tempérée est un discours «convenu», alors j’en redemande au moment où nous
avons plus l’habitude d’assister à des propos radicaux, extrémistes, populistes
et démagogiques qui promettent l’apocalypse et les feux de l’enfer et qui
tentent de monter les gens les uns contre les autres.
Car Barack Obama n’est pas venu
dire des choses sans intérêt mais bien que, en ces temps troublés où tous ses
ennemis délivrent une véritable diarrhée verbale à son encontre, «Ceux qui
croient en la démocratie doivent se faire entendre».
Oui, il faut dire que «La
démocratie est difficile à maintenir, les gains que nous faisons sont fragiles,
mais je suis persuadé que l'avenir est de notre côté si nous protégeons les
valeurs que nous chérissons» et que cet avenir «n'appartient pas aux hommes
forts».
Oui, il est bon de rappeler,
surtout quand on a été le dirigeant de la première puissance mondiale et que
l’on a une cote de popularité sans pareille, que «La démocratie a ses défauts,
mais ce qui peut la soigner, n'est pas de nous retirer de la sphère publique, c’est
une meilleure implication des citoyens. Je veux travailler pour que les jeunes
puissent s’investir dans la démocratie».
Et cette affirmation centriste
mais ô combien importante: «Pouvons-nous refaire une politique qui nous
permette de réunir les gens au-delà des divisions, de partager notre humanité
commune et de remplacer la crainte par l'espoir? Oui, je crois que nous le pouvons».
De même, qualifier le «projet
européen» de «vital» et d’«extraordinaire, n’est pas rien quand on vient
d’outre-Atlantique et que votre successeur s’est publiquement réjouit du
Brexit…
Mais Obama n’est pas un optimiste
béat, loin de là et il met en garde: «Certains contre-récits ont gagné en
puissance ces derniers temps, des gens qui disent que la force fait la loi, que
les normes et les règles peuvent être ignorées… La question est de savoir si
nous pourrons faire en sorte que le changement serve tout le monde afin que
nous puissions rejeter le nationalisme et la xénophobie, réaffirmer nos valeurs
de pluralisme et de démocratie…»
Pour autant, il ne veut pas
baisser les bras comme certains car, selon lui, «L'arc de l'Histoire continue
de tendre vers la justice» et que «Nous sommes dans la meilleure et la pire des
époques. Je dis à mes filles que malgré tous ses tourments, le monde n'a jamais
été aussi prospère».
Et, avec des accents qui
rappellent sa campagne de 2008, il a affirmé, «Je suis convaincu que nous
pouvons remplacer la peur par l’espoir».
Oui, il était bon que Barack
Obama, le centriste, vienne nous rappeler tout cela et nous rappelle également
que nous avons aujourd’hui un président, tout aussi centriste, qui dit à peu
près la même chose.
Jean-François Borrou
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