Il serait trop long de faire une
chronologie exhaustive de ces relations qui ont envenimé le centre-droit, de l’UDF
à l’UDI en passant par le Nouveau centre où les deux compères ont été ensemble
dans ces formations.
Car, oui, Morin et Lagarde,
contre toute logique, ont cohabité pendant de longues années dans les mêmes
partis alors même qu’ils déversaient leurs ires l’un contre l’autre.
Et, oui, Les centristes, le parti
d’Hervé Morin (anciennement Nouveau centre) est bien le dernier des «gros» partis
de l’UDI à quitter la confédération qui ne se réduit plus aujourd’hui qu’à la
FED créée par Lagarde, quelques groupuscules dont on ne sait s’ils existent
vraiment et des personnalités diverses et variées.
La question que l’on peut se
poser, dès lors et au vu de cette haine, est pourquoi Morin a attendu d’être le
dernier pour quitter Lagarde alors qu’il aurait du être le premier à le faire.
Tout est dans la présence du
Nouveau centre (puis de Les centristes) dans l’UDI.
Lorsque Jean-Louis Borloo la crée
en 2012, Hervé Morin ne veut pas y aller pour deux raisons: ses mauvais rapports
avec Borloo (malgré ce qu’il dit) et sa haine vis-à-vis de Lagarde.
On peut éventuellement y ajouter
une volonté de demeurer le chef incontesté du centre-droit mais au vu du délabrement
d’alors du Nouveau centre, on peut douter de la réalité de cette position.
Et s’il se rallie enfin à l’UDI,
c’est parce que ses troupes lui envoie un ultimatum: nous on y va, avec ou sans
toi.
Quand on connait l’homme qui est
plus dans l’opportunisme politicien que dans le courage politique, sa réponse
ne faisait aucun doute: je viens avec vous.
Mais, une fois dedans, Morin
devient immédiatement l’opposant principal de l’intérieur et son comportement
sera une des raisons pour lesquelles Jean-Louis Borloo quittera avec fracas l’UDI
(au-delà de ses ennuis de santé ponctuels), une confédération ingérable selon
lui du fait des petites ambitions personnelles et des inimitiés tenaces.
C’est alors qu’Hervé Morin, celui
qui ne voulait pas en être, se présente à la présidence de l’UDI laissait
vacante par le départ de Borloo alors que, déjà, il aurait du en profiter pour
s’en aller s’il avait mis ses actes en accord avec ses propos.
Donné gagnant devant l’autre
candidat principal, Jean-Christophe Lagarde, il se fait battre dans un scrutin
dont l’honnêteté, de part et d’autre, n’a pas été la plus grande caractéristique…
Vaincu, il menace de partir mais
ne le fait pas, se mettant seulement en retrait alors que tous ses «amis» du
Nouveau centre prennent des responsabilités à l’intérieur de l’UDI tel Philippe
Vigier.
Car ces derniers lui rappellent
fermement qu’ils ne veulent pas s’en aller pour former une sorte de groupuscule
sans avenir.
Morin va alors ronger son frein
pendant trois ans où il en profitera toujours pour être sur une ligne politique
différente de Lagarde.
Son soutien à Bruno Lemaire pour
la présidentielle pendant que ses lieutenants Maurice Leroy et François Sauvadet
appellent à voter pour Nicolas Sarkozy lors de la primaire LR pendant que
Lagarde s’est rangé derrière Alain Juppé est un des derniers avatars de cette
stratégie de l’opposition systématique.
Après le bouillon de la présidentielle
et des législatives, Hervé Morin ne parle plus que de la mort de l’UDI et de sa
volonté de créer un nouveau parti de droite libérale.
Mais rien ne se passe pendant
sept mois au cours desquels l’UDI se délite de plus en plus.
Après le départ de nombre de ses
troupes pour rejoindre Emmanuel Macron (ce qui vaut, notamment, à l’Alliance
centriste de se faire exclure de l’UDI par Lagarde) puis du Parti radical pour former
avec le Parti radical de gauche, le Mouvement radical, début décembre, l’UDI
est devenu une sorte de mort-vivant.
Morin jubile et peut alors enfin
mettre à exécution ses menaces de départ dans un texte adopté par le conseil
national de Les centristes, milieu décembre.
Car, cette fois-ci, l’UDI est
bien une coquille vide appelée à terme, à disparaitre sauf miracle.
Dès lors pour ses «amis», le
temps est venu de partir.
Car, encore une fois, Hervé Morin
est demeuré prisonnier de leur choix même s’il peut parader un peu partout en
expliquant que c’est sa décision et en expliquer les raisons.
En fait, il n’est que le
porte-parole de ses troupes et non le chef décisionnaire.
Néanmoins, il ne faut pas négliger
le fait que pendant tout le temps où il a été à l’intérieur de l’UDI, Morin a
une existence et une visibilité politiques qu’il n’aurait sans doute pas eues s’il
en avait été en dehors.
Ainsi, il y a peu de chances qu’il
soit devenu dernièrement président de l’association des régions de France sans
être encore à l’UDI.
De cela, il en était parfaitement
conscient et c’est sans doute la raison principale pour laquelle il est resté à
l’UDI et qu’il n’a pas rejoint, par exemple, l’UMP où il n’aurait été qu’une
personnalité de seconde, voire troisième ordre.
In fine, son départ de la
confédération a été comme sa présence, un mix pas très glorieux d’obéissance à
ses troupes et d’opportunisme politicien.
De ce point de vue,
Jean-Christophe Lagarde peut se réjouir de le voir s’en aller.
Politiquement parlant, c’est une
autre affaire.
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