Si nous avons été les premiers au CREC à identifier l’émergence
d’un axe central (forces politiques) et d’une espace central (lieu politique),
il convient de rappeler, alors qu’une large et importante recomposition
politique est en cours, que central et centriste ne sont pas synonymes.
De même, si le Centre fait entièrement partie de l’espace
central, il n’en garde pas moins des spécificités fortes qui ne permettent pas
de le diluer et de le fondre dans l’axe central.
Même chose pour le Centrisme qui n’est pas la pensée
politique de l’espace central mais bien de l’espace centriste.
Explications.
L’espace central est un espace humaniste, réformiste,
progressiste et pro-européen allant d’une partie de la Droite à une partie de
la Gauche, et l’axe central sont les forces qui le représentent qui sont
composées de gens (ou de partis) de Droite, de Gauche et du Centre.
L’espace centriste, lui, est un espace où se regroupent les
personnalités et forces politiques qui ont pour pensée le Centrisme.
Exemple, Agir, la nouvelle formation politique que viennent
de créer des dissidents de LR fait bien partie de l’espace central mais pas
centriste alors que le Mouvement démocrate est central parce qu’il fait d’abord
partie de l’espace centriste.
La situation de La république en marche est un peu plus
complexe.
Ainsi, ses membres se viennent et se revendiquent de droite,
de gauche et du Centre.
De ce point de vue, LREM fait partie de l’espace central
mais pas centriste.
Néanmoins, son projet et son programme sont essentiellement
centristes et peuvent permettre de la classer dans l’espace centriste.
L’important dans la distinction qu’il faut opérer entre
central et centriste est d’éviter tout amalgame au détriment du Centre et du
Centrisme mais aussi pour ne pas permettre aux radicaux et aux extrémistes de
gauche et de droite de s’en prendre aux humanistes libéraux et progressistes de
leur camp à coup de contre-vérités et d’insultes.
On le voit bien, actuellement, où les adversaires de cet axe
central qui sont aussi ceux du Centre commencent à ressortir les vieilles attaques
minables sur ce «marigot central» fait d’«opportunistes» et de «politicards
carriéristes» à la recherche de postes et de strapontins ministériels.
Or, ni ceux qui sont véritablement positionnés sur l’axe
central, ni les centristes ne sont de cette engeance.
Mais les rapprochements rapides et caricaturaux, faits à
dessein, permettre de créer une confusion voulue dans l’esprit des gens.
De même, la tentation de certains «centristes», comme Hervé
Morin ou même Jean-Christophe Lagarde, de se positionner actuellement plus sur
l’axe central que sur l’axe centriste n’est pas faite malheureusement pour
clarifier les choses…
Sans parler des vrais opportunistes comme un Yves Jégo, par
exemple, qui navigue sans aucun scrupule dans ce qui est alors un vrai marigot.
L’important pour le Centre est bien d’être la pierre
angulaire de cet axe central mais surtout pas de se laisser identifier à ce
dernier au risque de perdre sa spécificité.
La recomposition de l’espace politique dans son ensemble
suite à la victoire d’Emmanuel Macron mais aussi de la déshérence de LR et du
PS ainsi que de la montée en puissance des radicalismes, des populismes
démagogiques et des extrêmes est en cours et des interrogations demeurent
encore sur ce que sera le paysage partisan dans les mois et les années à venir.
Il se peut que le macronisme ne soit qu’une parenthèse
historique mais il se peut qu’il soit là pour durer ou qu’il soit, tout
éphémère que sera son existence, une empreinte forte à la base de la
reconstruction des positionnements politiques parce qu’il percute un mouvement
historique plus profond que son éclosion.
Dans ce cadre, le Centre et le Centrisme accompagneront cet
axe central s’il est appelé à devenir une constante de la vie politique
française.
Mais, si ce n’était pas le cas, ni le Centre, ni le
Centrisme ne disparaitront.
Quant aux centristes actuels, tout dépendra de leur choix.
Soit ils choisiront de s’identifier complètement à l’axe
central et/ou au macronisme naissant et perdront leur identités.
Soit ils feront preuve d’indépendance en gardant leurs
caractéristiques propres tout en reconnaissant que l’axe central est une
opportunité historique et que le macronisme est un représentant du Centrisme et
non le contraire.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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