Par Jean-François Borrou
Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes.
La «tribune» publiée par
Jean-Christophe Lagarde dans le Huffington Post (qui est devenu un des médias
les plus critiques du pouvoir en place), est, à bien des égards, symptomatique
d’un parti comme l’UDI qui ne sait plus très bien où il est et qui, pour ne pas
tomber dans un trou sans fond, a décidé de jouer sur tous les tableaux puisque,
forcément, un de ceux-ci sera gagnant…
Cette posture politicienne
reprochée tant de fois aux centristes est remise à l’ordre du jour sans aucune
gêne par la confédération centriste et principalement son président.
Ainsi, dans cette tribune,
Lagarde nous annonce que le budget est un bon budget mais qu’il ne le votera
pas parce qu’il est un… mauvais budget!
On pourrait se moquer de la
dialectique primaire utilisée par le président de l’UDI si elle ne montrait sa
vision opportuniste de la politique afin de faire exister son parti, donc
lui-même qui en est à sa tête.
Alors que Lagarde reproche à
Macron d’être de gauche et de droite «en même temps», lui et l’UDI, sont, «en
même temps» dedans et dehors…
Pas sûr que les électeurs de
l’UDI s’y retrouvent.
Quant aux militants, ceux qui
sont restés, beaucoup ne semblent pas troublés outre mesure par les
contradictions du discours du parti (ou, en tout cas, de son chef).
Détaillons cette fameuse
dialectique dont je viens de parler.
Comme de normal dans ce genre
d’exercice, on commence par féliciter celui que l’on va critiquer.
Ainsi, pour Lagarde, «Ce budget
est d’abord le plus honnête depuis 15 ans. (…) C’est aussi un budget qui
affirme une vraie stratégie économique. (…) Ce budget traduit des orientations
intéressantes en matière de rétablissement de l’ascenseur social. (…) Enfin,
sur le plan fiscal, la volonté d’afficher une trajectoire lisible, stable et
donc prévisible, ce que nous demandons depuis des années, était indispensable
et peut contribuer à faire revenir la confiance des entrepreneurs comme des consommateurs.»
Mais alors «Pourquoi donc ne pas
voter ce budget qui présente d’évidentes qualités que n’ont jamais eu ses
prédécesseurs?» avec des mesures que «nous réclamons depuis quinze ans».
Et là, petite parenthèse, on
rappelle que Lagarde est député depuis quinze ans et qu’il a voté les budgets
de Nicolas Sarkozy et même certains de Chirac qui donc té encore moins bons ou
plus mauvais que celui-ci!
Laissons-lui la parole pour
s’expliquer.
Et bien «Parce que ‘en même
temps’ ce budget est entaché d’erreurs, voire de fautes, qui auraient pu, qui
auraient dû être corrigées.»
Celles-ci sont, in fine, très
minimes en réalité et ne concernent essentiellement que les finances locales et
l’absence de TVA sociale mais qu’à cela ne tienne.
Car, en définitive, «Nous nous
abstenons donc majoritairement sur ce budget qui présentait pourtant des
qualités inédites. Car ces 4 erreurs principales auraient pu être évitées si la
majorité savait écouter autre chose qu’elle-même, comme elle le prétendait
avant les élections. En cela, cette majorité du ‘nouveau monde’ ressemble déjà
cruellement à celles de ‘l’ancien monde’. Celles qui ont toutes échoué en
croyant toujours avoir raison seules. Car, pour un pouvoir, penser avoir
toujours raison est bien le début de la déraison.»
En fait, si l’on comprend
Lagarde, c’est surtout parce qu’il n’a pas été écouté qu’il ne votera pas le
budget pas parce qu’il est mauvais…
Voilà une manière très «ancienne»
de faire de la politique.
Surtout d’être uniquement dans
une réaction puérile, indigne des fonctions électives des élus UDI, où l’on ne
vote pas quelque chose parce qu’on n’a pas été gentil avec vous.
Mais, in fine, les députés de la
confédération centriste veulent surtout être dehors (en ne votant pas le budget
qui généralement est l’indication que l’on n’est pas dans la majorité
présidentielle) tout en étant dedans (parce que ce budget, quoi qu’ils en disent,
est centriste).
On a bien compris qu’ils pourront
ainsi affirmer que ce budget est bon s’il donne des résultats et qu’il est
mauvais s’il faillit.
Jean-François Borrou
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