François Bayrou & Jean-Christophe Lagarde |
Si l’on veut prouver l’inconséquence et l’opportunisme des
centristes, pas besoin d’aller chercher très loin que les propos sur le
prochain budget.
Alors que Jean-Christophe Lagarde qui se veut dans
l’opposition à Emmanuel Macron déclare que «ce budget est sans doute le budget
le plus sérieux que j’ai vu depuis quinze ans», François Bayrou qui jure par
tous les saints et le bon dieu réunis qu’il fait partie de la majorité
présidentielle estime à propos de la réforme de l’ISF contenu dans ce même
budget que «La France ne gagnera rien à s'aligner sur le modèle des inégalités
croissantes qui domine le monde et à s'éloigner du modèle de régulation et
d'équilibre qui l'inspirait, la singularisait et contribuait à l'unifier».
On croit rêver!
Mais que le lecteur centriste proche de l’apoplexie ou de
renier définitivement ses convictions se «rassure».
Il ne s’agit encore et toujours que d’ambitions personnelles
et de volonté d’occuper le terrain médiatique.
Prenons Bayrou.
Emmanuel Macron lui a piqué son pré carré et il ne l’a
toujours pas digéré malgré toutes ses déclarations lénifiantes.
N’a-t-il pas déclaré, il y a quelques jours, à l’attention
de ses anciens amis de l’UDF partis créer le Nouveau centre en 2007, qu’il
n’oubliait jamais rien?
En l’occurrence, pour exister politiquement, il lui a fallu
faire alliance avec Macron et, actuellement, il n’a d’autre solution que d’être
le plus critique des fidèles du président de la république en le débordant… sur
sa gauche.
Cette stratégie, le président du MoDem l’a déjà utilisée aux
temps de Chirac et Sarkozy puis il a utilisé celle d’être sur la droite de
Hollande.
Ça lui a toujours permis, quel que soit le chef de l’Etat en
place d’être un opposant ce qui lui donnait une visibilité médiatique certaine.
Il suffit de voir avec quelle célérité les journalistes ont
relayés ses critiques des derniers jours à l’encontre de la droitisation du
pouvoir pour se rendre compte de l’efficacité de ce comportement systématique
«anti-pouvoir» et «rebelle».
Prenons Lagarde.
Depuis qu’Emmanuel Macron a décidé de se lancer en
politique, ce dernier l’embête beaucoup parce qu’il s’est positionné au centre
et qu’il défend, sur bien des points, les mêmes idées.
Ce n’est pas pour rien si nombre de militants et élus UDI
ont quitté le parti pour rejoindre pendant la campagne présidentielle le leader
d’En marche alors que ceux du MoDem étaient nettement moins nombreux – déjà un
paradoxe qui n’en était pas forcément un.
Dès lors, il ne peut pas sans cesse ruer dans les brancards
contre Macron sauf que ce dernier est dans le même temps une machine qui va, à
terme, le broyer…
Surtout, à contrarier son ambition présente qui est de créer
un grand parti de centre-droit dont il serait le leader ou un des leaders.
Donc, Lagarde est obligé de dire du bien de certaines
mesures de Macron tout en affirmant qu’il est dans l’opposition.
Et disons qu’en termes de buzz ce n’est pas si mal puisqu’on
ne l’a jamais autant vu dans les médias.
Pour ceux qui ont eu du mal à suivre, je récapitule.
Lagarde dit du bien de Macron pour pouvoir être un des
principaux leaders de l’opposition.
Bayrou dit du mal de Macron pour pouvoir être un des
principaux leaders de la majorité.
Donc, Lagarde est une sorte de soutien opposé à Macron et
Bayrou une sorte d’opposant soutenant Macron.
Sans oublier que Lagarde et Bayrou parle ouvertement de se
réunir afin que cela ne se réalise jamais.
C’est simple, la politique.
Centristement votre.
Le Centriste
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