Signature de la loi sur la moralisation politique |
Le Centrisme est un humanisme, à la fois, progressiste et
réformiste, qui prône le juste équilibre, principe essentiel de sa pensée qui
est de mettre en place une société ouverte où tous ont l’opportunité de vivre
la meilleure vie possible dans l’optimum de la société réelle, c’est-à-dire
dans la meilleure organisation de le vie en commun par rapport à la réalité de
l’existence.
Ayant fait ce rappel, il faut se demander si Emmanuel Macron
et son gouvernement pratiquent la réforme centriste.
Le nouveau président de la république a parlé, lors de sa
campagne électorale, de faire une révolution (ce fut même le titre de son
livre-programme alors même que le Centre repousse cette rhétorique) et s’est
exprimé depuis à de nombreuses reprises sur l’importance de mener, dans ce
cadre, des réformes radicales tout en reconnaissant que les Français étaient
contre tout changement et qu’il fallait, à la fois, les bousculer pour les
mener tout en faisant un grand effort pédagogique d’explication.
Et des réformes déjà réalisées (comme la réforme du droit du
travail ou de moralisation de la vie politique) ainsi que celles annoncées
permettent de se rendre compte de la volonté du pouvoir en place d’implémenter
ou non de réelles réformes.
Si l’on prend celle du code du travail, il est intéressant
de noter qu’une partie de la population estime qu’elle va trop loin et qu’une
autre estime qu’elle est bien trop timide pour donner des résultats.
Et ce alors que, dans un sondage au résultat complètement
paradoxal, plus de 60% des Français estiment que Macron a raison de vouloir
réformer mais ils sont tout autant nombreux à se montrer insatisfaits des mesures
adoptées et de celles qui doivent être prises…
Le constat sur cette réforme de plusieurs règles du jeu en
matière de protection des travailleurs est qu’elle n’a pas été aussi radicale
qu’annoncée par rapport aux burs poursuivis.
Ainsi, des économistes pointent le fait que les syndicats, par
les accords de branche (qui obligent toutes les entreprises d’un secteur même
celles qui ne sont pas affiliées à un syndicat patronal ou qui ne veulent pas
l’appliquer) ne permettent pas cette fameuse souplesse qui libèrerait le marché
du travail pour faire baisser drastiquement le chômage.
Ce «recul» viendrait de la négociation avec les syndicats de
salariés qui ont réussi à garder certains privilèges pour défendre ceux qu’ils
représentent et préserver leurs prébendes.
Pour réellement apprécier la valeur de cette réforme, il
faudra évidemment attendre de voir ce qu’elle va donner dans le réel.
Cependant, on peut se demander s’il fallait, ici, mettre en
route une réforme radicale et ne pas céder sur certains points essentiels comme
cela a été fait ce qui fait ressembler cette réformes aux autres adoptées ces
dernières décennies avec ce goût d’inachevé et cette impossibilité française à
aller aussi loin qu’il le faut.
Il est évident que la réforme doit changer les choses mais
doit également, dans une démocratie républicaine, être la plus consensuelle
possible.
Dans ce cadre, elle doit évidemment être négociée avec
toutes les parties concernées.
On pourra, dans le cas de la réforme du code du travail,
estimer que la représentation des syndicats de salariés est discutable vu le
taux extrêmement bas de travailleurs syndiqués.
C’est vrai mais, pour discuter, il faut trouver des
partenaires et les syndicats demeurent les seules organisations structurées
disponibles.
Néanmoins, cette réforme devait justement leur ôter un
pouvoir de blocage qu’Emmanuel Macron affirmait être trop important et qui
empêchait d’instaurer une dynamique en faveur des entreprises – en particulier
les PME – pour qu’elles soient dans la possibilité et la volonté d’embaucher.
On peut donc dire que cette réforme existe, qu’elle va dans
le bon sens mais qu’elle manque des ingrédients qui lui auraient permis de
mettre en place un changement majeur pour l’objectif qu’elle se fixait.
En faisant ce constat, on voit bien que cette réforme est
bien centriste dans son ADN et dans la manière dont elle a été élaborée puis
discutée mais qu’elle manque une partie de sa raison d’être.
Ici, il faut rappeler que le Centrisme n’est pas une pensée
molle où le consensus et le compromis doivent être érigés en dogmes
indépassables même si leur recherche est toujours préférable.
Ainsi en est-il également du juste équilibre qui doit
irradier et irriguer la société constamment sauf que, pour le maintenir, il
faut parfois prendre des décisions fortes.
Dans le cas du dépoussiérage du code du travail, il fallait
être plus radical afin de rétablir un équilibre qui est détruit, à la fois,
pour les entrepreneurs mais aussi et surtout pour tous ceux qui sont frappés
par le chômage.
En attendant les résultats concrets de la réforme, on peut
qualifier celle-ci de centriste dans la manière dont elle a été prise et
discutée mais qu’elle manque de deux éléments mis en avant par le Centrisme, le
courage politique et la responsabilité, lorsque l’on est face à des décisions
difficiles à prendre mais bonnes pour le pays.
Et qu’au lieu de parler de révolution, Emmanuel Macron
devrait agir en réformant réellement le pays.
Quant au contentement du gouvernement face aux réactions
mesurées des syndicats hors CGT, celles-ci doivent plutôt être vues une preuve
supplémentaire de la mollesse de la réforme…
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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