François Bayrou |
Depuis sa rentrée politico-médiatique,
François Bayrou poursuit un but, s’imposer comme le partenaire incontournable d’Emmanuel
Macron.
Lors de son passage sur la chaîne
LCP, n’a-t-il pas affirmé qu’il voulait aider le président de la république, ce
qui signifie dans son langage d’«essayer de préciser le cap d'une campagne que
nous avons faite ensemble, aider dans la défense devant les Français des
grandes orientations et aider à faire apparaître des sujets qui n'apparaissent
pas encore dans le débat public».
Si l’on comprend bien le
président du Mouvement démocrate, c’est bien une campagne commune qu’ils ont
menée avec Emmanuel Macron, c’est-à-dire qu’ils sont un binôme à égalité.
On ne sait s’il croit ce qu’il
dit ou s’il s’agit d’une stratégie pour se rendre indispensable en passant par
la voie des médias, c’est-à-dire en prenant l’opinion publique à témoin et en
imposant le récit de sa responsabilité première dans l’élection de Macron aux
journalistes.
Et il a la possibilité de le
faire car le président de la république se trouve actuellement dans une passe délicate
avec cette phase réformatrice qui le confronte à tous les corporatismes et les
clientélismes sur fond de sondages plus ou moins favorables sur sa popularité.
Ce qui permet à François Bayrou
de donner des «conseils» au chef de l’Etat, notamment en matière social ce qui
est politiquement bien joué puisque l’on sait que les principales critiques
faites à ses réformes sont justement leur dureté dans ce domaine.
Du coup, le satisfecit du leader
du MoDem à propos du discours sur l’Union européenne de Macron à La Sorbonne
peut s’accompagner d’une critique de l’asence d’un projet social:
«Il y a des efforts à l'intérieur
du budget, mais pour moi cet effort de justice doit être formulé par le
président de la République. (…) C'est un souhait que j'exprime. Ça n'est pas formulé
comme ça devrait. (…) Je pense que le président de la République doit s'en saisir.
Il a fait un discours sur l'Europe remarquable. Il a pris la volonté du pays,
l'ambition nationale et il l'a portée. De la même manière, il faut prendre
l'ambition sociale du pays et la porter».
Et de préciser ses propos:
«La France a besoin d'un projet
social. Son histoire, sa vocation, c'est que le souci de justice soit aussi
important qu'un souci d'efficacité».
Une phrase qui aurait pu sortir
de la bouche d’un opposant à Macron…
Reste que cette volonté de «conseiller»
et d’«aider» le président de la république peut, non seulement, agacer ce
dernier et ses proches mais aussi démontrer que Bayrou est prêt à tout moment à
jouer sa carte personnelle en jouant sur le fait qu’il a toujours gardé son
indépendance et qu’il n’a pas ménagé ses avertissements au pouvoir.
Ça peut payer mais aussi le
marginaliser.
Bayrou est coutumier de ce genre
de pari qu’il n’a pas toujours gagné, loin de là.
Ses propos montrent en tout cas
qu’il ne parvient pas à dépasser sa déception de l’après-présidentielle lorsqu’il
s’attendait à être nommé premier ministre.
Et s’il est recalé dans sa
nouvelle posture de «sage» qui «co-gouverne» avec le président de la
république, notamment par l’entremise des médias, il risque de devenir un allié
bien encombrant pour celui-ci.
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