Emmanuel Macron |
Dans une interview au magazine Le
Point, Emmanuel Macron revient sur ses premiers mois de présidence, sur les
critiques systématiques des médias, sur sa baisse de popularité et sur son
programme pour le quinquennat à venir.
Ainsi, il estime que «Les forces
du monde ancien sont toujours là, bien présentes, et toujours engagées dans la
bataille pour faire échouer la France» afin d’expliquer le déferlement sans
précédent de critiques qui se sont abattues sur lui et sa majorité durant l’été.
Et de préciser: «Tous ceux qui
réclament un bilan dès aujourd'hui sont les mêmes qui disaient d'abord que
j'étais un intrus, un opportuniste, ensuite qu'il n'était pas possible que je
gagne, enfin que je n'aurais pas de majorité à l'Assemblée nationale».
Quant à sa prétendue inaction il
estime que «Les cent premiers jours qui se sont écoulés sont les plus denses
qui aient suivi une élection présidentielle» et ont «tourné la page de trois
décennies d'inefficacité».
Mais, ajoute-t-il, «Quand on
arrive au pouvoir, on ne fait pas les choses en cent jours. Ou alors nous serions
le seul pays qui ferait deux ans de campagne présidentielle pour gouverner
trois mois.»
Il répond également à ceux qui ne
le traite que d’autocrate et de «Jupiter»: «Je n'ai évidemment jamais dit que
je me voyais comme Jupiter!».
En revanche, explique-t-il, «Par
la Constitution de 1958, le président de la République n'est pas seulement un acteur
de la vie politique, il en est la clé de voûte.
En outre, il affirme «qu'une partie
du monde médiatique n'a pas accepté» qu’il ne soit pas «dans le commentaire au
jour le jour», c’est-à-dire qu’il cède au diktat journalistique de devoir s’exprimer
continuellement au risque de devenir inaudible comme Nicolas Sarkozy et
François Hollande avant lui.
A propos de sa côte de popularité
qui a baissé dans les sondages, il n’oublie pas «Les circonstances dans
lesquelles j'ai été élu» et avoue que «La brûlure de l'attente, de la colère,
du populisme, je l'ai encore là» et qu’il va «devoir vivre pendant des mois
avec l'impatience du peuple.»
Cependant, cela ne l’empêchera
pas de réformer même si cela ne sera pas «facile» mais son souhait est que cela
soit surtout «efficace».
«Le but de l'action, dit-il, n'est pas de réformer le code
du travail ou de réduire les déficits publics, de transformer la gestion de
l'Etat ou de réformer la fiscalité. Ce sont des moyens, des instruments, pour
parvenir à autre chose: la libération des énergies» afin d’aboutir à une
«révolution copernicienne».
Plus précisément, sur la réforme du marché du travail, il
estime que c’est «une réforme de transformation profonde et, comme je m'y suis
engagé, elle doit être assez ambitieuse et efficace pour continuer à faire
baisser le chômage de masse et permettre de ne pas revenir sur ce sujet durant
le quinquennat»
Et de répondre de manière cinglante dans la foulée à ceux
qui prétendent que l’on ne doit plus réformer puisque la situation économique
va mieux:
«Nous sommes dans un pays de météorologues. On regarde la
conjoncture et, dès que ça va un peu mieux, il ne faudrait plus demander
d'efforts, il faudrait renoncer à transformer les choses! Dès que ça va moins
bien, en revanche, il faut lancer en urgence une réforme qui ne parvient jamais
à son terme en raison justement de la dureté de la situation.»
En matière européenne, il veut «une capacité budgétaire de
la zone euro, un exécutif et un Parlement pour en assurer le contrôle
démocratique».
De plus, il «dénonce sans détour» et de nouveau le
gouvernement polonais qui mène, selon lui, une «politique très préoccupante»
qui remet en cause l'Etat de droit.
Après avoir rappelé que «Les armées ne font pas ce qu’elles
veulent, elles ne sont pas autopilotées», et affirmé que la polémique née du
limogeage du général de Villiers était «une tempête dans un verre d’eau», il estime
que «notre sécurité, nos intérêts et nos valeurs n'ont jamais été à ce point
contestés depuis des décennies».
Selon lui, «Nous vivons une crise de l'Occident» qui «s'est
perdu dans un interventionnisme moral intempestif au Proche et Moyen Orient,
ainsi qu'en Afrique du Nord, durant les dix dernières années».
Quant à la réponse face au terrorisme, elle «ne peut être
que multiple (…), sécuritaire, économique, culturelle et éducative».
Enfin, il affirme que «Le défi de la politique, aujourd'hui,
c'est (…) de réinvestir un imaginaire de conquête» de sortir de «l'esprit de défaite»
et de «la politique victimaire» afin de «redevenir un pays fier»