L’élection d’Emmanuel Macron comme Président de la
république a donné un souffle encore impensable quelques mois auparavant au
Centre.
Celle-ci est en train de complètement remodeler le paysage
centriste.
- Au niveau de la définition et de la pratique du Centre
Emmanuel Macron, c’est une évidence, n’a pas inventé le
Centre mais il a mis au grand jour ce que pourrait être un Centrisme du XXI°
siècle.
En renouvelant le discours politique tout en revenant aux
fondamentaux du fonctionnement d’une démocratie républicaine, il s’est très
fortement positionné dans l’espace central et comme moteur principal de l’axe
central (réunissant humanistes progressistes et réformistes de droite, de
gauche et du Centre) qui était, jusqu’à son élection, en devenir.
Partisan d’une société ouverte où c’est l’initiative
individuelle qui permet les avancées économiques, celles-ci devant profiter
ensuite à tous grâce à un solidarisme piloté par la communauté nationale, son
progressisme pourrait bien changer la société en profondeur s’il réussit et
dans une voie centriste du juste équilibre.
Quoi qu’il en soit, il a déjà bouleversé le débat politique
en plaçant la problématique centriste au centre de celui-ci, ce qui n’était pas
arrivé depuis longtemps, sans doute du temps de Valéry Giscard d’Estaing.
- Au niveau des organisations politiques qui représentent ou
affirment représenter le Centre et le Centrisme.
> Création de LREM
La République en marche, n’en déplaise à ses dirigeants, est
essentiellement une formation centriste qui défend l’agenda du président de la
république.
Bien entendu, la diversité des parcours et des convictions
politiques lui donnent un petit air d’«ailleurs» mais jusqu’à preuve du
contraire, notamment dans ses futurs votes au Parlement et, dans les années qui
viennent, dans sa gestion des collectivités locales, LREM se situe au Centre.
Voilà qui est déjà un bouleversement majeur de l’espace
centriste puisqu’en quelques mois d’existence, c’est déjà le premier groupe à
l’Assemblée nationale avec une majorité absolue ce que l’UDF n’avait jamais
réussi à faire même lors de ses plus belles années.
Et, avant même toute élection, LREM compte déjà un groupe de
30 sénateurs…
> Résurrection du MoDem
L’élection d’Emmanuel Macron a tellement revitalisé le
Mouvement démocrate, que le parti de François Bayrou est passé devant celui de
ses anciens amis (Nouveau centre puis UDI), ce qui n’était jamais arrivé depuis
que l’UDF est morte en 2007.
Dix ans de galère pour le MoDem qui était arrivé en bout de
course et qui aurait certainement disparu si Macron n’était pas devenu
président car on ne voit pas comment il aurait pu gagner ne serait-ce qu’un
seul siège de député dans cette situation, ostracisé par le PS et par LR du
fait des critiques systématiques et continues de François Bayrou à l’égard de
tous leurs dirigeants, Alain Juppé excepté..
On peut donc parler ici, également, de bouleversement du
paysage centriste tellement cette éventualité d’un Mouvement démocrate à près
de 50 députés était impensable voici seulement six mois.
> Opération survie de l’UDI
Si l’élection de Macron a donné un coup de boost au MoDem,
il condamne l’UDI à être dans une opération continue de survie qui durera sans
doute ce que durera cette confédération centriste qui a déjà perdu un membre,
l’Alliance centriste, et qui a vu nombre de ses responsables et de ses
militants rejoindre le candidat d’En marche puis le nouveau président de la
république, en particulier son fondateur, Jean-Louis Borloo.
Pour l’instant, l’UDI survit, notamment grâce à son alliance
avec les LR «constructifs».
Mais sa faiblesse déjà réelle avant la présidentielle où,
au-delà de son socle électoral très limité (et compensé par des cadeaux électoraux
de la Droite), elle était minée par des haines internes qui ne se sont que tues
pour l’instant, devrait l’éliminer du paysage politique à plus ou moins brève
échéance.
D’autant que les deux principaux animateurs de l’UDI,
Jean-Christophe Lagarde et Hervé Morin, chacun de leur côté, militent pour la création
d’une nouvelle force politique de centre-droit et de droite modérée.
> Réunification du Parti radical
Un des tours de force les plus inattendus de l’élection
d’Emmanuel Macron pourrait être la refondation de l’unité des radicaux,
opération toujours dans les tuyaux mais jamais réalisée depuis 1973 lorsque le
Parti radical de gauche, nouvellement fondé, avait rejoint le PS et le PC dans
le Programme commun de la gauche établi en 1972.
Bien sûr, rien n’est encore fait mais les dirigeants du
Parti radical valoisien avec Laurent Hénart à sa tête et ceux du Parti radical
de gauche emmenée par Sylvia Pinel veulent cette réunification avant la fin de
l’année et prévoit un congrès extraordinaire pour cela.
Même si cette réunion des radicaux ne devrait pas changer de
beaucoup le paysage politique – il y a longtemps que le Parti radical n’est
plus le premier de France –, on peut néanmoins parler pour cette sensibilité
politique républicaine, laïque et sociale, de véritable bouleversement rendu
possible par la présence de Macron à l’Elysée.
> Disparition des centristes de LR
Depuis que le projet même de l’UMP, réunir les droitistes
majoritaires et les centristes minoritaires avait échoué, on savait qu’à terme
ce parti, devenu entretemps LR, avait vocation à n’être plus qu’une formation
de droite traditionnelle.
L’élection de Macron a accéléré ce mouvement avec le retrait
de nombre de modérés de LR qui se disaient encore centristes ainsi qu’également
la création de «Les constructifs» qui regroupent des membres encore LR mais de
sensibilité plutôt de centre-droit.
Là aussi, l’élection de Macron a remodelé le paysage
politique où les modérés de droite ne veulent plus être sous le même toit que
les droitistes durs voire radicaux.
Dernier point, la présidence Macron pourrait avoir un effet
plus que salutaire sur l’espace centriste en démasquant les faux centristes qui
pullulent depuis des années, et ce, en popularisant les thèmes et les valeurs
du Centrisme et en convainquant de la pertinence de la pensée centriste.
Des faux centristes qui apparaitraient enfin pour ce qu’ils
ont réellement été, des opportunistes.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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