Ni les centristes du Parti républicain – s’il en existe
encore! –, ni ceux du Parti démocrate trouvent encore leur place dans leurs formations
respectives.
Si c’est désormais le cas pour les démocrates depuis la
défaite d’Hillary Clinton face à Donald Trump et la montée en puissance de
Bernie Sanders, cela l’est depuis près de vingt ans pour les républicains,
depuis l’offensive de la droite radicale pour faire main basse sur le parti
d’Abraham Lincoln et Theodore Roosevelt, deux des premiers centristes de
l’histoire politique américaine.
Aujourd’hui, la radicalisation des deux partis est une
évidence.
Elle doit être mise à l’actif des idéologues
d’extrême-droite du Parti républicain – les Buchanan, Santorum, Bannon, Paul et
consorts – qui ont voulu, souhaité et
lutté pour créer une division irréversible entre les deux partis dominants de
la vie politique américaine et tuer ce fameux consensus et la capacité de
trouver un compromis qui était la marque de fabrique du système étasunien.
Leur guerre inlassable contre Barack Obama était une des
manifestations les plus agressives de leur projet.
Même si le bipartisme – précisons tout de même que les
Etats-Unis connaissant une myriade de partis politiques – est dans l’ADN de la
politique américaine, la création d’une «troisième force» centriste est à
présent la seule manière d’empêcher le débat politique de se radicaliser
définitivement dans les années à venir.
Aujourd’hui, il y a un populisme de droite radicale (voire
d’extrême-droite) incarnée par Donald Trump et un populisme de gauche radicale
incarnée par Bernie Sanders.
Mais il y a en plus toute une mouvance d’extrême-droite du
côté républicain dont Mike Pence, le vice-président n’est pas très éloigné (ce
qui fait dire à beaucoup de politologues que Trump est un moindre mal et qu’il
faut qu’il reste en place car sa destitution serait une grande catastrophe
parce qu’il serait remplacé par Pence…).
Et ces deux populismes ne sont pas des mouvements éphémères.
Du coup, les centristes du Parti républicain et ceux du
Parti démocrate ont intérêt à unir leurs efforts afin de défendre une
démocratie républicaine modérée, équilibrée et harmonieuse qui était le projet
politique des Pères fondateurs de la nation américaine, centristes dans l’âme
et auteurs de la Constitution.
Actuellement, certains de ces centristes font fausse route
en essayant de trouver des compromis avec les radicaux qui les utilisent sans
vergogne et tenteront de les réduire au silence dès qu’ils le pourront.
De même, d’autres ont tort de croire qu’ils pourront
reprendre le pouvoir à court voire à moyen terme à l’intérieur de leurs partis
respectifs.
Les radicaux et les populistes sont en position de force et
leur dessein est bien d’éliminer les modérés.
Dès lors, la seule solution raisonnable – mais qui ne sera
peut-être pas mise en route… – est bien dans une alliance des centristes dans
un nouveau parti politique.
D’autant qu’une majorité d’Américains selon les sondages réclament
ce troisième parti.
Car le bipartisme est obsolète aux Etats-Unis pour les
années qui viennent parce qu’il ne représente plus la sociologie électorale du
pays qui est globalement divisée en trois et non plus en deux.
Auparavant, il y avait toujours moyen pour les modérés de
trouver un terrain d’entente acceptable avec leurs ailes radicalisées ou plus
idéologiquement marquées à droite et à gauche.
Mais cela n’est plus possible.
La droite radicale a tenté et presque réussi à déplacer le
centre de la vie politique américaine vers la droite.
La réaction de la Gauche avec l’apparition pas aussi étonnante
que cela d’un Sanders lors de la campagne pour les primaires démocrates a
permis de rééquilibrer les choses et de pouvoir remettre le point central là où
il doit être, entre la Gauche et la Droite.
Néanmoins il faut maintenant une incarnation de ce Centre
parce qu’il en va, non seulement du débat politique mais de la représentation
de la frange la plus nombreuse de la population du pays qui se trouve
actuellement otage des franges radicalisées.
Reste qu’aucune initiative d’envergure n’est encore dans les
tuyaux malgré le spectacle affligeant de la présidence Trump et les petites
guerres mesquines qui touchent le Parti démocrate.
Sans doute que le fétichisme du peuple américain pour un
système politique et une Constitution qui devraient être modernisés en est
responsable en grande partie.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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