La convention de La République en marche qui s’est tenue à
Paris le 8 juillet dernier a accouché d’un texte qui amène à se demander en
quoi le mouvement créé par Emmanuel Macron veut se transformer.
Bien entendu, sur son site internet, tout le programme du
nouveau président de la république est présenté et il ne fait guère de doute
que ce sera la feuille de route politique des cinq ans à venir de LREM.
Néanmoins, le texte qui a été adopté lors de cette convention
pour expliquer sa nouvelle mission mêle les genres qui vont d’un parti
politique jusqu’à un incubateur pour l’innovation citoyenne!
Es-ce la volonté de mettre en forme une structure hybride
qui va sortir du rôle traditionnel du parti politique?
Sans doute, mais la volonté de rendre service à tous ceux
qui feraient appel à elle peut aussi amener à des dérives beaucoup plus
traditionnelles de faire de la politique politicienne et qui s’appelle le
clientélisme qui est à l’honneur depuis longtemps à gauche comme à droite.
Ainsi, si le document publié par LREM débute en expliquant
qu’elle «est née de la promesse de rénover en profondeur notre vie démocratique,
pour la rendre plus juste et plus efficace», il glisse rapidement sur un autre
registre car «cette promesse implique également de mettre toute la société en
mouvement».
Car, pour LREM, «la politique ne se cantonne pas à
l’activité des ministères et des assemblées» mais est aussi celle des citoyens «quand
ils s’engagent, quand ils débattent, quand ils trouvent des solutions ensemble».
D’autant que «les Français ne manquent ni d’idées, ni
d’envie d’agir».
Seulement, explique le document, «nombreux sont ceux qui
n’osent pas franchir le pas».
Et c’est là que La République en marche veut intervenir en
étant «le catalyseur et l’accélérateur de cet engagement citoyen».
Et, c’est là donc que s’effectue la bascule, puisqu’elle
aura pour «mission» non pas annexe ou secondaire mais bien «principale», « de
mettre à disposition de toutes celles et ceux qui souhaitent s’engager les ressources
nécessaires pour le faire».
Et, comme une sorte d’agence pour l’emploi ou d’organisme de
formation professionnelle, voire de coach personnel, LREM propose «formation,
mise en relation, conseils, accompagnement personnalisé».
Voilà qui n’est pas du tout le but généralement admis d’un
parti politique puisqu’il s’agit rien de moins que «de donner aux Français les
moyens de développer leurs propres projets citoyens».
Reste que le mouvement d’Emmanuel Macron a bien choisi cette
voie.
En conclusion, il est ainsi très clair sur ce qu’il veut
devenir désormais en affirmant que «sa mission pourrait se résumer à ce seul
objectif: permettre aux Français de retrouver confiance dans leurs capacités
collectives. La transformation qui est en marche ne se fera pas sans leurs talents,
leur énergie; sans leur engagement!».
Au-delà des mots, des formules et des incantations, il sera
évidemment particulièrement intéressant de suivre cette mutation afin de
constater si elle est vraiment possible, si elle donne des résultats, si elle
annonce un nouveau domaine d’intervention des partis politiques ou si tout cela
n’est que de l’exaltation post-victoire électorale.
D’autant que LREM ne doit pas oublier qu’une de ses raisons
d’exister c’est aussi d’accompagner le président de la république et le
gouvernement ainsi que ses élus à l’Assemblée nationale et au Sénat, c’est-à-dire
d’avoir un rôle de proposition, de critique et de réflexion de l’action
politique quotidienne.
Un tel renoncement à cet objectif serait une première et ne
serait sans doute pas compris de ses électeurs et sympathisants.
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