Dans une tribune libre intitulée «Vu des territoires, le
devoir de réussir», publiée par le quotidien l’Opinion le 3 juillet, vingt-deux
maires appartenant aux partis LR et UDI et se rattachant à un mouvement baptisé
«Territoires constructifs» estiment que la droite modérée et le Centre ne
peuvent «espérer l’échec du gouvernement».
Cette tribune est signée, entre autres (voir l’ensemble des
signataires plus bas) par Christophe Béchu, Jean-Yves de Chaisemartin, Jean
Dionis du Séjour, Brigitte Fouré, Louis Giscard d’Estaing, Pierre Méhaignerie,
Franck Reynier et Frédéric Valletoux.
- Le texte de la tribune:
Voilà six mois, la famille de la droite et du centre se
rêvait en un groupe majoritaire écrasant à l’Assemblée nationale. Après une
présidentielle ratée et à l’issue des législatives, le bilan est rude.
La défaite moins ample qu’annoncée ne doit pas faire oublier
que, jamais sous la Ve République, la droite et le centre n’ont eu une
représentation aussi faible à l’Assemblée. Le cataclysme électoral que nous
venons de vivre, oblige chacun, au niveau national comme dans les territoires
que nous représentons, à une réflexion sur ce qui s’est passé, sur ce qu’il
advient et sur ce qu’il convient de faire.
Parmi les éléments du diagnostic, retenons les plus forts à
nos yeux.
À droite comme à gauche, les primaires peuvent conduire à une
radicalité invalidante : nonobstant l’affaire Pénélope, le projet porté par
François Fillon était-il de nature à convaincre une majorité de Français ?
N’ayant plus la force d’abandonner leur soutien à des chefs de file qui
reviennent sur leur parole, les partis ont perdu leur crédibilité. Ils ne
savent plus attirer de nouveaux adhérents, ni suffisamment intégrer les forces
de la société civile. Il nous faut tenir compte du désamour dont nos formations
politiques sont victimes et coupables.
Emmanuel Macron a été élu pour bien des raisons, parmi
lesquelles notre propre faiblesse. L’ancienne forme militante a été bousculée
par des formes plus agiles et peut-être plus éphémères ; le dynamisme a payé.
Mais enfin, la double crise de notre système partisan et de notre système
représentatif aurait pu connaître des conséquences plus dramatiques. Nous
n’avons pas élu un Donald Trump et nous n’avons pas voté pour un Brexit.
Vu de l’extérieur, ce rassemblement est d’abord un
enthousiasme, l’énergie première de la politique
Large rassemblement. Avec l’élection d’Emmanuel Macron, avec
la nomination d’Edouard Philippe, le tableau de la vie politique française a
quelque chose de changé ; des éléments indéfinissables obligent à modifier
notre point de vue. Le clivage droite-gauche semble dépassé, au moins pour un
temps. Le macronisme appelle encore sur bien des points une clarification
idéologique, mais il pose les bases d’un large rassemblement.
Vu de l’extérieur, ce rassemblement est d’abord un
enthousiasme, l’énergie première de la politique. Ensuite, il paraît être le
rendez-vous des réformateurs, de tous ceux qui refusent la sinistrose. Vu de
nos mairies, de nos territoires, la figure d’Édouard Philippe, maire
du Havre, rassure. Vu de nos familles politiques, nous devons convenir
que, malgré quelques divergences, nous sommes d’accord avec une large part du
projet. Tout cela rend l’opposition tactique incompréhensible, voire mesquine.
On ne peut pas espérer l’échec du gouvernement.
Nous devons donner une chance à ce nouveau destin. Les
formes politiques restent à préciser, mais l’état d’esprit est clair : soyons
constructifs
Que le FN ou La France insoumise s’opposent sur des bases
politiques ou idéologiques, soit. Mais une opposition à Emmanuel Macron qui
viendrait d’anciens soutiens d’Alain Juppé aurait-elle un sens ? On comprend
que certains jugent que leur devoir est de préparer l’alternance demain ; ils
comprendront que le nôtre pourrait être de réussir aujourd’hui.
Nous devons donner une chance à ce nouveau destin. Les
formes politiques restent à préciser, mais l’état d’esprit est clair : soyons
constructifs.
Constructifs car personne ne veut que la France perde encore
cinq ans. Constructifs car nos concitoyens attendent des résultats concrets
pour améliorer leur vie quotidienne. Constructifs au point d’espérer la
réussite du quinquennat et celle du gouvernement. Constructifs aussi à hauteur
de la crise de la représentation et des difficultés économiques du pays.
Constructifs car le renouvellement des méthodes politiques est indispensable au
retour d’une société de confiance. Constructifs car rien ne sera réglé
facilement.
Bonnes volontés. Cela ne signifie pas donner un blanc-seing,
ni être d’accord sur tout. Le programme du quinquennat doit être renforcé et
parfois repositionné sur des axes fondamentaux dont certaines des réformes
fiscales ou le rétablissement d’une autorité bienveillante qui est d’abord une
autorité. Le respect de nos règles de vie collective est l’une des conditions
pour que le «vivre ensemble» soit autre chose qu’une incantation. Si le projet
d’une «France start-up» porté par le principe d’efficacité nous convient, il
faut rappeler que les principes d’inclusion et d’équité restent la quille du
navire sociétal. Nous l’éprouvons au quotidien dans les territoires que nous
représentons.
Nous voulons tirer les leçons de nos échecs et participer à
la modernisation de la vie politique. Nous saluons la création d’un groupe «LR
constructifs – UDI – Indépendants» à l’Assemblée nationale et nous pensons que
la démarche doit aller au-delà. Le non-cumul des mandats éloigne les
parlementaires des territoires ; les élus locaux devront également être
écoutés. Nous souhaitons un dialogue constructif avec le gouvernement. Avec
notre sensibilité, avec parfois nos réserves, nous sommes prêts à soutenir
toute initiative utile. N’en doutons pas, les difficultés qu’il faudra bientôt
surmonter appellent des bonnes volontés partout dans le pays.
- Les signataires de cette tribune:
Christophe Béchu est maire LR d’Angers et sénateur du
Maine-et-Loire ; Arnaud de Belenet est maire LR de Bailly-Romainvilliers,
président de Val d’Europe et conseiller départemental de Seine-et-Marne ;
Xavier Bonnefont est maire LR d’Angoulême ; Jean-Yves de Chaisemartin est maire
UDI de Paimpol et vice-président du conseil départemental des Côtes d’Armor ;
Alain Chrétien est maire LR de Vesoul et président de la communauté
d’agglomération de Vesoul ; François Decoster est maire UDI de Saint-Omer et
vice-président de la Région Hauts-de-France ; Vincent Delahaye est maire UDI de
Massy et sénateur de l’Essonne ; Jean Dionis du Séjour est maire UDI d’Agen et
président de la communauté d’agglomération d’Agen ; Dominique Faure est maire
UDI de Saint-Orens de Gameville ; Brigitte Fouré est maire UDI d’Amiens et
vice-présidente de la Région Hauts-de-France ; Louis Giscard d’Estaing est maire
UDI de Chamalières; Patrick Leclerc est maire de Landerneau; Frédéric Leturque
est maire UDI d’Arras et vice-président de la Région Hauts-de-France ; Pierre
Méhaignerie est maire UDI de Vitré et président de Vitré Communauté ; Nicolas
Méary est maire UDI de Brétigny-sur-Orge et vice-président du conseil
départemental de l’Essonne ; Jean-Paul Michel est maire UDI de Lagny-sur-Marne
et président de Marne-et-Gondoire, François-Xavier Priollaud est maire UDI de
Louviers et vice-président de la Région Normandie ; Franck Reynier est maire
UDI de Montélimar et président de Montélimar Agglomération ; Alexandra Rosetti
est maire UDI de Voisins-le-Bretonneux; Marie-Hélène Thoraval est maire LR de
Romans-sur-Isère ; Frédéric Valletoux est maire LR de Fontainebleau et
conseiller régional d’Ile-de-France ; Francisque Vigouroux est maire UDI
d’Igny.
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