L'âne emblème du Parti démocrate |
En vue des prochaines élections législatives qui auront lieu
en novembre 2018, les élections de «mi-mandat» (parce qu’elles se déroulent au
milieu du mandat présidentiel), les démocrates ont adopté une plate-forme dont
l’orientation est au centre-gauche.
Ils l’ont baptisé «Better deal» c’est-à-dire «meilleur pacte»
ou «meilleure donne» où la référence au New deal (nouvelle donne, nouveau
contrat) de Franklin Roosevelt en 1932 est évidente.
La défaite de la centristes Hillary Clinton, la montée de la
gauche du parti autour de Bernie Sanders et les frasques de Donald Trump ainsi
que son orientation nettement conservatrice malgré ses promesses aux classes
moyennes basses, pouvaient laisser penser à un virage nettement plus radical
des démocrates, un peu à l’image de ce qui s’était passé à la fin des années
1960 et au début des années 1970 lorsque le républicain Richard Nixon avait
accédé à la Maison blanche.
Bien sûr, les mesures vont dans le sens d’une plus grande
justice sociale et d’une société plus égalitaire tout en préconisant des
mesures pour limiter la montée en puissance d’entreprises dominantes dans leurs
secteurs.
Bien sûr, lors de la présentation de ce programme, le leader
des démocrates au Sénat, le Newyorkais Chuck Schumer a écrit dans le New York
Times que les «intérêts particuliers des plus aisés» ont corrompu les systèmes
économiques et politiques au détriment des salariés et que son parti avait «trop
souvent hésité à s’attaquer aux entreprises les plus puissantes».
Mais au-delà des symboles et d’une rhétorique de
circonstance, la philosophie de cette «meilleure donne» demeure largement
équilibrée.
Une des raisons essentielles est évidemment que l’électorat
américain n’est pas aussi polarisé que certains veulent bien le faire croire et
que, de plus, pour gagner le nombre de sièges nécessaires à la Chambre des
représentants et au Sénat afin d’avoir une majorité – ce qui n’est pas
impossible vu le désastre de la présidence Trump incapable de faire passer la
moindre mesure d’importance en plus six mois –, il convient de ne pas présenter
un programme trop idéologiquement marqué à gauche pour ne pas effrayer une
partie de l’électorat républicain et surtout «independent» de centre-droit qui
pourrait voter démocrate.
En outre, le cœur même du Parti démocrate demeure de
centre-gauche et refuse la surenchère que Sanders tente de lui imposer.
Dans les mesures préconisées par ce Better deal on trouve un
salaire minimum à 15 dollars de l’heure, un contrôle des prix sur les
médicaments, la défense de l’assurance santé (Obamacare), un renforcement des
lois antitrust afin d’empêcher la formation de positions dominantes et l’absence
de concurrence dans plusieurs secteurs de l’économie.
Ces mesures, notamment celles qui touchent à l’économie,
vont d’ailleurs dans le sens de ce que souhaite majoritairement les Américains
qui, par ailleurs, rejettent la volonté du Parti républicain de faire de
nouveaux cadeaux fiscaux aux plus riches et de démanteler toute l’architecture
de l’assurance maladie mise en place depuis la présidence de Lyndon Johnson
dans les années 1960.