La vague LREM et l’effondrement de LR, du PS et de l’UDI créent
une nouvelle donne politique dont on a encore du mal à percevoir exactement
toutes les conséquences pour les années à venir.
Bien entendu, il y a, dimanche prochain, un second tour et
il faudra attendre les résultats finaux afin de mesurer cette vague, notamment
en termes de nombre de députés de la majorité présidentielle.
En outre, il faudra voir si cette majorité tiendra le coup,
à la fois en interne mais aussi face au pays, à ses problèmes et aux
résistances qu’elle va inévitablement rencontrer.
Pour autant, l’évidence est là, il y a une reconfiguration
du paysage politique indéniable, que celui-ci dure le temps d’un homme –
Emmanuel Macron – comme il dura le temps d’un autre –Charles de Gaulle – ou
qu’elle soit le début d’une nouvelle ère, si ce n’est de faire de la politique,
en tout cas de la structure même des organisations et de la composition du
personnel politiques.
En attendant, La République en marche semble avoir un temps
d’avance sur la reconstruction partisane dont nous avons longuement parlé ici
depuis longtemps et qui passe par la constitution d’un pôle central humaniste,
réformiste face à un pôle de gauche radicale et un pôle de droite radicale.
Selon ce que l’on pouvait analyser du changement qui allait
se mettre en place, on voyait plutôt une tri-coalition regroupant au centre de
l’échiquier politique, la droite et la gauche réformistes et progressistes
venant d’une part de LR et de l’autre du PS ainsi que le Centre tout entier et
de chaque côté une coalition regroupant autour du Front national à droite et de
La France insoumise (anciennement Front de gauche) à gauche toutes les
mouvances allant de la radicalité à l’extrémisme.
Une situation française – mais que l’on retrouve plus ou
moins dans la plupart des démocraties occidentales – dictée par l’évolution de
la démocratie républicaine avec la montée en puissance de l’autonomisation de
l’individu mais aussi par la situation politique de la planète et des défis
posés par la mondialisation (avec son volet économique, la globalisation) et
ses avatars négatifs, le réchauffement climatique et le terrorisme.
Or, les résultats du premier tour des législatives semblent
indiquer que LREM pourrait être, à lui seul, le pôle central et non une
coalition partisane comme on pouvait l’imaginer.
C’est vrai qu’aujourd’hui encore, nombre de ceux qui
appartiennent à cet axe central, comme Alain Juppé ou Manuel Valls, ne sont pas
affiliés à La République en marche et ne se réclament pas tous de la majorité
présidentielle.
Cependant, le gros de leurs troupes, lui, est déjà passé du
côté de chez les macronistes ou s’apprête à le faire après les législatives en
adhérant ou non à LREM.
Et, à part la négociation entre Emmanuel Macron et François
Bayrou avant le premier tour de la présidentielle, il n’y a pas eu de
discussions autour de la constitution d’un axe central issu d’une coalition de
partis ou de courants issus de partis.
Dorénavant, il semble que cela ne sera ni nécessaire, ni
utile pour que la politique de l’axe central soit mise en œuvre car La
République en marche pourra le faire à elle seule.
Dès lors, par sa présence à l’Elysée et par sa majorité à
l’Assemblée nationale, le mouvement créé par Emmanuel Macron est bien en passe
d’être à lui seul l’axe central même si François Bayrou affirme que son parti,
le MoDem, ne s’est pas adossé à LREM et qu’il s’agit bien d’une coalition, une
affirmation aussi peu crédible que celle qui fait de l’UDI un partenaire à
égalité de LR.
Est-ce un bien?
Tous ceux qui pointent son hégémonie dangereuse ne font que
des spéculations.
Sans oublier que LREM n’est pas un parti classique mais un
rassemblement autour d’une personnalité et, surtout, d’une volonté de
changement progressiste et de réformes profondes sans pour autant avoir une
vision identique sur nombre de sujets.
Cela promet des discussions à l’intérieur du mouvement.
Cependant, a contrario de ceux qui pensent que cela sera un
foutoir, elles seront du même ordre que celles qui auraient eu lieu dans une coalition
de partis.
Et le mouvement gaulliste a connu nombre de tensions au
cours de la présidence de son chef, justement de par la diversité de ce
rassemblement avec nombre de personnalités qui le quittèrent pour cette raison
sans que cela ne remette jamais en question son existence et sa force.
En cela, La République en marche sera l’axe central, tout au
moins dans une première phase.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
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