Thierry Solère |
L’Histoire fait toujours de ces drôles de tours dont elle a
le secret.
En créant le groupe «Les républicains constructifs, UDI et
indépendants», les leaders de la confédération centriste recréent l’UMP qui
était pourtant l’épouvantail qu’ils agitaient constamment pour justifier leur
existence!
Explications.
En 2002, lors de la création de l’UMP suite à la victoire de
Jacques Chirac sur Jean-Marie Le Pen, Alain Juppé est chargé de mettre sur pied
une formation politique qui va réunir toute la droite républicaine et
centriste.
Beaucoup de membres de l’UDF alors dirigée par François
Bayrou se laissent charmer par les sirènes chiraquiennes et entrent à l’UMP
avec, en point d’orgue, la nomination à Matignon de l’un d’entre eux,
Jean-Pierre Raffarin.
François Bayrou dénonce cette volonté d’un parti unique et
garde la voie d’une indépendance du Centre avec une petite partie de ses
troupes dont notamment 30 députés.
A l’issue du deuxième tour de la présidentielle de 2007 où
Bayrou est arrivé en troisième position au premier, celui-ci refuse de soutenir
Nicolas Sarkozy et crée, dans le foulée, un Mouvement démocrate à sa botte (mais
l’UDF l’était déjà) qui se veut de centre-gauche, un peu à l’image du Parti
démocrate américain, mais aussi un mouvement de citoyens, un peu à l’image de
ce qu’est La République en marche actuellement.
Du coup, la grande majorité de ses députés et une partie de
ses adhérents quittent l’UDF pour créer le Nouveau Centre qui se définit comme
un parti centriste faisant partie de la majorité présidentielle sarkoziste tout
en gardant son indépendance, c’est-à-dire en ne rejoignant pas l’UMP.
En 2012, après la défaite de Nicolas Sarkozy à la
présidentielle, les centristes du Nouveau Centre en déshérence et en danger de
disparition se divisent puis, tous, rejoignent l’UDI – au départ un simple
groupe à l’Assemblée nationale – formée par Jean-Louis Borloo qui, avec son Parti
radical, avait quitté l’UMP quelques mois auparavant parce que s’y trouvant
trop à l’étroit (suite aussi à sa non-nomination comme Premier ministre…).
L’UDI reprend le positionnement de l’UDF en 2002 et du
Nouveau Centre en 2007, c’est-à-dire un parti dont l’allié «naturel» est la
Droite mais qui veut garder son indépendance «centriste».
Affaiblie par le départ de Borloo et minée de l’intérieur
par les querelles picrocholines de personnalités mégalo-narcissiques, l’UDI est
devenue, au fil du temps, un simple cartel électoral.
Cependant, la déroute de LR à la présidentielle et la perte
de près de la moitié de ses députés ainsi que les haines internes encore plus
exacerbées posaient la question même de l’existence de l’UDI.
Si cette interrogation demeure encore, elle a trouvé une
réponse pour l’instant dans la création de ce groupe à l’Assemblée nationale
sous la houlette de Thierry Solère réunissant une partie de LR et l’UDI, c’est-à-dire
des gens de droite et du Centre, exactement la configuration de l’UMP en 2002!
On ne sait pas très bien encore comment va fonctionner et
combien de temps va exister ce groupe qui pourrait n’être qu’une structure d’accueil
provisoire pour des élus qui ne savent pas encore très bien comment se
positionner face à Emmanuel Macron, d’une part, et à une Droite sonnée et sans
aucune ligne directrice actuellement, d’autre part.
Mais, une chose est sûre, le rapprochement évident de l’UDI
avec LR depuis des mois, a trouvé un aboutissement dans cette alliance qui,
rappelons-le, était la raison même de l’existence d’une confédération centriste
indépendante du parti de droite.
On a bien compris que Jean-Christophe Lagarde, très
fragilisé, tente de faire d’une défaite cuisante, une victoire mais personne n’est
dupe qu’il a conduit l’UDI dans le mur.
Cela ne signifie pas forcément que celle-ci va disparaitre.
Etonnamment, elle pourrait même se régénérer dans cette
nouvelle configuration si elle sait jouer intelligemment, ce qui a été loin d’être
le cas jusqu’à présent.
Il est encore trop tôt pour pouvoir faire une prédiction en
ce sens d’autant que ce nouveau positionnement politique pourrait n’être qu’un
leurre qui ne durera que le temps du passage (plus ou moins long) au pouvoir de
Macron ou celui (plus ou moins long) pour la Droite de retrouver des couleurs
et des forces.
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