Emmanuel Macron & Barack Obama |
Dans une vidéo qu’il
a tourné et qui a été mise sur le site d’En marche! l’ancien président des
Etats-Unis, extrêmement populaire dans son pays mais aussi en Europe et plus
particulièrement en France, affirme intervenir parce que l'élection
présidentielle française est «d'une importance capitale pour l'avenir de la France
et les valeurs que nous chérissons»
Car, précise-t-il, «la réussite de la France importe au
monde entier».
Dans ce cadre, «je veux que vous sachiez que je soutiens
Emmanuel Macron» déclare-t-il.
Un soutien sans réserve aucune puisqu’il «admire la campagne
qu'Emmanuel Macron a menée. Il a défendu des valeurs progressistes, il a mis en
avant le rôle important que la France joue dans l'Europe et dans le monde, il
s'est engagé pour un avenir meilleur pour les Français, il s'adresse à leurs
espoirs et non à leurs peurs».
Ce soutien, même si l’on ne prévoyait pas une implication du
président américaine de 2009 à 2016, est une évidence.
Barack Obama et
Emmanuel Macron se veulent tous deux des progressistes, partisans d’une société
ouverte et d’une mondialisation humanistes, installés dans l’espace central –
Obama s’étant toujours déclaré comme un centriste – et initiateurs d’une
politique post-partisane.
Mais, Emmanuel
Macron pourrait être une sorte d’héritier, voire de fils spirituel, de Barack
Obama.
Ainsi, là où
l’ancien président des Etats-Unis a échoué à mettre en place cette ère
post-partisane qu’il appelait de ses vœux lors de sa campagne de 2008,
l’éventuel futur président de la république française pourrait bien y réussir.
La raison
principale est qu’Obama n’était pas maître du calendrier électoral et
législatif alors que c’est le cas de Macron, surtout que les élections
législatives viennent juste après les élections présidentielles et non en même
temps comme pour Obama.
Dès lors, il est
fort possible que l’Assemblée nationale ressemble beaucoup plus à ce que
souhaite Macron que la Chambre des représentants n’étaient à l’image de ce
qu’Obama espérait, même si, à son arrivée à la Maison blanche, les deux
chambres du Congrès étaient contrôlées par les démocrates…
Néanmoins, Obama
voulait absolument que les républicains et démocrates progressistes et
réformistes coopèrent ensemble pour mettre en place tout un programme très
ambitieux dont la loi sur l’assurance-santé et celle sur les banques n’étaient
qu’une petite partie de celui-ci.
Il voulait
également que le plan de sauvetage de l’économie américaine ainsi qu’un plan
gigantesque de remise à niveau des infrastructures américaines dans tous les
domaines soient portés par les démocrates et les républicains.
Malheureusement,
cela n’a pas été possible puisque, dès le début de son mandat, les républicains
de la droite radicale fermèrent la porte, pratiquèrent une opposition
systématique, accueillirent le mouvement d’extrême-droite Tea Party, réunion d’haineux
d’Obama, en son sein et déclarèrent que leur but était de faire de celui-ci un «one-term
president» (un président d’un seul mandat).
Car il savait que s’il
réussissait, ce serait leur disparition.
Et, lorsqu’ils
récupérèrent, en 2010, la majorité à la Chambre des représentants, ils mirent
en place concrètement leur stratégie de la terre brûlée qui a tant coûté aux
Etats-Unis.
Emmanuel Macron n’aura
peut-être pas ce handicap pendant les cinq ans de son (premier) mandat, s’il
parvient à obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale lors des
législatives qui suivront cette présidentielle ou s’il parvient à faire d’En
marche! le parti largement dominant en nombre de députés.
Mais cette
politique post-partisane qu’il a déjà évoqué sous d’autres vocables doit être
mise en place dès son accession au pouvoir et sur des objectifs clairs.
De plus – et c’est
ce que certains ont reproché à Obama qui était, comme Macron, un novice en
politique –l’ancien président américain a très peu discuté et négocié avec les
élus républicains, ce qui l’a empêché d’en séduire une partie.
De ce point de vue,
Emmanuel Macron qui souhaite le renouvellement de la politique ainsi que des
élus, notamment à l’Assemblée nationale, ne devra pas tomber dans une sorte d’hubris
qui lui mettrait à dos tous ceux qui sont prêts à travailler avec lui autour de
son programme mais aussi ceux qui sont prêts à soutenir seulement certains aspects
de celui-ci.
Rappelons qu’une
politique post-partisane est celle qui transcende les postures partisanes et
idéologiques dans une transversalité qui permet de réunir des majorités conjoncturelles
sur des projets et des mesures précises.
Ainsi, il se peut
très bien, que dans ce cadre, une majorité qui se dégage pour telle projet de
loi soit très différente de celle qui se dégage pour le projet de loi suivant.
L’ère post-partisane
fait ainsi appel au consensus, à l’esprit de compromis mais également à celui
de responsabilité et de détermination individuelles des élus et non plus à une
logique de blocs contre blocs.
C’est pourquoi elle
peut être vue comme la mort d’une manière de faire de la politique – «à l’ancienne»
– mais aussi, de manière beaucoup moins positive, dans une déstructuration des différents
courants de pensée politiques, donc de créer un absence de repères qui, dans
une démocratie républicaine, structurent les essentiels choix entre des projets
politiques alternatifs.
Quoi qu’il en soit,
cette politique post-partisane a pu exister sur des mesures ponctuelles ou sur
des périodes très courtes.
Tout le pari d’Emmanuel
Macron sera, comme le voulait Barack Obama, d’en faire une manière de
gouverner.
Alexandre
Vatimbella
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