mercredi 3 mai 2017

L’Humeur du Centriste. Les fausses équivalences font la fausse équité et faussent la démocratie

Le Pen, Macron et les fausses équivalences
Les médias ont très étrangement passé sous silence une des raisons avancées par Hillary Clinton pour expliquer sa défaite face au populiste démagogue Donald Trump et qu’elle vient de fournir.
Celle-ci, lors d’une conférence, a mis en cause le comportement indigne du directeur du FBI – et non le FBI en entier comme le disent certains journalistes – qui a laissé croire quelques jours avant le vote, sans preuve aucune, qu’elle pouvait être coupable dans l’affaire de son compte e-mail ainsi que les attaques pilotées dont elle a été la cible de la part de Vladimir Poutine via le site du trublion d’extrême-gauche Julian Assange, Wikileaks, qui étaient étrangement coordonnées avec celles de Trump à son égard, sans oublier la misogynie dont elle est victime depuis son entrée en politique.
Mais elle a ajouté un autre élément tout aussi déterminant pour elle et sans doute plus encore que les autres pour les observateurs avertis, ces fameuses fausses équivalences.
Ici, elle parle de la manière dont les médias ont traité les deux candidats.
Dans un souci d’égalité et d’équité que l’on ne peut critiquer au départ, ceux-ci ont décidé de rapporter les propos de chacun d’entre eux en leur donnant la même importance, ce qu’ils avaient déjà fait lors des primaires démocrates et républicaines vis-à-vis de tous les candidats.
Sauf qu’il est apparu bien vite que Donald Trump était un menteur pathologique et qu’il inventait même et sans vergogne des faits et des événements ou qu’il allait les chercher dans les sites internet conspirationnistes qui ne pouvaient fournir aucune preuve de ce qu’ils avançaient.
Pour autant, le comportement des médias à son égard n’a pas varié alors que cela aurait du être le cas au nom de la recherche de la vérité.
Ainsi, comme nous avions eu l’occasion de le dire en couvrant la campagne américaine, ils se sont mis, en toute connaissance de cause, à jouer à une fausse équité en rapportant avec le même sérieux, en donnant la même crédibilité, aux mensonges de Trump qu’aux propos de Clinton mais, beaucoup plus grave, qu’aux réalités.
Ils ont également fait de même, au nom de la même équité, lorsqu’ils ont mis sur le même plan les comportements et les actions de Trump dont certains sont considérés comme délictueux et certaines accusations sans fondement portées contre Clinton voire des agissements qui n’avaient rien de condamnables.
Ainsi, chaque fois qu’une accusation était portée contre Trump avec preuve à l’appui, il y en avait une à l’encontre de Clinton qui souvent ne reposait sur rien…
C’est cela les fausses équivalences, donner la même crédibilité à chacun des propos des candidats alors que l’un ment et l’autre pas ainsi que de trouver un élément négatif à un candidat quand il y en a un pour l’autre, même si cela n’a rien à voir, voire a été créé de toute pièce, le tout afin de respecter une équité qui n’en est évidemment plus une.
Si je reparle aujourd’hui de ces fausses équivalences et de cette fausse équité qui faussent in fine la démocratie, c’est parce qu’elles ont cours de la même façon dans la campagne électorale qui se déroule actuellement en France.
Quand on a évoqué les détournements de fonds avérés de François Fillon et de Marine Le Pen, il faut se rappeler avec quelle célérité de nombreux médias ont rapporté sans preuve aucune des malversations d’Emmanuel Macron, sauf que toutes étaient fausses.
De la même manière le projet irréalisable et dangereux de la candidate d’extrême-droite que tous les experts sérieux condamnent sans appel est mis systématiquement mis en rapport avec celui du candidat d’En marche! alors qu’ils ne sont pas de même nature.
Dans le cas du projet de Le Pen, on est dans le mensonge éhonté alors que dans le cas du projet de Macron, on est dans le cadre du débat démocratique où s’opposent des choix raisonnés les uns par rapport aux autres.
On comprend bien qu’il ne peut y avoir ni équivalence, ni équité à les mettre sur le même plan.
L’information, en démocratie, n’est pas seulement de rapporter des propos et des agissements mais aussi de les mettre en perspective avec les valeurs de la démocratie républicaine.
C’est cela l’information citoyenne qui nous permet à chacun de choisir le meilleur candidat par rapport à nos convictions, c’est cela qui justifie l’existence d’une presse libre, non la volonté de faire le buzz, ni de travestir la réalité pour on ne sait quel but à part nuire à la démocratie, donc à la liberté de la presse.

Centristement votre.

Le Centriste


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