lundi 29 mai 2017

L’Humeur du Centriste. Les destins croisés de Macron et Valls

Manuel Valls & Emmanuel Macron
Pendant qu’Emmanuel Macron est devenu président de la république, Manuel Valls risque de perdre son siège de député lors des prochaines législatives si l’on en croit un sondage qui vient d’être publié.
Et, dans un enqupete de popularité, pendant que le nouveau chef de l’Etat caracole en tête des opinions positives, l’ancien premier ministre se retrouve en première position des opinions négatives devant… Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan!
Pour faire un raccourci, Macron est au paradis pendant que Valls est en enfer.
Bien entendu, tout va très vite en politique mais cette séquence exceptionnelle pour le premier nommé et cette très mauvaise passe pour le second montre le triomphe de la stratégie d’Emmanuel Macron et la bérézina de la tactique de Manuel Valls.
Car c’est bien à ces deux niveaux que se trouve l’explication qui a fait que l’un s’envole vers les éthers célestes pendant que l’autre descende dans la géhenne ardente.
Et c’est bien une stratégie de conquête du pouvoir réussie qui a mené le premier au pouvoir et une tactique en terme d’image médiatique qui risque de largement hypothéquer l’avenir du second.
En effet, si l’on veut comparer politiquement les deux hommes, on trouvera bien plus de points communs que de différences.
Ce n’est d’ailleurs pas de l’opportunisme lorsque Manuel Valls demande, non pas de concourir aux législatives sous les couleurs d’En marche! mais sous celles de la majorité présidentielle.
Le projet de Macron aurait pu être écrit largement par Valls.
Tous les deux sont d’ailleurs positionnés dans l’espace central (humanisme progressiste et réformiste) et font partie de l’axe central (qui rassemble les progressistes réformistes de droite, de gauche et du Centre).
Rappelons également que le premier transgresseur des deux fut toujours Manuel Valls qui parla de libéralisme de manière décomplexée, qui estima que François Hollande aurait du tendre la main à François Bayrou et aux centristes après son élection et qui préconisait que l’on change le nom du Parti socialiste, voire que l’on crée un nouveau parti de gauche réformiste et que le nouveau président s’appuie sur une nouvelle majorité ressemblant à celle de l’axe central.
De plus, son «social-réformisme» revendiqué n’était pas autre chose qu’un «social-libéralisme» sauf qu’Emmanuel Macron avait, entre-temps, préempté l’appellation.
On a dit ici que Valls avait pu légitimement nourrir un certain ressentiment en voyant Macron capitaliser sur sa transgression pendant que lui-même n’en tirait pratiquement aucun bénéfice, bien au contraire.
Englué dans un gouvernement impopulaire d’un président particulièrement rejeté par les Français, luttant contre ses frondeurs sur sa gauche et une droite qui ne lui faisait aucun cadeau, il n’avait pas la possibilité de faire fructifier son positionnement politique différent dont le but était de casser les lignes et de refonder l’espace partisan.
En outre, son engagement au Parti socialiste depuis de très nombreuses années, rendait celui-ci plus difficile à faire passer dans l’opinion comme vraiment sincère même si ses propos et le combat frontal qu’il a mené, accréditaient de sa réalité.
Mais c’est justement dans ce combat que Manuel Valls a particulièrement mal joué le coup.
Car si la stratégie était la même que Macron, pendant que celui-ci jouait sur une sorte d’«identité heureuse» à la Juppé et la volonté de rassemblement de tous les Français, Valls s’est montré comme un homme rigide, messager des mauvaises nouvelles et des mesures qui divisent, assumant son image de «Sarkozy de gauche», estimant qu’il avait tout à gagner dans un volontarisme où l’affichage de son ambition impatiente devait le montrer en homme d’Etat capable d’agir et de protéger.
Cette tactique l’a fait sombrer petit à petit d’autant qu’il na pas su sortir du gouvernement à temps et qu’il a été, en plus, comptable de l’échec (réel ou supposé, peu importe) du quinquennat de François Hollande aux yeux de la population.
Quant à Emmanuel Macron, c’est d’abord sa stratégie qui lui a permis de séduire ses compatriotes en jouant sur la nécessité de refonder l’espace politique en rassemblant et en renouvelant.
C’est cela qui a d’abord plu.
Mais c’est aussi par la tactique utilisée, une démarche toujours positive, rassurante et bienveillante qui a montré que l’on pouvait secouer le cocotier sans être un père fouettard et que l’adhésion à la personne pouvait supplanter l’adhésion à l’angoisse générée par le discours pour apparaître comme l’homme «providentiel» ou, en tout cas, celui qu’il faut pour la situation du moment.
Si Manuel Valls peut en vouloir à Emmanuel Macron de l’avoir court-circuité, il doit d’abord s’en vouloir à lui-même pour avoir sur-joué la rigidité et l’inflexibilité.
Cette leçon que le nouveau président de la république lui a donné est aussi une chance pour la France comme en témoignent les commentaires venus du monde entier.

Centristement votre.

Le Centriste


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