Manuel Valls |
Le cas Manuel Valls a été une erreur dans sa gestion humaine
et médiatique de l’équipe d’Emmanuel Macron.
En revanche, sa logique politique est incontestable même si
elle peut se retourner contre le nouveau président de la république.
D’abord l’erreur.
Après la déclaration de l’ancien premier ministre qui
voulait inscrire sa candidature aux législatives dans le cadre de la nouvelle
majorité présidentielle, sans pour autant demander à être membre de La
République en marche (nouveau nom d’En marche!), ni même dans une investiture
formelle, la réaction d’hostilité du camp du nouveau président, notamment de ses
proches a été désastreuse en terme d’image.
Il n’y avait aucune raison particulière aux yeux du grand
public de répondre de manière aussi négative et aussi agressive à cette offre
de service.
De même, les arguments administratifs utilisés par Jean-Paul
Delevoye qui dirige la cellule des investitures étaient pout le moins déplacés.
Il suffisait de prendre acte et même de se réjouir d’un
ralliement tout en expliquant que des règles existaient pour se présenter sous
la bannière de La République en marche mais que Valls pouvait, en socialiste ou
en indépendant, aller devant le suffrage universel comme pro-Macron pour avoir
une attitude digne et positive sans pour autant adouber l’ancien premier
ministre.
Or, malheureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé et
Emmanuel Macron ou, en tout cas, son équipe, sont apparus comme des gens avec
un hubris démesuré et une certaine mesquinerie.
Ce qui est totalement désastreux en terme d’image pour ceux
qui prétendent faire de la politique autrement et qui sont, affirment-ils, dans
la réconciliation et la réunion de tous les Français.
Ensuite, il y a la logique politique.
Et là, on peut estimer que la fin de non-recevoir de La
République en marche vis-à-vis de la candidature de Manuel Valls possède des
arguments solides.
D’abord, même si Macron a piqué l’espace politique de Valls,
il a existé une agressivité de ce dernier à l’encontre du nouveau président
lorsque celui-ci a fondé son mouvement puis a décidé de se présenter.
Cette agressivité venait d’un dépit de voir partir Macron du
gouvernement et de ne plus pouvoir le contrôler (même si ses déclarations
pouvaient mettre souvent Valls en porte-à-faux) mais aussi de ne pas accepter
de voir celui-ci lui fermer la porte de la rénovation de la vie politique qu’il
voulait incarner dans des alliances avec les centristes et les droitistes
modérés ainsi que de le changement de nom du Parti socialiste.
Du coup, Emmanuel Macron n’a aucun devoir quelconque envers
Manuel Valls et il peut estimer que son ralliement contient une dose d’opportunisme.
Ensuite, il est vrai que la règle pour se présenter sous l’appellation
«majorité présidentielle» a été réservée aux membres d’En marche!
Tout simplement afin de pouvoir mieux contrôler les futurs
élus mais aussi parce que seuls les élus encartés auprès de Macron financeront,
selon la loi, La République en marche.
Enfin, non seulement Manuel Valls vient de la Gauche alors
qu’Emmanuel Macron a besoin de personnalités de premier plan de droite en ce
moment mais, pour nombre de Français, il fait partie de l’ancienne classe
politique, celle que le nouveau président veut renvoyer définitivement du
pouvoir.
Néanmoins, il y a un élément fondamental qu’Emmanuel Macron
ou ses lieutenants ont oublié dans leur gestion du cas Valls et qui risque de
leur poser des problèmes.
Pour gouverner et faire passer des réformes fortes et
difficiles, le nouveau président aura besoin de ratisser le plus large
possible.
En l’occurrence, il faudra qu’il s’allie le plus possible –
même s’il a la majorité absolue à l’Assemblée nationale – sur les députés de l’axe
central (Droite, Centre, Gauche réformistes et progressistes).
De ce point de vue, la mésaventure Valls peut, à la fois,
détourner certains de ces élus d’une volonté de travailler avec Macron et
rendre la tâche de ce dernier nettement plus compliquée, notamment s’il n’obtient
pas cette majorité absolue en juin prochain.
Alexandre Vatimbella
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